Le pouvoir yéménite a annoncé vendredi sa participation la semaine
prochaine à de nouvelles négociations annoncées par l'ONU pour tenter de
régler le conflit au Yémen, où 20 civils ont péri dans une attaque
rebelle sur un marché bondé.
Les rebelles chiites Houthis, eux, n'ont pas encore confirmé leur
présence à ces discussions mais le médiateur de l'ONU Ismaïl Ahmed Ould
Cheikh a affirmé jeudi que tous les protagonistes du conflit avaient
accepté d'y participer.
Ces négociations sont destinées à parvenir à "un cessez-le-feu et à une
transition politique pacifique", a indiqué le médiateur dans un
communiqué après s'être adressé par vidéoconférence depuis Ryad au
Conseil de sécurité.
Elles doivent aussi permettre de "créer un cadre" pour permettre
l'application de la résolution 2216 de l'ONU prévoyant le retrait des
Houthis et de leurs alliés, les militaires restés fidèles à
l'ex-président Ali Abdallah Saleh, des régions conquises lors de leur
offensive lancée en juillet 2014.
Agissant en soutien au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, le
royaume saoudien sunnite a pris en mars la tête d'une campagne militaire
arabe pour empêcher les Houthis, soutenus par le rival iranien chiite,
de prendre le contrôle total du Yémen.
Alors que les violences ne connaissent aucun répit, le gouvernement du
président Hadi a annoncé avoir "approuvé la participation aux
consultations" qui selon son porte-parole, Rajeh Badi, doivent avoir
lieu à Oman.
Dans un communiqué, il a appelé le médiateur onusien à "oeuvrer pour
obtenir un engagement public et clair" des Houthis et de M. Saleh à
appliquer sans conditions la résolution 2216.
M. Badi a dit ne pas être sûr que les rebelles y participeraient. Les discussions "pourraient ne pas avoir lieu", selon lui.
M. Ould Cheikh a, lui, "salué l'engagement du gouvernement, des Houthis
et du Congrès populaire général (le parti de Saleh) à participer" au
dialogue, les appelant à négocier "de bonne foi" afin de "mettre
rapidement fin à la violence qui a causé des souffrances intolérables" à
la population.
Le médiateur n'a précisé ni la date ni le lieu exacts des négociations.
Oman, un pays neutre, a accueilli ces derniers mois des discussions
entre le médiateur de l'ONU et des représentants de la rébellion.
Les Etats-Unis se sont félicités de l'annonce de l'ONU.
"Toutes les parties doivent retourner à la table des négociations afin
de mettre rapidement un terme au conflit et s'entendre sur une voie qui
puisse arrêter la souffrance" du peuple yéménite, a affirmé le
porte-parole du département d'Etat John Kirby.
Thabet Hussein Saleh, chercheur au Centre national des études
stratégiques du Yémen, s'attend toutefois à ce que "le scénario de la
guerre" soit plus fort que n'importe quel dialogue politique.
Les derniers pourparlers de paix en juin à Genève s'étaient soldés par
un échec, alors que le conflit a fait depuis mars près de 4.400 morts,
selon l'ONU. Environ 1,3 million de Yéménites ont été déplacés et 21
millions ont besoin d'aide ou de protection.
Sur le terrain, les combats et les raids aériens continuent de plus belle avec leur lot quotidien de morts.
Au moins 20 civils ont été tués et des dizaines blessés vendredi par
l'explosion de roquettes tirées par les rebelles sur un marché de Marib,
à l'est de Sanaa, selon des témoins et des services de secours.
Le marché était bondé au moment de l'attaque en ce jour de repos hebdomadaire au Yémen.
L'attaque est intervenue quelques heures après un raid de l'aviation de
la coalition contre un dépôt d'armes à Sanaa qui a coûté la vie à sept
civils et une autre frappe qui a tué sept rebelles à Marib, selon des
sources de sécurité.
Après avoir lancé leur intervention au Yémen avec au départ des raids
aériens, plusieurs pays arabes du Golfe -Arabie Saoudite, Qatar et
Emirats arabes unis- ont ensuite déployé des troupes au sol en vue
d'aider les forces progouvernementales dans leur guerre contre les
rebelles.
Les partisans de M. Hadi ont ainsi réussi à reprendre cinq provinces du
sud du pays depuis la mi-juillet. Elles visent maintenant la capitale
Sanaa ainsi que les régions nord aux mains des rebelles.
Vendredi, de nouveaux renforts en hommes et en équipements militaires
ont été acheminés au Yémen. Selon un correspondant de l'AFP au
poste-frontière d'Al-Wadia, entre le Yémen et l'Arabie Saoudite, au
moins 40 véhicules militaires ont traversé la frontière avec des troupes
yéménites et des militaires des pays de la coalition.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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