vendredi 1 mai 2015

Yémen: Consultations à l'ONU, craintes d'un arrêt de l'aide humanitaire

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir vendredi des consultations sur la situation humanitaire catastrophique au Yémen, où la pénurie de carburants menace la distribution de l'aide humanitaire vitale dans ce pays plongé dans la guerre.
Malgré les appels au cessez-le-feu, les combats ne connaissent pas de répit entre les rebelles et les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi soutenus depuis fin mars par une campagne aérienne arabe dirigée par l'Arabie Saoudite, qui veut empêcher les insurgés de prendre le contrôle total du pays.
Après cinq semaines d'intervention militaire arabe, le programme d'assistance aux civils pris au piège des combats ne s'est toujours pas matérialisé en raison de la poursuite des opérations militaires.
Jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lancé un cri d'alarme, exhortant les belligérants à épargner les hôpitaux et à rétablir l'approvisionnement en carburant, faute de quoi l'aide humanitaire pourrait s'interrompre.
Vendredi vers 17H00 GMT, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir des consultations à huis clos, à la demande de la Russie sur la situation humanitaire, selon des diplomates.
La pénurie d'essence a déjà contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à stopper la distribution de vivres dans certaines régions du Yémen, où le conflit a fait 1.244 morts et 5.044 blessés depuis le 19 mars selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plus de 12.000 personnes ont fui le pays, la plupart pour rallier Djibouti et la Somalie, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.
A l'ONU, M. Ban a averti que les services de santé étaient "sur le point de s'effondrer", ajoutant que "les opérations humanitaires cesseront dans les jours qui viennent si l'approvisionnement en carburant n'est pas rétabli". Il a demandé "à toutes les parties de faire en sorte que les agences humanitaires aient un accès fiable et sécurisé" à la population.
L'accès de plus en plus difficile aux routes reliant la capitale Sanaa aux régions de Taëz, Aden, Dhaleh et Lahej (sud) est également un obstacle pour la distribution d'aide, selon l'OMS.
Dans un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) publié jeudi, le directeur de l'hôpital koweïtien de la capitale yéménite Sanaa déplore des "difficultés logistiques énormes pour faire fonctionner l'établissement".
"Nous manquons de carburant. Nos ambulances ne peuvent plus transporter les malades et la moitié de notre personnel ne peut plus travailler, nos bus ayant cessé de rouler", y explique Issa Alzubh.
Dans le même rapport, le CICR indique que son personnel a été contraint d'évacuer l'hôpital Al-Joumhouriah à Aden, l'établissement s'étant retrouvé sur "la ligne de front".
Le Dr Adel Al-Yafyi, médecin d'un hôpital local d'Aden, a indiqué que son établissement était désormais incapable de traiter les malades ordinaires en raison du "grand nombre de blessés qui s'y entassent".
Depuis le 26 mars, l'Arabie Saoudite sunnite dirige une coalition de neuf pays arabes qui bombardent les positions de la rébellion, soutenue par le rival iranien chiite et qui a réussi depuis juillet 2014 à prendre de larges pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Au sol, les partisans de M. Hadi résistent aux rebelles qui, aidés de soldats restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, tentent de prendre Aden (sud) et Taëz (sud-ouest), deuxième et troisième villes du pays.
A Aden, 47 personnes, dont une majorité de rebelles, sont mortes dans les derniers raids aériens et combats, selon des sources médicales.
Les rebelles, dits Houthis, imposent notamment un blocus aux quartiers proches du port, "empêchant l'acheminement de l'aide et l'évacuation des blessés", a affirmé à Bassam al-Qhadi, un secouriste.
Imad Batata, un habitant du secteur, craint un manque de pain: "Il y a une seule boulangerie d'ouverte et on y attend des heures pour pouvoir espérer acheter du pain. Nous sommes sans eau et sans électricité depuis quinze jours".
Malgré les tensions entre Ryad et Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a félicité son nouvel homologue saoudien Adel al-Jubeir. Mais Ryad et ses alliés du Golfe ont rejeté l'idée de tenir hors de Ryad des négociations de paix yéménites, comme Téhéran l'a proposé.

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