Affaibli par une série de revers militaires, le dictateur syrien Bashar
al-Assad est en passe de remonter la pente grâce à l'appui indéfectible
de la Russie et de l'Iran et surtout à l'indécision des Occidentaux.
Au pouvoir depuis 15 ans et survivant des révoltes qui ont éliminé
plusieurs chefs d?État arabes, le dirigeant syrien, qui vient de fêter
ses 50 ans, se sent conforté dans sa stratégie consistant à se présenter
comme le seul rempart face aux jihadistes du groupe Etat islamique
(EI).
Lundi, à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président russe
Vladimir Poutine a plaidé pour une "large coalition antiterroriste"
incluant le régime de Bashar, dont les forces sont, selon lui, "les
seules à combattre réellement l'EI".
Si le président américain Barack Obama a dénoncé la logique consistant à
soutenir "un tyran" sous prétexte que "l'alternative serait pire",
Washington comme Berlin, Londres et même Paris ne posent plus désormais
son départ immédiat comme préalable à toute négociation.
"Je pense que la victoire temporaire et à la Pyrrhus du régime d'Assad
découle de la bonne et vieille realpolitik cynique", estime Karim Bitar,
directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et
stratégique à Paris.
"Les Russes et les Iraniens sont bien plus impliqués que l'Occident: ils
sont mobilisés, inflexibles et intransigeants tandis que les opposants
au régime d'Assad n'ont pas de stratégie claire et paient le prix fort
pour leurs méthodes erronées", ajoute-t-il.
Pris de court en mars 2011 par une révolte pacifique dans la foulée du
"printemps arabe", M. Assad a choisi de la réprimer férocement. Après la
militarisation du soulèvement, il s'est présenté comme un bouclier
contre les "terroristes islamistes". La guerre a fait plus de 240.000
morts, des millions de réfugiés et laissé le pays en ruines.
Et lorsque les jihadistes de l'EI font leur apparition, s'emparant de
près de la moitié de la Syrie et commettant d'innombrables atrocités, il
martèle qu'il est l'ultime recours contre la "barbarie". Avec d'autant
plus de force que les frappes de la coalition conduite par les
États-Unis n'ont pas réussi à neutraliser le groupe malgré quelques
succès.
Comme son père Hafez qui a dirigé la Syrie d'une main de fer de 1970 à 2000, Bashar a su jouer le temps.
"Le régime d'Assad profite du triomphe de la 'contre-révolution' au
niveau régional et du fait que la plupart des pays occidentaux se
résolvent à l'idée fausse que le nationalisme autoritaire dans le monde
arabe est le seul rempart contre l'islamisme radical", estime M. Bitar.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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