L'ex-général chrétien Michel Aoun est devenu lundi le nouveau président
libanais, mettant fin à un vide institutionnel de deux ans et demi en
raison des profondes divisions liées notamment à la guerre en Syrie.
Cette forte personnalité de la politique libanaise âgé de 81 ans a
insisté dans son discours d'intronisation sur l'impérieuse nécessité de
préserver son petit pays du conflit qui dévaste la Syrie voisine.
"Le Liban est épargné jusqu'à présent par les incendies qui consument la
région, et notre priorité est d'empêcher qu'une étincelle atteigne (le
Liban). Il est donc nécessaire d'éloigner le Liban des conflits
régionaux", a-t-il déclaré.
Il a affiché son désir de se distancier de la guerre en Syrie alors que
son principal allié, le mouvement chiite du Hezbollah, combat depuis
trois ans dans le pays voisin aux côtés des forces du régime de Bashar
al-Assad.
Michel Aoun a été élu au second tour par 83 voix à la Chambre des députés où siégeaient 127 élus.
Son élection avait été actée à la suite d'un laborieux compromis entre
les principales factions politiques, habituellement promptes à
s'affronter sur tous les dossiers.
Elle met fin à 29 mois de vide institutionnel, car le Liban n'avait plus
de président depuis la fin du mandat, en mai 2014, de Michel Sleimane.
Outre le Hezbollah, il a été élu grâce à l'appui inopiné de deux de ses
adversaires politiques: le chef chrétien maronite des Forces libanaises
(FL) Samir Geagea et l'ancien Premier ministre musulman sunnite Saad
Hariri. Tous deux sont hostiles au Hezbollah et à Bashar.
Au Liban, les trois principaux postes de l'État sont dévolus aux trois
plus importantes communautés religieuses: la présidence de la République
à un chrétien maronite, celle du Parlement à un musulman chiite et le
poste de Premier ministre à un musulman sunnite.
M. Aoun, qui devient le troisième général à accéder à la magistrature
suprême, rejoint pour six ans non-renouvelable le palais présidentiel de
Baabda, d'où il avait été chassé il y a 26 ans par l'armée syrienne.
En 1988, le président Amine Gemayel, quittant le pouvoir sans
successeur, l'avait en effet nommé à la tête d'un gouvernement militaire
et installé au palais présidentiel. Il y était resté deux ans.
"Je jure devant Dieu, que je respecterai la Constitution et ses lois et
que je préserverai l'indépendance de la nation libanaise et l'intégrité
territoriale", a-t-il affirmé devant les députés.
Dans son discours, il s'est particulièrement inquiété de la présence de
plus d'un million de réfugiés syriens au Liban. "Nous devons nous
assurer du retour rapide dans leur pays des déplacés syriens et oeuvrer
pour que les camps de déplacés ne se transforment pas en zones hors de
contrôle".
"Il ne peut y avoir de solution en Syrie qui ne comprennent pas, ou ne
commencent pas, par le retour des déplacés", a-t-il souligné.
Dans le contexte de blocage des institutions publiques, M. Aoun a
également souligné la nécessité d'entreprendre des réformes économiques
et d'assurer la stabilité politique.
Les autorités, minées par la corruption, s'avèrent incapables d'offrir à
la population les services de base comme le ramassage des ordures la
distribution électrique et de l'eau potable.
Le président joue un rôle d'arbitre mais ses prérogatives ont été
fortement rognées depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
L'élection de M. Aoun devrait permettre à M. Hariri de redevenir Premier
ministre, un poste qu'il avait déjà occupé entre 2009 et 2011.
- Damas et Téhéran applaudissent -
La victoire de M. Aoun a été célébrée par des feux d'artifice dans le
quartier chrétien d'Achrafié de Beyrouth. A Jedidé, dans la banlieue est
de la capitale où il habite, des milliers de voitures klaxonnaient, ses
partisans brandissaient son portrait et d'autres sablaient le
champagne.
"Je suis très heureuse: après 25 ans on a réalisé le rêve, je n'arrive
pas à y croire", a déclaré Gisèle Tamam, une comptable de 33 ans.
La Syrie exultait aussi. Le quotidien proche du pouvoir Al-Watan publie à
la une la photo de Michel Aoun, avec ce commentaire: "C'est le triomphe
de la résistance, de la Syrie et de ses alliés. C'est le triomphe de
Michel Aoun. C'est la victoire pour l'option nationale".
L'Iran a "félicité" le peuple libanais, voyant dans l'élection de Aoun
"un pas important pour enraciner la démocratie et assurer la stabilité
du Liban".
Trapu et rondouillard, Michel Aoun est décrit par ses détracteurs comme
un homme colérique, capable d'audacieuses volte-face politiques.
Sur les réseaux sociaux, des internautes partagent ainsi depuis
plusieurs jours des vidéos de l'ancien militaire dénonçant comme
"illégitime" ce même Parlement qui doit aujourd'hui l'élire,
l'institution ayant prolongé à deux reprises son mandat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
lundi 31 octobre 2016
Liban: L'ex-général Michel Aoun élu président
L'ex-général Michel Aoun, âgé de 81 ans, a été élu lundi président du
Liban par un vote du Parlement qui met fin à un vide institutionnel de
29 mois.
Il a été élu par 83 voix, 36 vote blancs et 8 annulés, a annoncé le président de la chambre des députés Nabih Berri.
Il a été élu par 83 voix, 36 vote blancs et 8 annulés, a annoncé le président de la chambre des députés Nabih Berri.
Maroc : Attention au Théorème de Bouazizi (Benoît Delmas)
Une étincelle avait suffi pour embraser la Tunisie. Celle de l'allumette
grattée par Mohamed Bouazizi dans la ville de Sidi Bouzid le petit
matin du 17 décembre 2010. Ce vendeur occasionnel de fruits et légumes,
unique moyen de subsistance pour sa famille, s'était vu confisquer sa
maigrelette marchandise par la police. Après s'être fait éconduire de la
mairie, l'homme avait acheté de l'essence, s'en était aspergé pour se
transformer en torche humaine. Cette immolation, une de plus dans la
dictature de Ben Ali rongée par l'injustice et la corruption, a causé la
chute du dictateur. Les réseaux sociaux – cadenassés par l'État
policier – ont fait savoir ce geste de désespoir qui a entraîné la
révolte de ceux qui n'avaient plus rien à perdre. Depuis ce décès, le
nom de Mohamed Bouazizi est devenu le théorème du sans-grade, persécuté
par les pandores et sans espoir d'obtenir justice. Et on sait qu'un
geste similaire peut embraser les pays voisins.
La mort de Fikri : dramatique et pleine de symboles
Jeudi, à Al Hoceïma, une opération de police a viré au cauchemar pour la royauté. Un vendeur de poissons, Mouhcine Fikri, est mort broyé par les mâchoires d'une benne à ordures. L'homme refusait la saisie de sa marchandise de poissons, illégale, par les forces de l'ordre. La scène, filmée via un téléphone portable, a provoqué une colère populaire qui s'est traduite par des manifestations dans tout le pays. Ravivant le spectre du 20 février 2011.
Dans la foulée et à l'identique de ce qui s'est passé durant la révolution tunisienne, partis et société civile avaient demandé des avancées démocratiques. Des manifestations se sont déroulées dans 53 préfectures. Dans la ville de Mouhcine Fikri, on avait dénombré cinq morts. De quoi contraindre le roi Mohamed VI à réagir le 9 mars. Dans un discours clé, le monarque s'est alors engagé à rendre la justice indépendante, le Parlement libre… Une réaction politique qui a réussi à pacifier les rues.
Mais les ministères régaliens (Intérieur, Défense notamment) dépendent toujours du palais. Le roi a demandé à son ministre de l'Intérieur de se rendre dans le Rif pour y visiter la famille du défunt et faire le nécessaire pour élucider les conditions de ce qui peut être un accident ou une bavure policière. Le théorème de Bouazizi hante bien les dirigeants de la région.
Les inégalités, une épée de Damoclès sociale sur le pays
Plus que le manque de libertés, ce sont les inégalités sociales et les injustices à répétition qui minent le Maroc, l'Algérie et encore la Tunisie malgré sa mue en démocratie. Facebook, qui est le premier média du Maghreb, peut transformer le plus infime fait en fait majeur. La vidéo de la mort de Fikri ne sera pas sans conséquence. Si Rabat donne, à raison, l'impression d'un dynamisme économique (forte attractivité pour les entrepreneurs, politique volontariste à l'égard des pays africains), il n'en demeure pas moins que 40 % des jeunes sont au chômage dans les zones urbaines. Un potentiel de frustration tempéré par le système D.
La mort de Fikri contraste avec l'annonce de l'installation de grandes usines. En septembre, Boeing a annoncé la création de 8 700 emplois dans la région de Tanger. Comme en Tunisie, il y a deux Maroc. Celui qui avance et l'autre, celui qui souffre, qui pratique la débrouille illégale pour tenter de survivre. Mohamed Bouazizi appartenait à la Tunisie de l'intérieur, celle qui est méprisée par Tunis depuis trop longtemps. Mouhcine Fikri appartenait au Rif. Sa mort atroce a de tristes résonnances avec l'allumette grattée en décembre 2010 par Mohamed Bouazizi.
(31-10-2016 - Benoît Delmas )
La mort de Fikri : dramatique et pleine de symboles
Jeudi, à Al Hoceïma, une opération de police a viré au cauchemar pour la royauté. Un vendeur de poissons, Mouhcine Fikri, est mort broyé par les mâchoires d'une benne à ordures. L'homme refusait la saisie de sa marchandise de poissons, illégale, par les forces de l'ordre. La scène, filmée via un téléphone portable, a provoqué une colère populaire qui s'est traduite par des manifestations dans tout le pays. Ravivant le spectre du 20 février 2011.
Dans la foulée et à l'identique de ce qui s'est passé durant la révolution tunisienne, partis et société civile avaient demandé des avancées démocratiques. Des manifestations se sont déroulées dans 53 préfectures. Dans la ville de Mouhcine Fikri, on avait dénombré cinq morts. De quoi contraindre le roi Mohamed VI à réagir le 9 mars. Dans un discours clé, le monarque s'est alors engagé à rendre la justice indépendante, le Parlement libre… Une réaction politique qui a réussi à pacifier les rues.
Mais les ministères régaliens (Intérieur, Défense notamment) dépendent toujours du palais. Le roi a demandé à son ministre de l'Intérieur de se rendre dans le Rif pour y visiter la famille du défunt et faire le nécessaire pour élucider les conditions de ce qui peut être un accident ou une bavure policière. Le théorème de Bouazizi hante bien les dirigeants de la région.
Les inégalités, une épée de Damoclès sociale sur le pays
Plus que le manque de libertés, ce sont les inégalités sociales et les injustices à répétition qui minent le Maroc, l'Algérie et encore la Tunisie malgré sa mue en démocratie. Facebook, qui est le premier média du Maghreb, peut transformer le plus infime fait en fait majeur. La vidéo de la mort de Fikri ne sera pas sans conséquence. Si Rabat donne, à raison, l'impression d'un dynamisme économique (forte attractivité pour les entrepreneurs, politique volontariste à l'égard des pays africains), il n'en demeure pas moins que 40 % des jeunes sont au chômage dans les zones urbaines. Un potentiel de frustration tempéré par le système D.
La mort de Fikri contraste avec l'annonce de l'installation de grandes usines. En septembre, Boeing a annoncé la création de 8 700 emplois dans la région de Tanger. Comme en Tunisie, il y a deux Maroc. Celui qui avance et l'autre, celui qui souffre, qui pratique la débrouille illégale pour tenter de survivre. Mohamed Bouazizi appartenait à la Tunisie de l'intérieur, celle qui est méprisée par Tunis depuis trop longtemps. Mouhcine Fikri appartenait au Rif. Sa mort atroce a de tristes résonnances avec l'allumette grattée en décembre 2010 par Mohamed Bouazizi.
(31-10-2016 - Benoît Delmas )
Maroc : "Personne n'avait le droit de le traiter ainsi"
Des
milliers de personnes ont manifesté dimanche au Maroc après la mort
vendredi d'un poissonnier écrasé dans une benne à ordures
La mort tragique de ce jeune trentenaire, vendeur de poisson, broyé par une benne à ordures, a suscité une vague d'indignation et de manifestations au Maroc, où les autorités ont affiché leur volonté de « punir » les responsables de ce drame.
