Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a présenté son retour à
Aden après six mois d'exil en Arabie saoudite comme une étape-clé vers
le rétablissement du pouvoir "légitime" et la "libération" des régions
encore contrôlées par les rebelles.
Des analystes se montrent toutefois plus réservés, qualifiant ce retour
d'acte "symbolique", qui ne devrait "pas changer grand chose" à court
terme sur le terrain alors que les insurgés chiites Houthis tiennent
fermement le nord du Yémen et la capitale Sanaa.
M. Hadi, 70 ans, est revenu mardi soir à Aden, deuxième ville du pays, située dans le sud.
Il a aussitôt présidé une réunion des membres du gouvernement déjà
arrivés dans la cité portuaire avec l'objectif de rétablir son autorité
dans cette partie du pays récemment reconquise par les forces qui lui
sont loyales, appuyées une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite.
Selon l'agence Saba contrôlée par le gouvernement, M. Hadi a salué "les
sacrifices" de l'armée et des groupes de "résistance populaire" qui ont
pris les armes. Il a réaffirmé la "légitimité" du pouvoir face aux
"milices putschistes" qui se sont emparées de Sanaa il y a un an.
Le président, reconnu par la communauté internationale et qui doit
participer dans quelques jours à l'Assemblée générale de l'ONU à New
York, a demandé aux participants à la réunion d'Aden de régler les
problèmes de la population --"eau, électricité, santé, habitat,
sécurité"--, après la reconquête de cinq provinces du sud cet été.
L'insécurité règne toujours à Aden et les habitants s'impatientent devant la lenteur des travaux de reconstruction.
Soutenus par les frappes aériennes puis des soldats d'Arabie Saoudite et
des Emirats notamment, une coalition hétéroclite de forces
progouvernementales, d'autonomistes sudistes, de militants islamistes et
de tribus sunnites a combattu les Houthis ces derniers mois mais des
divisions sont apparues entre ces groupes sur les futurs objectifs.
Le président a insisté sur la nécessité "d'intégrer les membres de la
Résistance populaire au sein de l'armée et des forces de sécurité", a
indiqué l'agence Saba.
-"Aujourd'hui Aden, demain Taëz puis Sanaa"-
"Nous sommes aujourd'hui à Aden. Nous serons demain à Taëz (troisième
ville du Yémen) puis dans la capitale Sanaa", a lancé M. Hadi,
promettant la "stabilité" dans tout le pays.
Dans sa première déclaration après son arrivée à bord d'un avion
saoudien, le président avait rendu hommage à la coalition arabo-sunnite
qui est intervenue en mars au Yémen, d'abord par des frappes aériennes
puis au sol pour aider le gouvernement "légitime".
Citant nommément l'Arabie saoudite et les Emirats, il avait affirmé que
la "libération" des villes et provinces encore aux mains des "milices
putschistes" dont Sanaa, était "pour bientôt".
Selon des analystes, le retour de M. Hadi a une portée avant tout symbolique.
"C'est un signal envoyé à tous les acteurs, qu'ils soient dans le camp
Houthi ou anti-Houthi, c'est celui du retour du gouvernement légitime",
explique Mathieu Guidère, spécialiste du Moyen-Orient et professeur
d'islamologie à l'Université de Toulouse (France).
"Cela ne changera pas grand chose sur le terrain mais cela ouvrira la
route de Sanaa à la coalition, sur invitation officielle du gouvernement
sur place", ajoute-t-il.
Selon lui, "le retour du président Hadi s'est fait en concertation avec
les Saoudiens et il n'existe aucune divergence entre les deux:
l'objectif reste bien le retour du gouvernement à Sanaa. Le retour à
Aden est provisoire dans l'esprit de tout le monde".
Après avoir repris l'initiative dans le sud, les forces antirebelles,
appuyées par des troupes arabes, ont lancé le 13 septembre une vaste
offensive dans la province de Maarib (centre), à l'est de Sanaa, avec
l'objectif d'avancer sur la capitale.
Mais cette offensive, engageant des milliers de soldats des Emirats et
d'Arabie Saoudite notamment, semble être ralentie par les Houthis et leurs
alliés, des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali
Abdallah Saleh.
Depuis mars, le conflit au Yémen a fait quelque 5.000 morts et 25.000 blessés, dont de nombreux civils, selon l'ONU.
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