Le père d'un jeune Saoudien chiite a appelé mercredi le roi Salmane à
épargner la vie de son fils qui risque d'être exécuté pour avoir pris
part, alors qu'il était mineur, à des manifestations inspirées du
Printemps arabe.
Des experts de l'ONU, des capitales occidentales et des organisations de
défense des droits de l'Homme ont également lancé des appels pour que
Ali al-Nimr, âgé de 21 ans, ne soit pas mis à mort.
Les autorités saoudiennes n'annoncent pas à l'avance les exécutions,
généralement pratiquées par décapitation au sabre. Mais des experts de
l'ONU ont prévenu que le jeune homme pouvait être "exécuté à tout
moment".
"J'espère que le roi ne va pas signer" l'ordre d'exécution, a déclaré à l'AFP Mohammed al-Nimr, le père d'Ali.
Il a mis en garde contre une réaction violente des membres de la
minorité chiite, qui se concentre dans l'est de l'Arabie saoudite, en
cas d'exécution de son fils.
"Nous ne voulons pas de ça, nous ne voulons pas d'une seule goutte de sang versé", a-t-il affirmé.
L'impact d'une exécution serait d'autant plus important que le jeune
condamné est le neveu d'un religieux chiite influent, cheikh Nimr
al-Nimr, qui est également dans les couloirs de la mort après avoir été
condamné à la peine capitale.
Cheikh Nimr al-Nimr avait été l'un des animateurs du mouvement de
contestation qui avait agité en 2011 la province orientale de l'Arabie Saoudite, royaume à majorité sunnite où les chiites se disent
discriminés.
Il avait été condamné à mort pour sédition, désobéissance au souverain et port d'arme le 15 octobre 2014.
Pour sa part, Ali al-Nimr avait été arrêté à 17 ans en février 2012 pour avoir manifesté contre les autorités.
Son père a admis mercredi que son fils, alors étudiant, avait bien
participé à des rassemblements chiites, tout en affirmant qu'il était
innocent de plusieurs autres charges pour lesquelles il a été condamné,
comme celles de cambriolage, d'attaque contre les forces de police et de
jets de cocktails Molotov.
"Je suis sûr qu'il a bon moral et qu'il est fort", a déclaré Mohammed
al-Nimr, qui l'a vu dans la prison de Dammam pour la dernière fois il y a
trois semaines. Ali est l'un de ses six enfants.
- Nombreuses exécutions -
Mardi, des experts de l'ONU en droits de l'Homme ont demandé aux
autorités saoudiennes d'annuler l'exécution, en exprimant de sévères
critiques sur le processus judiciaire ayant conduit à sa condamnation.
Le jeune homme a apparemment été torturé et contraint de passer aux
aveux, alors qu'il n'avait pu recourir à un avocat dans des conditions
normales avant et pendant son procès, qui ne répondait pas aux normes
internationales, selon ces experts. De même, son interjection en appel a
été traité "dans le mépris total des critères internationaux".
"Toute sentence infligeant la peine de mort à des personnes mineures à
l'époque du délit, ainsi que leur exécution, sont incompatibles avec les
obligations internationales de l'Arabie saoudite", ont-ils conclu.
La France s'est également déclarée "préoccupée par la situation d'Ali
Mohammed al-Nimr, condamné à mort alors qu'il était mineur au moment des
faits", a déclaré le porte-parole du ministère Affaires étrangères
Romain Nadal, rappelant l'opposition de la France à la peine capitale
"en tous lieux et toutes circonstances".
Les experts ont indiqué qu'ils avaient pas reçu des informations faisant
état de deux autres personnes, également mineures et ayant elles aussi
participé aux manifestations dans la ville de Qatif, et dont l'exécution
serait imminente.
Depuis le début de l'année, 133 personnes ont été exécutées dans le
royaume ultra-conservateur, contre 87 sur l'ensemble de 2014, selon un
décompte de l'AFP établi sur la base de communiqués officiels.
Ryad "est engagé dans une frénésie d'exécutions cette année mais
décapiter un jeune dont le procès était injuste marquerait un désastreux
précédent", a estimé la semaine dernière Joe Stork, directeur-adjoint
de Human Right Watch pour le Moyen-Orient.
Meurtre, viol, vol à main armée, apostasie et trafic de drogue sont
passibles de la peine capitale dans ce pays régi par une version
rigoriste de la charia, qui invoque la dissuasion comme argument clé
pour la justifier.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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