Images choquantes
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et diffusée sur internet, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui ont relayé des appels à manifester dans tout le pays. Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles du jeune homme, rendant hommage au « martyr Mouhcine » et marchant pendant plusieurs heures dans le calme du centre-ville d'Al-Hoceima jusqu'à la localité d'Imzouren, où la dépouille a été inhumée.
Marée humaine
Le soir même, une marée humaine a envahi le centre-ville d'Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l'AFP. « Criminels, assassins », scandaient notamment les milliers de manifestants, « Arrêtez la hogra (l'arbitraire) », ou encore « Écoute makhzen (palais royal), on n'humilie pas le peuple du Rif ! » Le rassemblement, au fort accent identitaire berbère et revendiquant l'héritage rebelle de la région, s'est déroulé jusqu'à 21 h 30 (locales et GMT) sans incident.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi – fait peu ordinaire – à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d'un millier de personnes ont défilé au cri de « Nous sommes tous Mouhcine ! », brandissant la photo de la victime ou une pancarte provocatrice « Bienvenue à la COP22, ici on broie les gens ».
Enquête
Actuellement en Tanzanie, au terme d'une tournée diplomatique en Afrique de l'Est, le roi Mohammed VI a dépêché dimanche à Al-Hoceima son ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad qui est venu « présenter les condoléances et la compassion du souverain à la famille du défunt ». Le roi a donné des instructions « pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée (...) », alors que l'Intérieur avait déjà annoncé l'ouverture d'une enquête, conjointement avec le parquet local, au lendemain du drame.
Les circonstances exactes de la mort de Mouhcine Fikri restent à établir, et le ministre Hassad s'est dit, dans un entretien à l'AFP, « déterminé à établir les circonstances exactes du drame et à en punir les responsables ». La victime avait refusé d'obtempérer à un barrage de police, et avait en suite été interceptée, avec dans sa voiture « une quantité importante d'espadon, une espèce interdite à la pêche », a récapitulé le ministre. « Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça », a-t-il expliqué.
Conclusions d'ici quelques jours
« Personne n'avait le droit de le traiter ainsi », a déploré M. Hassad. « On ne peut pas accepter que des responsables agissent dans la précipitation, sous la colère, ou dans des conditions qui ne respectent pas le droits des gens », a-t-il souligné, promettant les conclusions de l'enquête d'ici « quelques jours ». La ville côtière d'Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d'une insurrection populaire en 1958.
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20 Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. Le suicide d'un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l'un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L'homme s'était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités.
En pointe dans les manifestations de 2011, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a « dénoncé » le rôle de l'État qui « foule aux pieds la dignité des citoyens » et mis en garde contre « une possible répétition » du mouvement du 20 Février. Un scénario particulièrement délicat pour les autorités alors que s'ouvre dans une semaine à Marrakech la conférence internationale sur le climat, la COP22, dont Rabat entend faire une vitrine internationale.
La mort tragique de ce jeune trentenaire, vendeur de poisson, broyé par une benne à ordures, a suscité une vague d'indignation et de manifestations au Maroc, où les autorités ont affiché leur volonté de « punir » les responsables de ce drame.
Images choquantes
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et diffusée sur internet, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui ont relayé des appels à manifester dans tout le pays. Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles du jeune homme, rendant hommage au « martyr Mouhcine » et marchant pendant plusieurs heures dans le calme du centre-ville d'Al-Hoceima jusqu'à la localité d'Imzouren, où la dépouille a été inhumée.
Marée humaine
Le soir même, une marée humaine a envahi le centre-ville d'Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l'AFP. « Criminels, assassins », scandaient notamment les milliers de manifestants, « Arrêtez la hogra (l'arbitraire) », ou encore « Écoute makhzen (palais royal), on n'humilie pas le peuple du Rif ! » Le rassemblement, au fort accent identitaire berbère et revendiquant l'héritage rebelle de la région, s'est déroulé jusqu'à 21 h 30 (locales et GMT) sans incident.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi – fait peu ordinaire – à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d'un millier de personnes ont défilé au cri de « Nous sommes tous Mouhcine ! », brandissant la photo de la victime ou une pancarte provocatrice « Bienvenue à la COP22, ici on broie les gens ».
Enquête
Actuellement en Tanzanie, au terme d'une tournée diplomatique en Afrique de l'Est, le roi Mohammed VI a dépêché dimanche à Al-Hoceima son ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad qui est venu « présenter les condoléances et la compassion du souverain à la famille du défunt ». Le roi a donné des instructions « pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée (...) », alors que l'Intérieur avait déjà annoncé l'ouverture d'une enquête, conjointement avec le parquet local, au lendemain du drame.
Les circonstances exactes de la mort de Mouhcine Fikri restent à établir, et le ministre Hassad s'est dit, dans un entretien à l'AFP, « déterminé à établir les circonstances exactes du drame et à en punir les responsables ». La victime avait refusé d'obtempérer à un barrage de police, et avait en suite été interceptée, avec dans sa voiture « une quantité importante d'espadon, une espèce interdite à la pêche », a récapitulé le ministre. « Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça », a-t-il expliqué.
Conclusions d'ici quelques jours
« Personne n'avait le droit de le traiter ainsi », a déploré M. Hassad. « On ne peut pas accepter que des responsables agissent dans la précipitation, sous la colère, ou dans des conditions qui ne respectent pas le droits des gens », a-t-il souligné, promettant les conclusions de l'enquête d'ici « quelques jours ». La ville côtière d'Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d'une insurrection populaire en 1958.
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20 Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. Le suicide d'un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l'un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L'homme s'était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités.
En pointe dans les manifestations de 2011, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a « dénoncé » le rôle de l'État qui « foule aux pieds la dignité des citoyens » et mis en garde contre « une possible répétition » du mouvement du 20 Février. Un scénario particulièrement délicat pour les autorités alors que s'ouvre dans une semaine à Marrakech la conférence internationale sur le climat, la COP22, dont Rabat entend faire une vitrine internationale.
Liban: Michel Aoun assuré d'être le prochain président
Un
portrait géant du prochain président libanais Michel Aoun apposé
contre une façade dans le centre de Beyrouth, le 28 octobre 2016 (Afp)
Le Parlement libanais doit élire lundi à la présidence l'ex-général de l'armée Michel Aoun, mettant fin à un vide institutionnel qui s'éternise depuis deux ans et demi en raison des profondes divisions politiques notamment liées à la guerre en Syrie.
Alors que le Liban est sans président depuis mai 2014, l'élection de M. Aoun, 81 ans, est le fruit d'un laborieux compromis entre les principales factions politiques, habituellement promptes à s'affronter sur tous les dossiers.
Des marches et des rassemblements de célébration sont prévus notamment à Beyrouth, et la plupart des écoles et des universités seront fermées à l'occasion de l'élection présidentielle.
Cette percée intervient dans un contexte de paralysie des institutions publiques à cause d'un malaise politique généralisé dans ce pays voisin de la Syrie en guerre.
Les autorités, minées par la corruption, s'avèrent également incapables d'offrir à la population les services de base comme le ramassage des ordures, le courant électrique, l'eau potable ou l'épuration des eaux usées.
Sauf surprise de dernière minute, c'est donc l'ex-chef de l'armée Michel Aoun qui devrait accéder à la magistrature suprême, pour un mandat de six ans non-renouvelable.
La séance du Parlement doit débuter à midi (10H00 GMT) et il s'agit de la 46e réunion organisée pour élire un président.
Petit, rondouillard, ce militaire chrétien maronite adulé comme chef charismatique par ses partisans et haï par ses adversaires peut compter sur le soutien du Hezbollah, le puissant mouvement islamiste chiite qui soutient le régime de Damas.
Mais il a aussi obtenu l'appui inopiné de deux de ses adversaires politiques: le chef chrétien maronite des Forces libanaises (FL) Samir Geagea et l'ancien Premier ministre musulman sunnite Saad Hariri. Tous deux sont pourtant hostiles au Hezbollah et au dictateur syrien Bashar al-Assad.
Au Liban, les trois principaux postes de l'État sont dévolus aux trois plus importantes communautés religieuses: la présidence de la République à un chrétien maronite, celle du Parlement à un musulman chiite et le poste de Premier ministre à un musulman sunnite.
Le président joue un rôle d'arbitre mais ses prérogatives ont été fortement réduites depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), dans un système politique bâti sur un délicat équilibre entre les différentes communautés.
Jusqu'à maintenant, toutes les tentatives d'élire un chef de l'Etat s'étaient avérées infructueuses. A 45 reprises, le Parlement a essayé d'atteindre le quorum des deux tiers nécessaire pour organiser le vote, soit 86 des 128 députés (répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans): sans succès.
Car à chaque fois, les 20 élus du bloc parlementaire de M. Aoun et les 13 députés du Hezbollah ont boycotté les séances.
Le chef de l'État est élu par la Chambre des députés, convoquée par son président Nabih Berri, qui a fixé la date du 31 octobre. Il doit être élu à bulletin secret, à la majorité des deux tiers des députés au premier tour, et à la majorité absolue aux tours suivants (soit 65 voix).
Selon un sondage du quotidien libanais Assafir, l'ancien militaire, toujours appelé "le général" au Liban, pourrait remporter l'élection dès le premier tour, avec 94 voix.
Dans certaines régions, les partisans de Aoun ont déjà érigé des bannières vantant les mérites "d'un président fort" qui peut "faire des miracles".
Pour le député Alain Aoun, qui vante "la santé de fer" et la "mémoire d'éléphant" de son oncle, "le général" est un homme "patient, têtu et persévérant".
Mais ses détracteurs le décrivent comme un homme colérique, capable d'audacieuses volte-face politiques.
Sur les réseaux sociaux, des internautes partagent ainsi depuis plusieurs jours des vidéos de l'ancien militaire dénonçant comme "illégitime" ce même Parlement qui doit aujourd'hui l'élire, l'institution ayant prolongé à deux reprises son mandat.
L'élection de M. Aoun devrait permettre à M. Hariri de devenir Premier ministre, un poste qu'il avait déjà occupé entre 2009 et 2011.
En annonçant son soutien à M. Aoun, M. Hariri expliquait son choix par la nécessité de "préserver le système politique, renforcer l'Etat, relancer l'économie, prendre nos distances avec la crise syrienne".
Syrie : Les rebelles utilisent-ils du "gaz toxique" pour briser le siège à Alep-Ouest ? (Assawra)
Troisième jour d'affrontements entre les rebelles et le régime syrien.
De violents combats faisaient rage dimanche à la périphérie ouest
d'Alep. Les groupes rebelles qui cherchent à briser le siège imposé par
le régime, alors que 38 civils ont été tués dans les tirs de roquettes
de l'opposition.
Les médias officiels syriens ont accusé dimanche des groupes rebelles d'avoir utilisé du "gaz toxique" dans leur offensive à la périphérie ouest d'Alep, en rapportant 35 cas de suffocation dans un quartier tenu par le gouvernement. De son côté, le directeur de l'hôpital universitaire d'Alep, Ibrahim Hadid, interrogé par la télévision publique syrienne, a confirmé 36 cas de suffocation "parmi les civils et les militaires", accusant lui aussi les "terroristes", terminologie utilisée par le régime de Damas pour parler des rebelles, d'avoir utilisé "du gaz de chlore toxique".
Une coalition de rebelles islamistes et de djihadistes a lancé vendredi une vaste offensive partie de l'extérieur de la ville, côté ouest, pour mettre fin au siège imposé par le régime de Bachar el-Assad aux quartiers de l'opposition. Le contrôle d'Alep - divisée entre des secteurs est tenus par les rebelles et des quartiers ouest aux mains du régime - est déterminant aux yeux des belligérants pour asseoir leur pouvoir dans le nord de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre civile qui a fait plus de 300 000 morts.
