Rarement abordée en Israël, la question du nombre d'Israéliens installés
à l'étranger fait de nouveau le buzz. Selon l'Institut israélien de la
statistique, entre 552 000 et 585 000 Israéliens sont expatriés, soit
environ 6 % de la population totale du pays.
Si on ne connaît ni le genre ni l'âge de ceux qui sont partis, en
revanche l'étude établit avec exactitude le nombre des départs à
l'étranger et celui des retours après un an et plus. Et il s'avère que
le solde migratoire d'Israël est négatif. Autrement dit, les Israéliens
qui quittent le pays sont plus nombreux que ceux qui y reviennent.
Ainsi, en 2013, ils ont été 16 200 à s'installer à l'étranger et 8 900 à
revenir, soit un taux négatif de la balance migratoire de 7 300
personnes.
Parmi les motifs de l'expatriation des diplômés, il en est un qui
revient souvent : la recherche d'un emploi mieux adapté aux compétences
et mieux rémunéré. Pour la seule année 2014, 22 142 Israéliens diplômés
de l'université étaient installés à l'étranger depuis au moins trois
ans. Parmi les détenteurs d'un doctorat, les plus nombreux sont les
mathématiciens et les informaticiens. Pour les bac + 5, ce sont les
sciences naturelles et l'ingénierie qui dominent. En revanche, dans les
sciences humaines et sociales, ils sont 4 fois moins nombreux à partir.
Cette fuite des cerveaux inquiète le pays de manière récurrente. À
l'automne 2013, les médias s'étaient émus que deux des trois lauréats du
prix Nobel de chimie, Arieh Warshel et Michael Levitt, soient des
Israéliens émigrés depuis des années aux États-Unis et devenus
américains. Interrogés à ce sujet, les deux récipiendaires avaient éludé
le sujet. Leurs épouses par contre avaient été plus loquaces. Rina
Levitt avait même été assez critique : « Israël n'apporte pas
grand-chose et c'est la raison pour laquelle les gens partent. Cela
résulte de la mesquinerie et de l'étroitesse d'esprit d'un pays où les
gens sont incapables de voir grand. » Quant à Tamar Warshel, elle avait
expliqué que son mari était parti aux États-Unis parce qu'il n'avait pas
pu être titularisé dans son université en Israël. Une polémique qui
avait relancé le débat sur le taux d'émigration des chercheurs
israéliens, considéré comme un des plus élevés, sinon le plus élevé des
nations occidentales.
Pourtant, certains calment le jeu. Comme ce responsable au sein du
ministère israélien de la Science et de la Technologie qui préfère
parler de départ à l'étranger dans le cadre d'un plan de carrière où ce
qui prime, ce sont les « opportunités ». Autre argument : Israël lui
aussi attire les cerveaux étrangers avec aujourd'hui des superstars
françaises ou américaines du high-tech qui ont quitté leur pays
d'origine pour s'installer et travailler en Israël.
Ces statistiques sur le solde migratoire israélien ne prennent pas en
compte les chiffres de l'immigration. À ce sujet, selon l'Agence juive
et le ministère israélien de l'Immigration et de l'Intégration, il y a
eu, ces douze derniers mois, une augmentation spectaculaire du nombre
des immigrants en provenance d'Ukraine avec 6 900 arrivées, soit + 50 %
en comparaison avec la même période de l'année précédente. Hausse
également des immigrants de Russie : + 23 % avec 5 900 nouveaux venus.
Mais ce sont les immigrants en provenance de France qui conservent la
tête avec 7 350 personnes : + 10 % par rapport à l'année juive
précédente. Une hausse moins spectaculaire que ne l'escomptaient
certains : après les attentats de janvier dernier, des responsables
avaient annoncé un départ massif des Juifs de France pour Israël : entre
10 000 et 15 000 personnes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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