mercredi 6 mai 2015

Israël : Suspense dans l'Etat hébreu où Netanyahu se débat pour former un gouvernement

Le suspense devrait durer jusqu'au bout en Israël pour savoir si Benjamin Netanyahu réunirait mercredi avant minuit une majorité gouvernementale qui s'annonce déjà, en cas de succès, étriquée et dépendante de partis religieux.
Sinon, il essuiera l'affront de voir le président Reuven Rivlin confier à un autre que lui - probablement le leader travailliste Isaac Herzog - la charge d'essayer à son tour de former un gouvernement.
La réussite ou l'échec de Netanyahu est soumis au bon vouloir du chef du parti nationaliste religieux Foyer juif. Naftali Bennett fait monter les enchères pour monnayer en portefeuilles ministériels le soutien des huit députés de son parti.
Sans ce soutien, un prochain gouvernement de Netanyahu, en poste depuis 2009 après un premier mandat de 1996 à 1999, ne verra pas le jour.
Netanyahu n'a pas à soumettre au président un gouvernement dûment constitué. Il lui suffit de faire savoir avant l'échéance prévue à Reuven Rivlin qu'il dispose d'une majorité et d'annoncer ultérieurement la composition de son gouvernement.
Mais les dernières heures ont tourné à la guerre des nerfs entre Netanyahu et Bennett, deux hommes aux relations notoirement détestables. La presse faisait des gorges chaudes du fait que Bennett, ministre de l'Economie du gouvernement sortant, avait mis son portable en mode avion pour se rendre injoignable pendant plusieurs heures mardi.
Les commentateurs convenaient que Netanyahu et Bennett devraient finir par s'entendre. Les négociations de gouvernement courent traditionnellement jusqu'à la dernière minute en Israël.
Mais il y a loin entre le Netanyahu grand vainqueur des législatives du 17 mars et le Netanyahu soumis aux exigences de celui qui fut son chef de cabinet de 2006 à 2008 lorsque le Premier ministre était dans l'opposition.
Avec le soutien des députés du Foyer juif, Netanyahu, "général sans soldats" selon le quotidien Maariv, se retrouverait avec une majorité ténue de 61 sièges sur 120 dans la nouvelle Knesset. Elle serait à la merci du moindre de ses députés, et les commentateurs ne donnent pas cher de sa durée.
C'est pourtant pour en finir avec une instabilité politique chronique que Netanyahu avait provoqué des législatives anticipées.
Après son triomphe inattendu aux élections le président Rivlin lui a confié la tâche de former le prochain gouvernement.
Le projet de Netanyahu de réunir autour du Likoud, son parti de droite fort de 30 mandats, cinq partis nationalistes et religieux pour constituer une majorité solide de 67 députés a volé en éclats lundi sous l'effet de la bombe lancée par Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste Israel Beiteinou.
Israel Beiteinou et ses six députés ne participeront pas à un gouvernement fondé sur "l'opportunisme et le conformisme", a proclamé Lieberman, qui était pourtant assuré de conserver le portefeuille des Affaires étrangères.
Netanyahu n'a d'accord pour l'instant qu'avec deux partis ultra-orthodoxes et le parti de centre droit Koulanou, représentant au total 53 sièges. Le soutien du Foyer Juif lui est indispensable.
Le Likoud de Netanyahu ne s'attendait pas à ce qu'avec la défection de Lieberman, Bennett se retrouve dans le rôle inattendu de faiseur de roi.
Les commentaires résonnaient mercredi de cris de "trahison" (contre Lieberman), d'"ultimatum" ou d'"extorsion" (contre Bennett). Ils s'étendaient volontiers sur le ressentiment que Netanyahu a semé autour de lui, les humiliations éprouvées par beaucoup et leur soif de vengeance.
Après avoir fait la sourde oreille aux appels des envoyés de Netanyahu, Bennett a exigé le portefeuille de la Justice pour Ayelet Shaked, numéro trois sur sa liste, en plus des concessions déjà accordés au Foyer juif: ministère de l'Education pour Bennett et de l'Agriculture, ainsi que poste de ministre adjoint de la Défense.
Les émissaires de Netanyahu auraient "explosé de rire" il y a deux jours devant une telle demande, selon Maariv. Mais Netanyahu semblait proche mercredi d'avaler une telle couleuvre, rapportaient les commentateurs.
"Que va-t-il rester de tout cela au bout du compte? M. Netanyahu a de bonnes chances d'informer le président ce soir qu'il a un gouvernement. Un gouvernement qu'il ne souhaiterait pas à ses ennemis", résumait Maariv.

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