Les combats, rythmés par les frappes aériennes du régime et de son allié russe, les salves de roquettes tirées par les rebelles et l'explosion de voitures piégées, se concentrent à la périphérie ouest d'Alep, attaquée par plus de 1 500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) sur un front de 15 kilomètres. Depuis le début de l'offensive, "38 civils ont été tués et 250 blessés par les centaines de roquettes et d'obus tirés par les rebelles sur les quartiers ouest d'Alep", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Plus de 50 rebelles ont été tués dans les violences qui ont fait pas moins de 30 morts parmi les forces du régime et les combattants engagés à ses côtés, selon l'OSDH. L'intensité des combats était telle qu'ils étaient entendus jusque dans les quartiers est de la ville, pourtant relativement éloignés de la ligne de front, a constaté un correspondant présent dans ce secteur et qui pouvait voir des colonnes de fumée s'élever au-dessus de la ville.
Selon l'OSDH, "les combats ont atteint leur paroxysme" à Dahiyet al-Assad, un quartier gouvernemental au sud-ouest d'Alep, où les rebelles ont effectué une avancée vendredi et se sont emparés de la majorité du secteur, avant une contre-offensive du régime qui les a fait partiellement reculer. "Les rebelles tirent des dizaines de roquettes sur les position de l'armée" tandis que les deux camps ont "renforcé leurs effectifs et leur armement", a souligné l'ONG. L'objectif pour les rebelles est de progresser vers le quartier voisin de Hamdaniyé, situé en bordure des quartiers rebelles : la prise de Hamdaniyé permettrait véritablement de briser le siège imposé aux zones rebelles en établissant un passage vers les territoires contrôlés par les insurgés, à l'extérieur d'Alep.
"Depuis Dahiyet al-Assad, on va avancer vers Hamdaniyé", a confirmé Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine Zinki. Les quartiers est d'Alep, où vivent au moins 250 000 habitants, sont en état de siège depuis juillet, privés d'aide humanitaire et menacés de pénurie alimentaire, selon l'ONU. Le régime syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour reprendre ce secteur. Mais ses succès avaient été limités, malgré l'appui de l'aviation russe et des bombardements meurtriers qui ont fait plus de 500 morts selon l'ONU et entraîné la destruction d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux. Une source militaire pro-régime a reconnu que l'offensive rebelle était "massive et coordonnée", tout en affirmant que les combattants n'avaient réussi aucune avancée à l'exception du quartier de Dahiyet al-Assad. "Ils utilisent des missiles GRAD et des voitures piégées, et sont soutenus par des combattants étrangers", a-t-il précisé.
L'offensive est menée par Jaich al-Fatah, une coalition regroupant des groupes rebelles islamistes comme Ahrar al-Sham, mais aussi des djihadistes du front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. En réaction à l'offensive rebelle, l'armée russe avait annoncé vouloir reprendre ses raids aériens, mais le président russe Vladimir Poutine a estimé vendredi que ce n'était "pas opportun".
(31-10-2016 - Assawra)
Les médias officiels syriens ont accusé dimanche des groupes rebelles d'avoir utilisé du "gaz toxique" dans leur offensive à la périphérie ouest d'Alep, en rapportant 35 cas de suffocation dans un quartier tenu par le gouvernement. De son côté, le directeur de l'hôpital universitaire d'Alep, Ibrahim Hadid, interrogé par la télévision publique syrienne, a confirmé 36 cas de suffocation "parmi les civils et les militaires", accusant lui aussi les "terroristes", terminologie utilisée par le régime de Damas pour parler des rebelles, d'avoir utilisé "du gaz de chlore toxique".
Une coalition de rebelles islamistes et de djihadistes a lancé vendredi une vaste offensive partie de l'extérieur de la ville, côté ouest, pour mettre fin au siège imposé par le régime de Bachar el-Assad aux quartiers de l'opposition. Le contrôle d'Alep - divisée entre des secteurs est tenus par les rebelles et des quartiers ouest aux mains du régime - est déterminant aux yeux des belligérants pour asseoir leur pouvoir dans le nord de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre civile qui a fait plus de 300 000 morts.
Les combats, rythmés par les frappes aériennes du régime et de son allié russe, les salves de roquettes tirées par les rebelles et l'explosion de voitures piégées, se concentrent à la périphérie ouest d'Alep, attaquée par plus de 1 500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) sur un front de 15 kilomètres. Depuis le début de l'offensive, "38 civils ont été tués et 250 blessés par les centaines de roquettes et d'obus tirés par les rebelles sur les quartiers ouest d'Alep", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Plus de 50 rebelles ont été tués dans les violences qui ont fait pas moins de 30 morts parmi les forces du régime et les combattants engagés à ses côtés, selon l'OSDH. L'intensité des combats était telle qu'ils étaient entendus jusque dans les quartiers est de la ville, pourtant relativement éloignés de la ligne de front, a constaté un correspondant présent dans ce secteur et qui pouvait voir des colonnes de fumée s'élever au-dessus de la ville.
Selon l'OSDH, "les combats ont atteint leur paroxysme" à Dahiyet al-Assad, un quartier gouvernemental au sud-ouest d'Alep, où les rebelles ont effectué une avancée vendredi et se sont emparés de la majorité du secteur, avant une contre-offensive du régime qui les a fait partiellement reculer. "Les rebelles tirent des dizaines de roquettes sur les position de l'armée" tandis que les deux camps ont "renforcé leurs effectifs et leur armement", a souligné l'ONG. L'objectif pour les rebelles est de progresser vers le quartier voisin de Hamdaniyé, situé en bordure des quartiers rebelles : la prise de Hamdaniyé permettrait véritablement de briser le siège imposé aux zones rebelles en établissant un passage vers les territoires contrôlés par les insurgés, à l'extérieur d'Alep.
"Depuis Dahiyet al-Assad, on va avancer vers Hamdaniyé", a confirmé Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine Zinki. Les quartiers est d'Alep, où vivent au moins 250 000 habitants, sont en état de siège depuis juillet, privés d'aide humanitaire et menacés de pénurie alimentaire, selon l'ONU. Le régime syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour reprendre ce secteur. Mais ses succès avaient été limités, malgré l'appui de l'aviation russe et des bombardements meurtriers qui ont fait plus de 500 morts selon l'ONU et entraîné la destruction d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux. Une source militaire pro-régime a reconnu que l'offensive rebelle était "massive et coordonnée", tout en affirmant que les combattants n'avaient réussi aucune avancée à l'exception du quartier de Dahiyet al-Assad. "Ils utilisent des missiles GRAD et des voitures piégées, et sont soutenus par des combattants étrangers", a-t-il précisé.
L'offensive est menée par Jaich al-Fatah, une coalition regroupant des groupes rebelles islamistes comme Ahrar al-Sham, mais aussi des djihadistes du front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. En réaction à l'offensive rebelle, l'armée russe avait annoncé vouloir reprendre ses raids aériens, mais le président russe Vladimir Poutine a estimé vendredi que ce n'était "pas opportun".
(31-10-2016 - Assawra)
Maroc : Colère après la mort tragique d'un vendeur de poisson
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche au Maroc, dans une
vague d'indignation suscitée par la mort tragique d'un vendeur de
poisson, broyé par une benne à ordures. Mouhcine Fikri, un marchand de
poisson d'une trentaine d'années, est décédé vendredi soir à Al-Hoceima,
dans le Rif, happé par une benne à ordures alors qu'il tentait
apparemment de s'opposer à la saisie et à la destruction de sa
marchandise par des agents de la ville.
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et diffusée sur Internet, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui ont relayé plusieurs appels à manifester dans tout le pays. Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles du jeune homme. Parti dans la matinée du centre-ville d'Al-Hoceima, le cortège, avec à sa tête le corps du défunt transporté dans une ambulance, s'est rendu jusqu'à la localité voisine d'Imzouren. La dépouille a été inhumée vers 16 heures, au terme d'une marche de plusieurs heures qui s'est déroulée sans incident.
"Nous sommes tous Mouhcine !"
Des marcheurs ont brandi en tête du cortège un drapeau berbère, tandis que des dizaines de taxis et de voitures ont ouvert la marche où les slogans rendaient hommage au "martyr Mouhcine" et exigeaient "la vérité". Le soir même, des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées, cette fois dans le centre-ville d'Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse. "Criminels, assassins, terroristes", scandaient notamment les manifestants, ou encore "Écoute, makhzen (palais royal), on n'humilie pas le peuple du Rif !".
Des rassemblements de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif mais aussi à Marrakech et Rabat, où plus d'un millier de personnes, dont de nombreux militants de la cause berbère, ont défilé au cri de "Nous sommes tous Mouhcine !". En villégiature à Zanzibar (Tanzanie) au terme d'une importante tournée diplomatique en Afrique de l'Est, le roi Mohammed VI a dépêché à Al-Hoceima son ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad pour "présenter ses condoléances et sa compassion à la famille du défunt", selon un communiqué officiel. Le ministre a rencontré la famille dans la journée, selon des images de la télévision publique. Le roi a donné des instructions "pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée (...)", alors que le ministère de l'Intérieur avait déjà annoncé l'ouverture d'une enquête, conjointement avec le parquet
local, au lendemain du drame.
Le Rif, foyer du mouvement du 20-Février
Les circonstances exactes de la mort de Mouhcine Fikri restent à établir. Les autorités l'ont forcé à se débarrasser de plusieurs caisses d'espadon, une espèce dont la pêche est interdite ; le vendeur s'est jeté pour sauver ses poissons et a été broyé dans la benne, a expliqué le représentant local d'une association de défense des droits de l'homme. La ville côtière d'Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d'une insurrection populaire en 1958.
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central marocain. Elle fut aussi l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. Le suicide d'un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l'un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L'homme s'était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités.
Dans un communiqué, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a "condamné" l'État marocain qui "foule aux pieds la dignité des citoyens depuis la répression féroce du mouvement du 20-Février", et mis en garde contre "une possible répétition" de ces manifestations. Un tel scénario serait particulièrement délicat pour les autorités alors que s'ouvre dans une semaine la conférence internationale sur le climat, à laquelle sont attendus des milliers de délégués venus de toute la planète et dont Rabat entend faire une vitrine internationale.
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et diffusée sur Internet, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui ont relayé plusieurs appels à manifester dans tout le pays. Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles du jeune homme. Parti dans la matinée du centre-ville d'Al-Hoceima, le cortège, avec à sa tête le corps du défunt transporté dans une ambulance, s'est rendu jusqu'à la localité voisine d'Imzouren. La dépouille a été inhumée vers 16 heures, au terme d'une marche de plusieurs heures qui s'est déroulée sans incident.
"Nous sommes tous Mouhcine !"
Des marcheurs ont brandi en tête du cortège un drapeau berbère, tandis que des dizaines de taxis et de voitures ont ouvert la marche où les slogans rendaient hommage au "martyr Mouhcine" et exigeaient "la vérité". Le soir même, des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées, cette fois dans le centre-ville d'Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse. "Criminels, assassins, terroristes", scandaient notamment les manifestants, ou encore "Écoute, makhzen (palais royal), on n'humilie pas le peuple du Rif !".
Des rassemblements de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif mais aussi à Marrakech et Rabat, où plus d'un millier de personnes, dont de nombreux militants de la cause berbère, ont défilé au cri de "Nous sommes tous Mouhcine !". En villégiature à Zanzibar (Tanzanie) au terme d'une importante tournée diplomatique en Afrique de l'Est, le roi Mohammed VI a dépêché à Al-Hoceima son ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad pour "présenter ses condoléances et sa compassion à la famille du défunt", selon un communiqué officiel. Le ministre a rencontré la famille dans la journée, selon des images de la télévision publique. Le roi a donné des instructions "pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée (...)", alors que le ministère de l'Intérieur avait déjà annoncé l'ouverture d'une enquête, conjointement avec le parquet
local, au lendemain du drame.
Le Rif, foyer du mouvement du 20-Février
Les circonstances exactes de la mort de Mouhcine Fikri restent à établir. Les autorités l'ont forcé à se débarrasser de plusieurs caisses d'espadon, une espèce dont la pêche est interdite ; le vendeur s'est jeté pour sauver ses poissons et a été broyé dans la benne, a expliqué le représentant local d'une association de défense des droits de l'homme. La ville côtière d'Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d'une insurrection populaire en 1958.
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central marocain. Elle fut aussi l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. Le suicide d'un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l'un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L'homme s'était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités.
