François Hollande et le roi Mohammed VI se sont employés à consolider la
réconciliation franco-marocaine lors d'une visite de deux jours du
président français à Tanger, tirant un trait sur la brouille entre Paris
et Rabat.
François Hollande a décollé de Tanger vers 21 heures, heure locale (22
heures à Paris), après deux journées durant lesquelles il a multiplié
avec le souverain marocain les signes d'amitié et de proximité. Les
difficultés entre les deux pays « sont non seulement effacées,
surmontées, mais surtout dépassées » a déclaré dimanche François
Hollande, devant la communauté française réunie au consulat. Le chef de
l'État français a également assuré avoir « ouvert » avec Mohammed VI «
une nouvelle étape » du partenariat franco-marocain.
L'objectif de ce déplacement à Tanger, le grand port du nord du Maroc,
était de démontrer que la crise diplomatique de près d'un an provoquée
par des dépôts de plaintes en France pour « torture » visant le patron
du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, était bel et bien
terminée. Et que le temps était venu de renouer les liens
traditionnellement forts de la France avec le royaume, allié de poids
sur les plans sécuritaire, politique et économique. « Nous avons une
coopération qui n'a jamais cessé » et « rien ne pourra l'altérer », a
affirmé François Hollande, en évoquant la sécurité. Car, a-t-il précisé,
les deux pays sont « confrontés aux mêmes défis » dans la lutte contre
le terrorisme, notamment du groupe djihadiste État islamique.
« Partenariats exceptionnels »
La France et le Maroc, qui ont récemment durci leur arsenal législatif
antiterroriste, ont par ailleurs décidé d'unir leurs efforts pour la
formation d'imams à l'Institut Mohammed VI. Une déclaration commune a
été signée samedi pour préciser que cette formation devra promouvoir «
un islam du juste milieu » conforme aux « valeurs d'ouverture et de
tolérance », mais aussi « pleinement ancré dans les valeurs de la
République et de la laïcité ». Selon l'entourage du président français, «
une cinquantaine d'imams français » pourraient suivre chaque année dans
cet institut à Rabat une formation religieuse, complétée par un
enseignement civique assuré par la France. Ils « pourront ensuite faire
la démonstration en France que l'islam est une religion de paix », selon
François Hollande.
La France souhaite par ailleurs renforcer son rang de premier partenaire
économique de Rabat grâce à l'importance de ses investissements, même
si elle s'est fait ravir par l'Espagne la place de numéro un pour les
échanges commerciaux. « Nous sommes capables d'avoir des partenariats
exceptionnels », notamment « dans l'automobile, l'aéronautique et les
infrastructures », a déclaré François Hollande en rappelant que « 750
entreprises françaises » étaient implantées au Maroc. Renault possède en
particulier depuis 2012 une méga-usine près de Tanger dont la capacité
de production dépasse les 200 000 véhicules par an. Accompagné de cinq
ministres et d'une délégation étoffée de chefs d'entreprise, François
Hollande a pu découvrir samedi les rames flambant neuves du TGV
marocain, livrées par Alstom, qui doit entrer en service en 2017-2018
pour relier à terme Tanger à Casablanca.
« Main dans la main » pour le climat
Dimanche, les deux chefs d'État ont signé un « Appel de Tanger » en vue
de la prochaine conférence sur le climat (COP21) à Paris (30 novembre-11
décembre) et de la suivante en 2016 à Marrakech. Les deux dirigeants
ont promis de travailler « main dans la main pour la réussite de ces
deux rendez-vous ». Le Maroc fait figure de bon élève dans la lutte
contre le réchauffement climatique. Il est le deuxième pays africain à
avoir remis sa contribution pour la conférence de Paris, avec le projet
de passer à 42 % d'énergies renouvelables d'ici à 2020 et un objectif
ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à
2030.
En dépit de ces bonnes résolutions, la visite de François Hollande s'est
déroulée sous le feu de critiques d'organisations de défense des droits
de l'homme et de la liberté de la presse. L'association Reporters sans
frontières a dénoncé des atteintes à « la liberté d'information » au
Maroc, alors que d'autres se sont insurgés de la prochaine remise des
insignes d'officier de la Légion d'honneur à Abdellatif Hammouchi, chef
de la Direction générale de la surveillance du territoire.
Lors d'une conférence de presse, le président français a confirmé que
cette décoration, déjà décidée, aurait lieu « au moment souhaitable et
opportun » soulignant qu'elle n'était pas « à l'ordre du jour » de sa
visite. Il l'a justifiée par la qualité de la coopération entre les
services de renseignement français et marocains", soulignant que
celle-ci avait permis « de prévenir un certain nombre de risques, de
menaces, d'attentats » en France, au Maroc, mais aussi en Europe.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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