Dans un communiqué, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a "condamné" l'État marocain qui "foule aux pieds la dignité des citoyens depuis la répression féroce du mouvement du 20-Février", et mis en garde contre "une possible répétition" de ces manifestations. Un tel scénario serait particulièrement délicat pour les autorités alors que s'ouvre dans une semaine la conférence internationale sur le climat, à laquelle sont attendus des milliers de délégués venus de toute la planète et dont Rabat entend faire une vitrine internationale.
dimanche 30 octobre 2016
Yémen: 60 morts dans des raids contre un centre de détention
Destructions après un raid aérien de la coalition arabe le 27 octobre 2016 à Khamis Bani Saad (Afp)
Soixante personnes, en majorité des détenus, ont été tués dans l'ouest du Yémen dans des raids aériens attribués à la coalition arabe sous commandement saoudien, contre des bâtiments des services de sécurité contrôlés par les rebelles Houthis, selon un nouveau bilan dimanche.
"Les blessés (dans les frappes de samedi) se comptent par dizaines", a indiqué le responsable des services de santé de la province de Hodeïda.
La majorité des victimes sont des opposants aux Houthis ou des détenus de droit commun qui étaient emprisonnés dans deux chambrées d'un centre de détention, a précisé ce responsable sous couvert de l'anonymat. Il avait fait état auparavant de 38 morts.
Selon lui, plus de cent détenus étaient enfermés dans les chambrées au moment de l'attaque aérienne survenue dans la localité de Zaidia, au nord de la ville de Hodeïda.
"Nous nous apprêtions à nous coucher lorsqu'une frappe nous a visé. Nous avons fui et une deuxième frappe nous a touché à nouveau, au même endroit", a déclaré un blessé à l'AFP.
(30-10-2016)
Irak : Près de Mossoul, des civils chassent les terroristes
Des
combattants des Unités de la mobilisation populaire, font le signe de
la victoire dans un village du sud de Mossoul à Ayn Nasir, le 29
octobre 2016 (Afp)
L'un s'est soulevé contre les terroristes, l'autre a été entièrement vidé de ses habitants : deux villages irakiens voisins ont vécu deux destins opposés peu après le lancement de l'offensive contre le prétendu " califat" du groupe terroriste Daesh.
"Nous sommes le premier village qui s'est libéré lui-même des terroristes" : en dépit d'une raideur à l'épaule, où il a été blessé par balle, Yassine Ahmed Ali sourit fièrement en désignant une voiture de djihadistes criblée d'impacts. À Tall Allazagah, dans la vallée du Tigre, à 30 km au sud de Mossoul, c'est la population qui a chassé Daesh, avant l'arrivée des forces de sécurité. "Le 17 octobre, vers 13 heures, un groupe de terroristes est arrivé avec une liste de personnes à exécuter. Chez nous, malgré deux ans d'occupation, personne n'a voulu leur prêter allégeance et ils savent que beaucoup d'habitants ont travaillé dans les services de sécurité", explique Abou Ghanim Al-Joubouri, 48 ans. "Nous avons sorti les kalachnikovs que nous avions enterrées. J'ai ouvert le feu et j'ai blessé un terroriste !", se réjouit-il.
Des impacts dans les murs témoignent de l'affrontement, ainsi qu'une veste explosive découverte sur le corps d'un combattant de Daesh, manipulée sans grande précaution. Au moins un habitant du village a été tué. "Ils ont laissé son corps au milieu de la rue, en espérant tirer sur ceux qui viendraient le chercher", assure Abou Ghanim Al-Jabouri. Après une fusillade de plusieurs heures, les terroristes ont pris la fuite, les traînards étant abattus par les forces d'intervention rapide de la police, arrivées à la tombée de la nuit. "Maintenant, la première chose dont on a besoin, c'est la liberté. Qu'on arrête de nous dire comment porter la barbe, comment s'habiller, que nos femmes doivent toutes être en abaya noir... Après il faut que les enfants puissent aller à l'école, qu'on ait l'électricité, un hôpital", énumère en français Yassine Ahmed Ali, 52 ans, qui a jadis fait partie de la délégation irakienne aux Nations unies à Genève. Autour du village, les signes de destruction abondent : maisons endommagées, carcasses de voitures calcinées. À côté d'un vieux slogan noir à la gloire de Daesh, un graffiti rouge tout récent proclame que "Fatima aime Jassim".
Les accès sont contrôlés par des miliciens du Hachd al-chaabi (mobilisation populaire), des brigades paramilitaires majoritairement chiites, qui ont aussi établi des positions dans les villages, tous sunnites. Dans le hameau voisin de Safina, pas un bruit : la quasi-totalité de la population a été contrainte de suivre les terroristes au moment de leur retraite. Seule Oum Saber, 83 ans, est parvenue à échapper à ce sort. "Je savais que je n'étais pas en état de marcher, mais qu'ils étaient capables de me tuer si je ne les suivais pas. Alors je me suis cachée dans cette maison, qui servait de quartier général à Daesh, et ils n'ont pas eu l'idée de venir m'y chercher. Quand les militaires sont arrivés, j'étais tellement heureuse que j'ai embrassé leurs chaussures !", témoigne la vieille femme au dos voûté, dont le front et le menton sont tatoués de symboles traditionnels.
Said Oum Sabreen, 27 ans, a elle fini par s'échapper avec son mari et ses enfants de la masse des captifs. "Le matin du 19 octobre, ils ont utilisé le haut-parleur de la mosquée pour nous ordonner d'évacuer le village. Ils nous ont rassemblés comme un troupeau et on a marché, marché, marché", se rappelle la jeune femme. "Ils ont tué les jeunes hommes et ont jeté leurs corps dans la rivière. Nous étions si fatigués que nous ne pouvions plus faire un pas, alors nous nous sommes cachés dans un entrepôt. Mais ma soeur et ses enfants sont toujours prisonniers", ajoute-t-elle avec angoisse.
L'ONU a indiqué que Daesh aurait kidnappé près de 8 000 familles autour de Mossoul et qu'au moins 250 personnes, pour la plupart des anciens membres des forces de sécurité, avaient été assassinées par les djihadistes pendant leur repli. "Daesh transfère les habitants des villages à l'intérieur de Mossoul. Ils serviront au mieux à gêner la progression des troupes, au pire de boucliers humains", craint un officier supérieur de l'armée irakienne.
(30-10-2016)
Syrie: 38 civils tués dans des tirs rebelles à Alep (Assawra)
De la fumée s'élève le 29 octobre 2016 au dessus du quartier de Dahiyet al-Assad à Alep où des combats font rage (Afp)
De violents combats faisaient rage dimanche entre le régime syrien et les rebelles dans les quartiers ouest d'Alep, où 38 civils ont été tués en deux jours par des tirs de roquettes de l'opposition, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Parmi les victimes figurent 14 enfants, a indiqué l'OSDH. Quelque 250 civils ont également été blessés dans des bombardements massifs de factions antigouvernementales depuis vendredi matin, a-t-il précisé.
Les rebelles syriens et leurs alliés ont lancé une offensive majeure pour briser le siège imposé par les forces du régime de Damas depuis trois mois sur les quartiers est d'Alep, où vivent 250.000 personnes.
"Les combattants rebelles ont tiré des centaines de roquettes et d'obus sur les quartiers ouest depuis des positions à l'intérieur de la ville et sur la rive ouest", a déclaré le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.
Selon lui, les rebelles tentaient de progresser à l'est du quartier de Dahiyet al-Assad - dont ils ont saisi la majeure partie au premier jour de l'offensive - vers Hamdaniyeh, un quartier tenu par le régime adjacent à ceux contrôlés par l'opposition.
Les affrontements ont duré toute la nuit jusqu'à dimanche matin et des colonnes de fumées s'élevaient au dessus de la ville. Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont été entendus jusque dans les quartiers est, selon un correspondant de l'AFP.
Depuis vendredi, plus de 1.500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) prennent part à l'offensive. Parmi eux figurent des jihadistes du Front Fateh al-Cham, ex-Front Al-Nosra qui a affirmé avoir renoncé à son rattachement à Al-Qaïda.
Les combats ont fait 30 morts du côté du régime et de ses alliés, ainsi que 50 tués du côté de l'opposition, selon l'OSDH.
L'Observatoire ne disposait pas dans l'immédiat du bilan des combattants étrangers tués dans les rangs de l'opposition, dont une grande partie a rejoint des groupes jihadistes.
(30-10-2016 - Assawra)
Israël/Palestine : Le tombeau de Jésus ouvert pour la première fois depuis au moins deux siècles
Pour la première fois depuis au moins deux siècles, des scientifiques
ont ouvert le lieu considéré par les chrétiens comme étant le tombeau
de Jésus-Christ dans l'église du Saint Sépulcre à Jérusalem. La plaque
de marbre recouvrant la tombe a été déplacée durant trois jours dans le
cadre de travaux de restauration menés dans cette église située dans la
vieille ville, a pu constater une photographe de l'Agence France-Presse.
C'est la première fois que cette pierre tombale est ainsi soulevée depuis au moins l'année 1810, lorsque de précédents travaux de restauration avaient été entrepris à la suite d'un incendie, a indiqué le Père Samuel Aghovan, le supérieur de l'église arménienne. "C'est émouvant car c'est quelque chose dont nous parlons depuis des siècles", a ajouté cet ecclésiastique. Selon la tradition chrétienne, le corps de Jésus a été posé dans un lit funéraire taillé dans le roc à la suite de sa crucifixion par les Romains en l'an 30 ou 33. Les chrétiens croient que le Christ a ressuscité et que des femmes venues oindre son corps trois jours après son enterrement ont affirmé qu'elles n'avaient rien trouvé.
L'opération en cours doit permettre d'effectuer des analyses des matériaux et des structures, ont indiqué à l'Agence France-Presse des experts. Le projet de restauration dans l'église du Saint-Sépulcre, le site le plus sacré du christianisme, a débuté en mai. Des échafaudages ont été montés autour du site, ainsi que des panneaux de protection tandis qu'une structure métallique a été apposée devant l'entrée du tombeau pour protéger les touristes.
Le tombeau est situé dans une petite structure connue sous le nom d'édicule qui a été reconstruite en marbre à la suite d'un incendie. Il est soutenu depuis des dizaines d'années par une structure métallique, qui maintient ensemble les blocs de marbre. Mais ceux-ci se désolidarisent sous l'effet, autrefois des intempéries et, aujourd'hui, de l'afflux quotidien de milliers de pèlerins et touristes. L'édicule dressé sous la coupole de l'église sera démonté et reconstruit à l'identique, a indiqué la Custodie. Seules les pièces trop fragiles ou cassées seront remplacées tandis que les plaques de marbre pouvant être conservées seront nettoyées. La structure qui les supporte sera consolidée.
Les travaux seront financés par les trois principales confessions chrétiennes du Saint-Sépulcre (Grecs-Orthodoxes, Franciscains, Arméniens) ainsi que par des contributions publiques et privées. Cette restauration est prévue pour durer huit mois afin d'être terminée pour les fêtes de Pâques de 2017. Elle est menée par des experts grecs avec le soutien de la National Geographic Society. L'édicule est la dernière en date des constructions qui se sont succédé depuis le IVe siècle sur les lieux du tombeau du Christ.
(29-10-2016)
C'est la première fois que cette pierre tombale est ainsi soulevée depuis au moins l'année 1810, lorsque de précédents travaux de restauration avaient été entrepris à la suite d'un incendie, a indiqué le Père Samuel Aghovan, le supérieur de l'église arménienne. "C'est émouvant car c'est quelque chose dont nous parlons depuis des siècles", a ajouté cet ecclésiastique. Selon la tradition chrétienne, le corps de Jésus a été posé dans un lit funéraire taillé dans le roc à la suite de sa crucifixion par les Romains en l'an 30 ou 33. Les chrétiens croient que le Christ a ressuscité et que des femmes venues oindre son corps trois jours après son enterrement ont affirmé qu'elles n'avaient rien trouvé.
L'opération en cours doit permettre d'effectuer des analyses des matériaux et des structures, ont indiqué à l'Agence France-Presse des experts. Le projet de restauration dans l'église du Saint-Sépulcre, le site le plus sacré du christianisme, a débuté en mai. Des échafaudages ont été montés autour du site, ainsi que des panneaux de protection tandis qu'une structure métallique a été apposée devant l'entrée du tombeau pour protéger les touristes.
Le tombeau est situé dans une petite structure connue sous le nom d'édicule qui a été reconstruite en marbre à la suite d'un incendie. Il est soutenu depuis des dizaines d'années par une structure métallique, qui maintient ensemble les blocs de marbre. Mais ceux-ci se désolidarisent sous l'effet, autrefois des intempéries et, aujourd'hui, de l'afflux quotidien de milliers de pèlerins et touristes. L'édicule dressé sous la coupole de l'église sera démonté et reconstruit à l'identique, a indiqué la Custodie. Seules les pièces trop fragiles ou cassées seront remplacées tandis que les plaques de marbre pouvant être conservées seront nettoyées. La structure qui les supporte sera consolidée.
Les travaux seront financés par les trois principales confessions chrétiennes du Saint-Sépulcre (Grecs-Orthodoxes, Franciscains, Arméniens) ainsi que par des contributions publiques et privées. Cette restauration est prévue pour durer huit mois afin d'être terminée pour les fêtes de Pâques de 2017. Elle est menée par des experts grecs avec le soutien de la National Geographic Society. L'édicule est la dernière en date des constructions qui se sont succédé depuis le IVe siècle sur les lieux du tombeau du Christ.
(29-10-2016)
Yémen: le président rejette le plan de paix de l'ONU, 17 civils tués
Le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi a rejeté un plan de paix
proposé par l'ONU pour mettre fin à la guerre, alors que 17 civils ont
été tués samedi par des raids de la coalition arabe qui le soutient face
aux rebelles.
Le président a reçu le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à Ryad mais "a refusé de recevoir la proposition de l'ONU", a indiqué à l'AFP une source à la présidence.
Les détails de ce plan de paix n'ont pas été rendus publics mais des sources proches du dossier ont indiqué qu'il prévoyait de nommer un nouveau vice-président après un retrait des rebelles de la capitale Sanaa et d'autres villes et la remise des armes lourdes à une tierce partie.
Le président Hadi transmettrait alors le pouvoir au vice-président qui nommerait un nouveau Premier ministre, chargé de former un gouvernement représentant équitablement le nord et le sud du Yémen. Les rebelles Houthis sont originaires du nord et se plaignaient d'être marginalisés par les autorités centrales.
Un communiqué publié par l'agence gouvernementale sabanew.net confirme que le président a refusé de recevoir le plan et cite M. Hadi disant que la proposition "ne fait qu'ouvrir la porte à davantage de souffrance et de guerre et n'est pas un plan de paix".
Les Emirats, qui jouent un rôle clé au sein de la coalition arabe, avaient salué jeudi le plan de paix, le qualifiant de "solution politique".
Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh aux forces gouvernementales loyales à M. Hadi, soutenues par la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite.
Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de 7.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.
La coalition a fréquemment été accusée de "bavures" pour avoir tué des civils dans ses bombardements.
Samedi encore, au moins 17 civils ont été tués dans le sud-ouest du Yémen par des raids aériens de la coalition militaire arabe, selon les rebelles.
Les secouristes s'employaient encore à dégager les corps ensevelis sous les décombres après le bombardement qui a touché un quartier résidentiel de la ville de Salu.
Située au sud-est de la troisième ville du Yémen, Taëz, vers laquelle les forces loyalistes tentent d'avancer, Salou est depuis des mois le théâtre de violents combats entre rebelles et forces du gouvernement.
L'agence de presse des rebelles Houthis sabanews.net a fait état de quatre raids ayant touché trois immeubles résidentiels, "les détruisant complètement". La plupart des victimes sont des personnes déplacées par la guerre, en majorité des femmes, selon la même source.
Un médecin de l'hôpital public de la ville a de son côté indiqué à l'AFP avoir reçu les cadavres de 15 personnes et accueilli sept blessés.
La coalition arabe n'a pas encore commenté ces informations, mais un responsable local loyal au gouvernement yéménite a confirmé les frappes, affirmant qu'elles avaient touché par erreur trois maisons. "Tous ceux qui s'y trouvaient ont été tués", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des témoins ont raconté à l'AFP que de nombreux habitants s'étaient rendus sur le site du bombardement pour tenter de sauver des blessés.
Toujours samedi, des gardes ont déjoué une attaque suicide à la voiture piégée contre la Banque centrale du Yémen en ouvrant le feu sur le véhicule, le faisant exploser avant qu'il atteigne sa cible, a indiqué un responsable de la sécurité.
La Banque centrale est basée depuis septembre à Aden (sud), deuxième ville du pays, le président Hadi ayant ordonné son transfert en accusant les rebelles Houthis de puiser dans ses réserves en devises.
Le transfert de la Banque centrale de Sanaa à Aden, "capitale provisoire" du gouvernement du président Hadi qui vit en exil en Arabie Saoudite, a porté un coup aux rebelles, les contraignant à cesser de payer les salaires des fonctionnaires dans les vastes zones qu'ils contrôlent.
(29-10-2016)
Le président a reçu le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à Ryad mais "a refusé de recevoir la proposition de l'ONU", a indiqué à l'AFP une source à la présidence.
Les détails de ce plan de paix n'ont pas été rendus publics mais des sources proches du dossier ont indiqué qu'il prévoyait de nommer un nouveau vice-président après un retrait des rebelles de la capitale Sanaa et d'autres villes et la remise des armes lourdes à une tierce partie.
Le président Hadi transmettrait alors le pouvoir au vice-président qui nommerait un nouveau Premier ministre, chargé de former un gouvernement représentant équitablement le nord et le sud du Yémen. Les rebelles Houthis sont originaires du nord et se plaignaient d'être marginalisés par les autorités centrales.
Un communiqué publié par l'agence gouvernementale sabanew.net confirme que le président a refusé de recevoir le plan et cite M. Hadi disant que la proposition "ne fait qu'ouvrir la porte à davantage de souffrance et de guerre et n'est pas un plan de paix".
Les Emirats, qui jouent un rôle clé au sein de la coalition arabe, avaient salué jeudi le plan de paix, le qualifiant de "solution politique".
Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh aux forces gouvernementales loyales à M. Hadi, soutenues par la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite.
Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de 7.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.
La coalition a fréquemment été accusée de "bavures" pour avoir tué des civils dans ses bombardements.
Samedi encore, au moins 17 civils ont été tués dans le sud-ouest du Yémen par des raids aériens de la coalition militaire arabe, selon les rebelles.
Les secouristes s'employaient encore à dégager les corps ensevelis sous les décombres après le bombardement qui a touché un quartier résidentiel de la ville de Salu.
Située au sud-est de la troisième ville du Yémen, Taëz, vers laquelle les forces loyalistes tentent d'avancer, Salou est depuis des mois le théâtre de violents combats entre rebelles et forces du gouvernement.
L'agence de presse des rebelles Houthis sabanews.net a fait état de quatre raids ayant touché trois immeubles résidentiels, "les détruisant complètement". La plupart des victimes sont des personnes déplacées par la guerre, en majorité des femmes, selon la même source.
Un médecin de l'hôpital public de la ville a de son côté indiqué à l'AFP avoir reçu les cadavres de 15 personnes et accueilli sept blessés.
La coalition arabe n'a pas encore commenté ces informations, mais un responsable local loyal au gouvernement yéménite a confirmé les frappes, affirmant qu'elles avaient touché par erreur trois maisons. "Tous ceux qui s'y trouvaient ont été tués", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des témoins ont raconté à l'AFP que de nombreux habitants s'étaient rendus sur le site du bombardement pour tenter de sauver des blessés.
Toujours samedi, des gardes ont déjoué une attaque suicide à la voiture piégée contre la Banque centrale du Yémen en ouvrant le feu sur le véhicule, le faisant exploser avant qu'il atteigne sa cible, a indiqué un responsable de la sécurité.
La Banque centrale est basée depuis septembre à Aden (sud), deuxième ville du pays, le président Hadi ayant ordonné son transfert en accusant les rebelles Houthis de puiser dans ses réserves en devises.
Le transfert de la Banque centrale de Sanaa à Aden, "capitale provisoire" du gouvernement du président Hadi qui vit en exil en Arabie Saoudite, a porté un coup aux rebelles, les contraignant à cesser de payer les salaires des fonctionnaires dans les vastes zones qu'ils contrôlent.
(29-10-2016)
vendredi 28 octobre 2016
Syrie : De « nombreux proches » de Bashar el-Assad embauchés à l'ONU ?
Alors que les violents combats en Syrie sont scrutés par le monde
entier, cette révélation pourrait faire du tort à l'ONU, attachée à son
image d'impartialité. Le journal britannique The Guardian dévoile ce
vendredi des documents ayant fuité de l'ONU selon lesquels
l'organisation mondiale emploie à Damas de "nombreux amis et politiques
liés au président" Bashar el-Assad ou de ses ministres de haut-rang.
Ces personnes auraient notamment été embauchées dans des organismes de secours comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon un ancien responsable de l'Organisation des Nations Unies interrogé par le Guardian, chaque institution spécialisée dans les opérations de secours compterait au moins "une personne gravitant dans le cercle immédiat des figures politiques syriennes". L'information fait vivement réagir certaines ONG, comme The Syria Campaing qui a déclaré au Guardian qu'il était "absolument inconcevable qu'une agence de l'ONU censée aider les réfugiés puisse employer des proches d'Assad".
De son côté, l'ONU clame toujours son impartialité. Un porte-parole de l'organisation explique au journal britannique que "les liens familiaux ne sont pas pris en compte" lors des embauches, et que "des enquêtes ne sont même pas diligentées sur le sujet". L'organisation pour la paix va même plus loin en affirmant que la présence de proches du dictateur dans ses rangs n'est pas une menace pour son travail. Et que ses équipes doivent "refléter la diversité de la société syrienne".
Or, les documents découverts par le Guardian montrent que presque deux tiers des aides d'urgence de l'ONU en matière de santé ont été distribuées dans les zones contrôlées par le pouvoir syrien. Seulement 13% des aides de l'OMS ont atteint les zones assiégées et souvent contrôlées par les rebelles. L'ONU admet d'ailleurs que Damas contrôle la distribution de l'aide et limite les partenaires autorisés à travailler avec l'organisation.
Ces derniers mois, plusieurs groupes humanitaires syriens ont reproché à l'ONU d'être sous le joug du régime de Bashar. 73 d'entre eux ont même suspendu en septembre leur coopération avec l'organisation mondiale.
Ces personnes auraient notamment été embauchées dans des organismes de secours comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon un ancien responsable de l'Organisation des Nations Unies interrogé par le Guardian, chaque institution spécialisée dans les opérations de secours compterait au moins "une personne gravitant dans le cercle immédiat des figures politiques syriennes". L'information fait vivement réagir certaines ONG, comme The Syria Campaing qui a déclaré au Guardian qu'il était "absolument inconcevable qu'une agence de l'ONU censée aider les réfugiés puisse employer des proches d'Assad".
De son côté, l'ONU clame toujours son impartialité. Un porte-parole de l'organisation explique au journal britannique que "les liens familiaux ne sont pas pris en compte" lors des embauches, et que "des enquêtes ne sont même pas diligentées sur le sujet". L'organisation pour la paix va même plus loin en affirmant que la présence de proches du dictateur dans ses rangs n'est pas une menace pour son travail. Et que ses équipes doivent "refléter la diversité de la société syrienne".
Or, les documents découverts par le Guardian montrent que presque deux tiers des aides d'urgence de l'ONU en matière de santé ont été distribuées dans les zones contrôlées par le pouvoir syrien. Seulement 13% des aides de l'OMS ont atteint les zones assiégées et souvent contrôlées par les rebelles. L'ONU admet d'ailleurs que Damas contrôle la distribution de l'aide et limite les partenaires autorisés à travailler avec l'organisation.
Ces derniers mois, plusieurs groupes humanitaires syriens ont reproché à l'ONU d'être sous le joug du régime de Bashar. 73 d'entre eux ont même suspendu en septembre leur coopération avec l'organisation mondiale.
Israël/Palestine : L'authenticité du papyrus contestée
C'est une découverte qui pourrait avoir une portée politique. Ce
mercredi, un papyrus du VIIe siècle avant J.-C. portant la plus ancienne
mention, non religieuse, de Jérusalem en hébreu a été présenté en
Israël, qui se trouve en pleine polémique sur le vote à l'Unesco d'une
résolution concernant la préservation de cette ville trois fois sainte.
« C'est pour l'archéologie israélienne la première mention en hébreu de
la ville de Jérusalem en dehors de l'Ancien Testament », a indiqué Amir
Ganor, de l'Autorité israélienne des antiquités (AIA), lors de la
présentation de ce document à la presse à Jérusalem. La datation carbone
et la comparaison de la calligraphie des écritures sur des poteries
permettent d'affirmer que ce papyrus date d'environ 700 ans av. J.-C. Il
est plus ancien que les manuscrits de la mer Morte (IIe siècle av.
J.-C.), ces célèbres papyrus où furent transcrits de nombreux livres de
l'Ancien Testament. Le papyrus présenté ce mercredi n'a pas été
découvert lors d'une fouille, mais peu avant sa mise en vente sur le
marché noir international des antiquités par des trafiquants de la
région de Hébron (sud de la Cisjordanie occupée), selon l'AIA.
Cependant, cette découverte a été contestée. « Comment peut-on savoir qu'il ne s'agit pas d'un faux destiné au marché des antiquités ? » se demandait pourtant vendredi dans le quotidien Haaretz le professeur Aren Maier, spécialiste d'archéologie à l'université de Bar Ilan. Il a critiqué l'AIA pour avoir rendu public ce document « alors qu'il était clair à l'avance qu'il susciterait une controverse ». Pour lui, la datation au carbone 14 est insuffisante : « Il y a de nombreux exemples d'inscriptions rajoutées sur d'anciens supports. » Christopher Rollston, professeur à l'université américaine George Washington, a souligné que l'on pouvait facilement acquérir sur Internet d'anciens papyrus et y ajouter une inscription. En réponse, le professeur Shmuel Ahituv, de l'université hébraïque de Jérusalem a expliqué que le papyrus a été retrouvé plié, ce qui semble exclure qu'il s'agisse d'un faux, et que les mots figurant sur ce support sont « très rarement utilisés ». « Un faussaire aurait choisi un texte plus impressionnant », selon lui.
Cependant, cette découverte a été contestée. « Comment peut-on savoir qu'il ne s'agit pas d'un faux destiné au marché des antiquités ? » se demandait pourtant vendredi dans le quotidien Haaretz le professeur Aren Maier, spécialiste d'archéologie à l'université de Bar Ilan. Il a critiqué l'AIA pour avoir rendu public ce document « alors qu'il était clair à l'avance qu'il susciterait une controverse ». Pour lui, la datation au carbone 14 est insuffisante : « Il y a de nombreux exemples d'inscriptions rajoutées sur d'anciens supports. » Christopher Rollston, professeur à l'université américaine George Washington, a souligné que l'on pouvait facilement acquérir sur Internet d'anciens papyrus et y ajouter une inscription. En réponse, le professeur Shmuel Ahituv, de l'université hébraïque de Jérusalem a expliqué que le papyrus a été retrouvé plié, ce qui semble exclure qu'il s'agisse d'un faux, et que les mots figurant sur ce support sont « très rarement utilisés ». « Un faussaire aurait choisi un texte plus impressionnant », selon lui.
Irak: L'ONU rapporte des massacres de masse perpétrés par Daesh
Au moins 232 personnes ont été massacrées par Daesh cette semaine près de son fief de Mossoul, selon les
Nations unies, alors que le spectre d'un déplacement massif de civils en
Irak grandit de jour en jour.
Ces tueries, qui "ont été corroborées dans la mesure du possible" selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU, ne seraient que les dernières d'une série d'atrocités perpétrées par l'organisation extrémiste depuis 2014.
Des informations ont fait état d'"exécution par balles mercredi" 26 octobre de 232 personnes, a indiqué la porte-parole du Haut-commissariat pour les droits de l'homme, Ravina Shamdasani, à des journalistes à Genève. Parmi les victimes "figurent 190 anciens officiers de sécurité irakiens", a-t-elle ajouté, soulignant que le nombre total de personnes tuées pourrait être plus élevé.
Ces informations interviennent au lendemain de l'attribution du prestigieux prix Sakharov par le Parlement européen à deux victimes de la brutalité de Daesh.
Nadia Murad et Lamia Haji Bashar, qui ont survécu à une série de persécutions --enlèvement, viol, esclavage-- sont devenues des symboles de la défense de la communauté yézidie persécutée par les jihadistes.
L'offensive lancée le 17 octobre par les forces de sécurité irakiennes pour reprendre à Daesh son dernier grand bastion en Irak leur a permis de resserrer l'étau sur Mossoul par le nord, l'est et le sud, mais le nombre de personnes fuyant l'organisation ultraradicale augmente.
Les organisations humanitaires s'affairaient vendredi à mettre en place des camps capables d'accueillir les civils.
"Nous avons constaté une augmentation spectaculaire dans les chiffres ces derniers jours, et (les civils) vont maintenant dans les camps récemment mis en place", a déclaré à l'AFP Karl Schembri, conseiller régional du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Selon lui, la situation "est déjà inquiétante" parce que les forces irakiennes ne sont pas encore entrées dans la ville. Au moment où cela arrivera, "on assistera à un déplacement de masse", a-t-il ajouté.
Mais les déplacés de guerre sont seulement l'un des nombreux problèmes qui vont continuer à hanter l'Irak après la fin des combats.
L'autre enjeu de taille concerne la relation entre Bagdad et la région autonome kurde, dont les forces peshmergas ont joué un rôle important dans la guerre contre Daesh, combattant les jihadistes mais aussi étendant les territoires qu'elles contrôlent au-delà de leur frontière officielle.
Cela poserait surtout problème si le Kurdistan fait pression pour son indépendance, un sujet que le Premier ministre de cette région a dit vouloir remettre sur table après la prise de Mossoul.
"Aussitôt Mossoul libérée, nous allons nous réunir avec nos partenaires à Bagdad et discuter de notre indépendance", a affirmé Nechirvban Barzani au quotidien allemand Bild.
"Nous ne sommes pas arabes, nous sommes notre propre nation kurde. (...) A un moment, il y aura un référendum sur l'indépendance du Kurdistan et nous laisserons les gens décider", a-t-il ajouté, selon la traduction allemande.
Mais au 12e jour de l'offensive, la bataille de Mossoul est loin d'être terminée.
Soutenues par l'aviation de la coalition internationale sous commandement américain, les forces irakiennes fédérales et kurdes continuent leur progression et se sont déjà emparées de localités et villages aux environs de Mossoul.
Dans un entretien accordé à l'AFP, le général américain Joseph Votel, chef du Commandement central de l'armée américaine (Centcom), a estimé jeudi que jeudi que les forces irakiennes avaient "probablement tué environ 800 à 900 combattants de Daesh" jusqu'à présent.
Selon des estimations américaines récentes, il y a entre 3.000 à 5.000 combattants jihadistes à Mossoul, ainsi que plus de 2.000 autres dispersés à la périphérie de la ville.
Ces tueries, qui "ont été corroborées dans la mesure du possible" selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU, ne seraient que les dernières d'une série d'atrocités perpétrées par l'organisation extrémiste depuis 2014.
Des informations ont fait état d'"exécution par balles mercredi" 26 octobre de 232 personnes, a indiqué la porte-parole du Haut-commissariat pour les droits de l'homme, Ravina Shamdasani, à des journalistes à Genève. Parmi les victimes "figurent 190 anciens officiers de sécurité irakiens", a-t-elle ajouté, soulignant que le nombre total de personnes tuées pourrait être plus élevé.
Ces informations interviennent au lendemain de l'attribution du prestigieux prix Sakharov par le Parlement européen à deux victimes de la brutalité de Daesh.
Nadia Murad et Lamia Haji Bashar, qui ont survécu à une série de persécutions --enlèvement, viol, esclavage-- sont devenues des symboles de la défense de la communauté yézidie persécutée par les jihadistes.
L'offensive lancée le 17 octobre par les forces de sécurité irakiennes pour reprendre à Daesh son dernier grand bastion en Irak leur a permis de resserrer l'étau sur Mossoul par le nord, l'est et le sud, mais le nombre de personnes fuyant l'organisation ultraradicale augmente.
Les organisations humanitaires s'affairaient vendredi à mettre en place des camps capables d'accueillir les civils.
"Nous avons constaté une augmentation spectaculaire dans les chiffres ces derniers jours, et (les civils) vont maintenant dans les camps récemment mis en place", a déclaré à l'AFP Karl Schembri, conseiller régional du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Selon lui, la situation "est déjà inquiétante" parce que les forces irakiennes ne sont pas encore entrées dans la ville. Au moment où cela arrivera, "on assistera à un déplacement de masse", a-t-il ajouté.
Mais les déplacés de guerre sont seulement l'un des nombreux problèmes qui vont continuer à hanter l'Irak après la fin des combats.
L'autre enjeu de taille concerne la relation entre Bagdad et la région autonome kurde, dont les forces peshmergas ont joué un rôle important dans la guerre contre Daesh, combattant les jihadistes mais aussi étendant les territoires qu'elles contrôlent au-delà de leur frontière officielle.
Cela poserait surtout problème si le Kurdistan fait pression pour son indépendance, un sujet que le Premier ministre de cette région a dit vouloir remettre sur table après la prise de Mossoul.
"Aussitôt Mossoul libérée, nous allons nous réunir avec nos partenaires à Bagdad et discuter de notre indépendance", a affirmé Nechirvban Barzani au quotidien allemand Bild.
"Nous ne sommes pas arabes, nous sommes notre propre nation kurde. (...) A un moment, il y aura un référendum sur l'indépendance du Kurdistan et nous laisserons les gens décider", a-t-il ajouté, selon la traduction allemande.
Mais au 12e jour de l'offensive, la bataille de Mossoul est loin d'être terminée.
Soutenues par l'aviation de la coalition internationale sous commandement américain, les forces irakiennes fédérales et kurdes continuent leur progression et se sont déjà emparées de localités et villages aux environs de Mossoul.
Dans un entretien accordé à l'AFP, le général américain Joseph Votel, chef du Commandement central de l'armée américaine (Centcom), a estimé jeudi que jeudi que les forces irakiennes avaient "probablement tué environ 800 à 900 combattants de Daesh" jusqu'à présent.
Selon des estimations américaines récentes, il y a entre 3.000 à 5.000 combattants jihadistes à Mossoul, ainsi que plus de 2.000 autres dispersés à la périphérie de la ville.
Israël/Palestine: La succession du président à l'ordre du jour
Le président palestinien Mahmud Abbas s'apprête à organiser le premier congrès de son parti Fatah depuis 2009, selon un responsable, une manoeuvre dans laquelle des analystes voient une volonté de se débarrasser de ses rivaux.
Le projet de réunir le congrès intervient alors que certains pays arabes font pression sur M. Abbas, 81 ans, pour autoriser le retour de son rival de longue date, Mohamed Dahlane, exilé aux Emirats arabes unis.
Pour certains analystes, le président palestinien veut saisir l'occasion pour écarter ses rivaux, alors que sa succession est au coeur des discussions.
"Tout le monde pense à la succession d'Abbas et chacun a ses favoris", affirme Hugh Lovatt, coordinateur pour Israël et la Palestine du Conseil européen des relations internationales (EFCR).
"Mahmoud Abbas ayant évincé ses rivaux potentiels en renforçant sa position, il n'y a aucun candidat naturel dans son camp pour lui succéder", relève-t-il.
Un membre du comité central du Fatah a indiqué sous le couvert de l'anonymat que le congrès devrait se tenir "avant la fin de l'année", vraisemblablement en novembre. Il s'agira du 7ème congrès du Fatah depuis sa création dans les années 1960, et du premier depuis 2009.
Il prévoit notamment l'élection des 23 membres du comité central du Fatah, dont Mahmud Abbas est le président, ainsi que des 132 membres du Conseil révolutionnaire.
Quatre pays arabes --l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Jordanie et les Emirats arabes unis-- ont fait pression sur M. Abbas afin de résoudre les divergences avec ses rivaux dans l'optique d'une réconciliation entre les différentes factions palestiniennes.
Outre les scissions au sein du Fatah, le parti de M. Abbas et le mouvement islamiste Hamas sont à couteaux tirés depuis la prise du pouvoir dans la bande de Gaza par ce dernier en 2007.
Selon un sondage récent, 65% des Palestiniens étaient pessimistes au sujet de cette réconciliation.
Une autre source de préoccupation pour M. Abbas est le fait que l'Arabie Saoudite n'a pas contribué financièrement au budget palestinien depuis le mois d'avril, selon le site internet du ministère des Finances palestinien.
Alors que ce pays fournit environ 20 millions de dollars (18,3 millions d'euros) par mois aux Palestiniens, certains suggèrent que l'argent est retenu en raison des impasses politiques au sein du leadership palestinien.
M. Dahlane, ancien puissant chef de la sécurité intérieure à Gaza, est tombé en disgrâce après la déroute de ses forces face aux combattants du Hamas en 2007.
"Ce n'est pas un secret que Dahlane est le candidat favori des pays arabes", souligne M. Lovatt.
M. Dahlane a appelé Mahmud Abbas a démissionner et n'a pas ménagé ses critiques contre le président palestinien, y compris dans une interview à la BBC diffusée dimanche.
De leur côté, des responsables du Fatah assurent que ce congrès n'est pas lié aux questions de succession.
Hussam Zomlot, conseiller en affaires stratégiques de M. Abbas, rappelle qu'il doit se tenir tous les cinq ans. "Il y a beaucoup d'interprétations sur ce congrès mais il s'agit juste de respecter le calendrier", affirme-t-il.
Pourtant, pour Jehad Harb, du Centre Palestinien de politique et de recherche, cette décision "est un moyen pour M. Abbas de conjurer ce qu'il considère comme une ingérence des pays arabes".
"Dahlane veut utiliser le soutien des pays arabes pour revenir au Fatah alors qu'Abbas tente d'exclure Dahlane sous couvert de décisions du Fatah", explique l'expert.
Le mandat de M. Abbas s'est terminé en 2009 mais il n'y a pas eu d'élections depuis.
L'ancienne porte-parole de M. Abbas, Diana Buttu, devenue une critique virulente de sa politique, affirme que le président palestinien avait créé un vide par ses manoeuvres afin d'écarter ses rivaux.
"Deux ans avant la mort d'Arafat, je pouvais vous dire qui allait lui succéder mais avec Abbas, nous ne savons pas qui va le remplacer ni même comment ça va se passer."
Syrie : Des migrants syriens, piégés en Grèce, veulent retourner en Syrie
Des
enfants jouent dans les flasques d'eau devant des tentes qui abritent
des migrants au camp d'Idomeni, le 9 mars 2016 en Grèce (Afp)
"Je veux rentrer en Syrie. Il y a la guerre dans mon pays mais ça fait sept mois que nous vivons en Grèce comme des prisonniers" : Adan, d'Alep, a abandonné son rêve d'aller en Allemagne, comme des milliers d'autres Syriens piégés en Grèce.
Il vient d'arriver à la gare de Didymoticho, un village près de la frontière gréco-turque, avec sa femme, ses trois enfants et cinq proches, et s'apprête à passer un contrôle policier avant de tenter de passer en Turquie, le début d'un long voyage de retour.
"Nous sommes dans la rue depuis des mois, sans logement. A notre arrivée en Grèce, nous sommes allés au camp d'Idomeni où nous y sommes restés pendant trois mois" espérant franchir la frontière gréco-macédonienne pour aller en Allemagne, raconte Adan.
Il décrit son séjour lamentable dans ce camp improvisé où plus de 10.000 réfugiés étaient alors entassés dans des conditions misérables, avant que le gouvernement grec décide finalement de le démanteler en mai et transférer les réfugiés dans des centres d'accueil avoisinants.
Adan et sa famille ont ensuite tenté leur chance à Thessalonique, grande ville grecque proche d'Idomeni, avant de se retrouver à Athènes. "Nous avons réalisé qu'on est bloqués par la fermeture des frontières et avons finalement décidé de rentrer", ajoute-t-il.
Plus de 60.000 réfugiés sont actuellement piégés en Grèce, notamment après l'accord UE-Turquie du 18 mars visant à renvoyer systématiquement en Turquie les réfugiés qui en arrivent.
Les réfugiés et les migrants se trouvent ainsi dans l'impasse et leur aspiration à un nouveau départ dans un pays européen s'avère désormais quasi-impossible.
Car le programme de relocalisation ou de regroupement familial, seuls moyens légaux pour habiter et travailler en Europe, s'est avéré une procédure compliquée et lente en raison des réticences des nombreux pays qui ne veulent plus de réfugiés sur leur territoire.
L'UE s'était engagée ainsi en septembre 2015 à relocaliser en deux ans 66.400 réfugiés depuis la Grèce. Seulement 4.926 sont partis en treize mois.
Le dernier espoir pour les réfugiés, serait de demander l'asile en Grèce, une procédure également longue, et un choix difficile car le pays est toujours plongé dans la crise, le taux de chômage étant le plus élevé de la zone euro.
Adan montre aux policiers de Didymoticho ses papiers octroyés par les autorités grecques lors de leur enregistrement sur l'île de Lesbos -principale entrée en Grèce en provenance des côtes turques.
"Avec leurs papiers, ils ont droit de se déplacer librement dans le pays mais nous savons qu'ils sont venus pour trouver des passeurs qui les aideront à traverser de nuit le fleuve frontalier d'Evros pour passer en Turquie (...)", confie à l'AFP un garde-frontière ayant requis l'anonymat.
"Ce genre de cas arrive quotidiennement (...), c'est fou: ce sont des gens malheureux, ils ont déjà payé pour venir illégalement en Grèce et là il faut qu'ils repaient pour rentrer chez eux, ce ne sont que les passeurs qui en profitent", assène ce policier.
Le niveau du fleuve le long de la frontière gréco-turque est actuellement assez bas. "Certaines personnes utilisent des barques mais par endroits on peut même traverser à pied", souligne Chrysovalantis Gialamas, président des garde-frontières de la région d'Evros.
Des dizaines de réfugiés arrivent chaque jour à la gare de Didymoticho ces dernières semaines. Certains possèdent même des documents de réfugiés allemands, et seraient donc revenus d'Allemagne, déçus de ne pouvoir s'y intégrer.
"Nous ne pouvons pas vraiment vérifier s'ils sont faux ou vrais", remarque prudemment un policier.
Mais outre ceux qui veulent quitter la Grèce, le flux des migrants en sens inverse, c'est-à-dire de la Turquie vers la Grèce, a également repris ces derniers mois, et la police a été contrainte de renforcer sa présence à la frontière terrestre gréco-turque.
Depuis juillet, 70 passeurs et plus d'un millier de réfugiés ont été arrêtés, selon la police.
Jeudi, un passeur grec présumé, a été arrêté près de Thessalonique alors qu'il transférait 40 Syriens dont 15 mineurs dans son camion. Ils avaient payé 1.500 euros chacun pour aller à Thessalonique d'où ils espéraient trouver un moyen pour aller en Europe du nord, selon la police.
Israël/Palestine : « Israélisation de la sécurité en France » (Clément Pétreault)
Nathan T. (Le prénom a été modifié) est un juge militaire. Béret
soigneusement plié sous le galon de son épaule gauche, ce colonel
israélien né en France préside la Cour d'appel de Judée-Samarie. Il
maîtrise parfaitement les rouages de la détention préventive, l'un des
piliers de la lutte antiterroriste israélienne. Depuis quelques mois, le
juge reçoit la visite de nombreux responsables politiques de la droite
française : Georges Fenech, Roger Karoutchi ou encore Pierre Lellouche –
trois soutiens de Nicolas Sarkozy – sont venus cet été étudier en
détail ce mécanisme administratif et judiciaire. Même les centristes s'y
mettent ! La semaine dernière, le juge a reçu la visite d'Hervé Morin
(Nouveau Centre), soutien de Bruno Le Maire. L'ancien ministre de la
Défense, devenu président de la région Normandie, qui plaide depuis
juillet pour une « israélisation de la sécurité », est lui aussi
convaincu qu'une détention préventive à la française est possible, sans
devoir renoncer à l'État de droit : « Ce système peut largement être
transposé dans le droit français dès lors qu'il fait l'objet d'un
contrôle par le juge dans son application », défend Hervé Morin, qui a
été confronté au terrorisme dans sa région avec l'assassinat du père
Hamel.
Imminence d'un danger
« Loups solitaires, attaques de lieux de culte, de policiers, de terrasses, de salles de concert..., la France connaît le même spectre d'attaques terroristes que l'on voit ici », avance le magistrat israélien, avant de détailler la philosophie du système. « Personne ne peut prétendre savoir ce qui va se passer à l'avance. En revanche, on peut avoir des sources de renseignements qui vous indiquent l'imminence d'un danger », avance-t-il. Et de poursuivre avec l'exemple – classique – de services de renseignements interceptant une conversation où un individu surveillé explique à son interlocuteur qu'il part, qu'il va devenir martyr, et lui confie son testament. « Il y a un risque imminent, nous devons donc l'interpeller. À partir de ce moment, nous aurons vingt-quatre heures pour le déférer devant un juge judiciaire. Si ce délai ne permet pas de récolter des preuves judiciaires, nous basculerons, avec l'accord du ministre de la Défense, sur une procédure administrative. Nous disposerons alors de quarante-huit heures pour le déférer devant un tribunal administratif. »
Preuves secrètes
Cette cour est habilitée à étudier les preuves secrètes « multiples et crédibles » produites par les services de renseignements. Limite du système : ces preuves secrètes ne peuvent être produites directement devant la défense de l'accusé. Elles sont donc « paraphrasées » par les services de renseignements et communiquées à un avocat assermenté qui en transmet à son tour le contenu à l'avocat de la défense. La peine prononcée ne peut excéder les six mois, renouvelables. « Au final, les détentions excèdent rarement plus de deux ans », explique le juge, qui refuse toute comparaison avec Guantánamo : « Guantánamo est né d'une situation extra-légale. Ici, nous avons une procédure législative rigoureuse, avec des preuves, des avocats et des recours possibles pour tous les condamnés. On est très loin de l'arbitraire », avance le juge.
Empêcher le passage à l'acte
La détention préventive israélienne n'a pas vocation à neutraliser à vie toute personne considérée comme potentiellement dangereuse. Elle permet uniquement d'empêcher un passage à l'acte et de gagner du temps pour régler la situation. « En l'état actuel, le droit français place souvent les services de renseignements face à un dilemme : agir et risquer la situation extra-légale ou attendre l'apparition de preuves juridiques et risquer un passage à l'acte... » explique Nathan T. Le nombre de personnes incarcérées préventivement en Israël varie au gré des tensions et des attaques. En mai 2014, près de 200 personnes étaient en détention préventive. En juin 2014, elles étaient près de 450, avant de passer à 370 fin 2015. Aujourd'hui, 629 personnes sont en rétention administrative. Après sa rencontre avec le juge Nathan T., Hervé Morin rêve d'une grande loi antiterroriste en France : détention préventive, autorisation du port d'arme pour les policiers et militaires retraités, décloisonnement des services de renseignements... Certains désirs de réformes prennent des airs de révolution.
(28-10-2016 - Par Clément Pétreault)
Imminence d'un danger
« Loups solitaires, attaques de lieux de culte, de policiers, de terrasses, de salles de concert..., la France connaît le même spectre d'attaques terroristes que l'on voit ici », avance le magistrat israélien, avant de détailler la philosophie du système. « Personne ne peut prétendre savoir ce qui va se passer à l'avance. En revanche, on peut avoir des sources de renseignements qui vous indiquent l'imminence d'un danger », avance-t-il. Et de poursuivre avec l'exemple – classique – de services de renseignements interceptant une conversation où un individu surveillé explique à son interlocuteur qu'il part, qu'il va devenir martyr, et lui confie son testament. « Il y a un risque imminent, nous devons donc l'interpeller. À partir de ce moment, nous aurons vingt-quatre heures pour le déférer devant un juge judiciaire. Si ce délai ne permet pas de récolter des preuves judiciaires, nous basculerons, avec l'accord du ministre de la Défense, sur une procédure administrative. Nous disposerons alors de quarante-huit heures pour le déférer devant un tribunal administratif. »
Preuves secrètes
Cette cour est habilitée à étudier les preuves secrètes « multiples et crédibles » produites par les services de renseignements. Limite du système : ces preuves secrètes ne peuvent être produites directement devant la défense de l'accusé. Elles sont donc « paraphrasées » par les services de renseignements et communiquées à un avocat assermenté qui en transmet à son tour le contenu à l'avocat de la défense. La peine prononcée ne peut excéder les six mois, renouvelables. « Au final, les détentions excèdent rarement plus de deux ans », explique le juge, qui refuse toute comparaison avec Guantánamo : « Guantánamo est né d'une situation extra-légale. Ici, nous avons une procédure législative rigoureuse, avec des preuves, des avocats et des recours possibles pour tous les condamnés. On est très loin de l'arbitraire », avance le juge.
Empêcher le passage à l'acte
La détention préventive israélienne n'a pas vocation à neutraliser à vie toute personne considérée comme potentiellement dangereuse. Elle permet uniquement d'empêcher un passage à l'acte et de gagner du temps pour régler la situation. « En l'état actuel, le droit français place souvent les services de renseignements face à un dilemme : agir et risquer la situation extra-légale ou attendre l'apparition de preuves juridiques et risquer un passage à l'acte... » explique Nathan T. Le nombre de personnes incarcérées préventivement en Israël varie au gré des tensions et des attaques. En mai 2014, près de 200 personnes étaient en détention préventive. En juin 2014, elles étaient près de 450, avant de passer à 370 fin 2015. Aujourd'hui, 629 personnes sont en rétention administrative. Après sa rencontre avec le juge Nathan T., Hervé Morin rêve d'une grande loi antiterroriste en France : détention préventive, autorisation du port d'arme pour les policiers et militaires retraités, décloisonnement des services de renseignements... Certains désirs de réformes prennent des airs de révolution.
(28-10-2016 - Par Clément Pétreault)
jeudi 27 octobre 2016
Israël/Palestine : La plus ancienne mention de Jérusalem retrouvée sur un papyrus
C'est une découverte qui pourrait avoir une portée politique. Ce mercredi, un papyrus du VIIe siècle avant J.-C. portant la plus ancienne mention, non religieuse, de Jérusalem en hébreu a été présenté en Israël, qui se trouve en pleine polémique sur le vote à l'Unesco d'une résolution concernant la préservation de cette ville trois fois sainte. « C'est pour l'archéologie israélienne la première mention en hébreu de la ville de Jérusalem en dehors de l'Ancien Testament », a indiqué Amir Ganor, de l'Autorité israélienne des antiquités (AIA), lors de la présentation de ce document à la presse à Jérusalem. La datation carbone et la comparaison de la calligraphie des écritures sur des poteries permettent d'affirmer que ce papyrus date d'environ 700 ans av. J-C. Il est plus ancien que les manuscrits de la mer Morte (IIe siècle av. J.-C.), ces célèbres papyrus où furent transcrits de nombreux livres de l'Ancien Testament. Le papyrus présenté ce mercredi n'a pas été découvert lors d'une fouille, mais peu avant sa mise en vente sur le marché noir international des antiquités par des trafiquants de la région de Hébron (sud de la Cisjordanie occupée), selon l'AIA.
Il avait été pillé dans une grotte du désert de Judée, dans la région de la mer Morte et sa saisie après une « enquête très longue » a permis de faire tomber « trois réseaux de trafiquants », a affirmé Amir Ganor, qui dirige la cellule de lutte contre la contrebande de l'AIA. Le morceau de papier végétal d'une dizaine de centimètres de long est recouvert d'une écriture en proto-hébreu encore bien lisible. Il s'agit d'un bordereau de livraison pour des jarres de vin à destination du roi à Jérusalem, rédigé par une fonctionnaire de la région de l'actuel Jéricho (en Cisjordanie). « Sa valeur marchande est très importante, mais sa valeur archéologique l'est encore plus, car c'est l'histoire du peuple juif, de ce pays, mais surtout de Jérusalem qui vient nous saluer avec ce papyrus », a précisé Amir Ganor.
Ce papyrus pourrait aussi avoir une valeur politique. Israël mène une campagne contre des votes d'un projet de résolution à l'Unesco qui bafoue, selon les responsables israéliens, le lien millénaire du peuple juif à la ville de Jérusalem. Cette résolution, présentée par sept pays arabes, vise à défendre le patrimoine palestinien de la partie de la ville occupée par Israël depuis 1967 puis annexée. « Il y avait il y a 2 700 ans des Juifs dans cette ville », assure Amir Ganor. Et l'apparition soudaine mercredi de cet artefact, saisi par les autorités israéliennes en 2012, n'est qu'une coïncidence, affirme l'archéologue. « Nous avions prévu d'annoncer cette découverte il y a huit mois », mais l'enquête a été longue, a-t-il ajouté. La ministre israélienne de la Culture, Miri Regev, une passionaria de la droite issue du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a qualifié dans un communiqué ce papyrus de « preuve que Jérusalem (bien Jérusalem) a été et restera toujours la capitale éternelle du peuple juif ».
Syrie: Raids mortels sur un bastion des rebelles islamistes
Dégâts dans une école du village de Hass, dans la province syrienne d'Idleb après un bombardement le 26 octobre 2016 (Afp)
Des raids menés mercredi par le régime de Bashar ou son allié russe sur la province d'Idleb, bastion de groupes rebelles islamistes et jihadistes, ont fait 35 morts, selon une ONG, alors que se profile une offensive pour chasser Daesh de son fief de Raqa.
L'Unicef a annoncé que 22 enfants et six enseignants avaient été tués par des frappes aériennes sur une école dans cette province, sans dire par qui ces frappes avaient été effectuées.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des avions militaires ont mené six frappes sur le village de Hass, contre une école et ses environs, tuant 35 civils, dont 11 enfants".
Un des projectiles est tombé à l'entrée de l'école au moment où les enfants étaient évacués en raison des bombardements, a affirmé à l'AFP un militant antirégime du Idleb Media Center qui a requis l'anonymat.
Des photos sur les réseaux sociaux montrent un avant-bras d'enfant sectionné avec la main toujours accrochée à un cartable et des corps d'enfants au visage ensanglanté.
L'AFP n'a pas pu vérifier de façon indépendante l'authenticité de ces photos.
Dans un communiqué, le directeur général de l'Unicef Anthony Lake dénonce "une tragédie" et un possible "crime de guerre". L'école a été attaquée "à plusieurs reprises", précise le communiqué sans donner davantage de détails.
Interrogé sur ce bombardement, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a déclaré: "C'est horrible, horrible. J'espère que nous n'étions pas impliqués". "Je dois d'abord voir ce que notre ministre de la Défense va dire", a-t-il ajouté.
La province d'Idleb (nord-ouest) est un bastion de Jaich al-Fatah (l'Armée de la conquête), coalition regroupant des rebelles islamistes et des jihadistes de Fateh al-Cham, anciennement Front al-Nosra, jusqu'à sa rupture officielle avec Al-Qaïda.
Selon l'OSDH, les raids aériens de Bashar et russes sur la province d'Idleb ont fait plus de 89 morts et 150 blessés en sept jours.
Parallèlement, l'offensive pour reprendre à Daesh son bastion syrien de Raqa (nord) se dessine.
Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a indiqué mercredi dans une interview à la chaîne de télévision américaine NBC qu'elle commencerait bientôt.
"C'est notre plan depuis longtemps, et nous sommes capables de soutenir" à la fois les offensives sur Mossoul, le bastion irakien de Daesh, qui a débuté le 17 octobre, et sur Raqa, a-t-il ajouté.
Ce sera "dans quelques semaines", a-t-il précisé aux reporters en marge d'une réunion ministérielle de l'Otan à Bruxelles.
Il s'agit encore de "générer et positionner les forces" qui iront "isoler" Raqa, a-t-il souligné, affirmant que la Turquie était la bienvenue pour y participer.
La Turquie a lancé en août une offensive contre les jihadistes dans le nord de la Syrie, visant également à empêcher les Kurdes syriens de continuer leur expansion territoriale dans cette partie du pays.
L'armée turque et les groupes rebelles syriens qui lui sont alliés ont conquis les derniers territoires syriens que Daesh détenait le long de la frontière turque, coupant les derniers accès avec le monde extérieur des jihadistes syriens.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi que la Turquie était "déterminée à nettoyer dans les plus brefs délais" la ville syrienne de Minbej, non loin de la frontière, contrôlée par des milices kurdes soutenues par Washington.
Les groupes kurdes PYD (Parti de l'union démocratique) et sa branche armée, les YPG (Unités de protection du peuple), sont considérés comme des organisations terroristes par Ankara, qui reproche à Washington de soutenir ces groupes pour combattre Daesh.
Par ailleurs, la Russie s'en est pris mercredi à un haut responsable de l'ONU qui avait dénoncé les bombardements sur Alep-est comme une tactique pour vider cette partie de la ville de ses habitants.
Evoquant ces raids syriens et russes devant le Conseil de sécurité, le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien a estimé que "leurs conséquences sur la population ont été horribles". "Cette tactique est aussi évidente qu'inacceptable", a-t-il ajouté.
L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a accusé M. O'Brien d'avoir fait "une déclaration malhonnête" et de se montrer "arrogant".
Depuis son déclenchement en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 300.000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population.
(27-10-2016)
Israël/Palestine : L'Etat hébreu étend les zones de pêche autorisées pour les Palestiniens dans la Bande de Gaza
Un pêcheur palestinien au large de Gaza. (Photo: Mohammed Abed)
À partir du 1er novembre et pour une période de deux mois, Israël a annoncé vouloir étendre de 6 à 9 (16,6 km) milles les zones de pêche autorisées pour les Palestiniens au large de Gaza. Cette mesure est destinée à « accroître le volume d'activité de l'industrie de la pêche, qui est essentielle pour la Bande de Gaza », a indiqué dans un communiqué le Cogat, un organisme coordonnant les activités israéliennes dans les territoires palestiniens.
Pour mettre en application cette mesure et éviter des « irrégularités » de la part des pêcheurs palestiniens, des rencontres de coordination ont été organisées entre responsables israéliens et palestiniens, a ajouté le texte. La zone de pêche avait déjà été élargie à 9 milles entre avril et juin, avant d'être de nouveau ramenée à 6 milles.
Israël soumet la Bande de Gaza, dirigée sans partage par le Hamas, à un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2006. Limitée au nord et à l'est par le territoire israélien et à l'ouest par la Méditerranée, la Bande de Gaza est aussi soumise au sud au blocus égyptien. La marine israélienne ouvre régulièrement le feu, parfois mortellement, sur des bateaux gazaouis aux limites de la zone de pêche. Les Palestiniens essuient également les tirs ou les arraisonnements égyptiens au sud.
Dans un territoire asphyxié économiquement et ravagé par trois guerres entre 2008 et 2014, la pêche fait vivre, pauvrement, environ 4 000 familles. Après les accords d'Oslo de 1993, la zone de pêche a varié à plusieurs reprises, jusqu'à être réduite à 3 milles, puis portée à 6 milles après la guerre de juillet-août 2014.
(27-10-2016)
Syrie : Une école visée, au moins 22 morts
Les zones rebelles sont visées par des raids aériens. Image d'illustration. (Afp)
Au moins 22 civils, dont 7 enfants, ont été tués mercredi dans des raids aériens. Ces raids ont visé une école et ses environs dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest de la Syrie), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'OSDH avait dans un premier temps fait état d'une frappe contre deux écoles.
Un des projectiles est tombé à l'entrée de l'école en fin de matinée au moment où les enfants étaient évacués du bâtiment en raison des bombardements dans le quartier, a affirmé un militant anti-régime du Idleb Media Center qui a requis l'anonymat. Des photos diffusées par des militants sur les réseaux sociaux montrent un avant-bras d'enfant sectionné avec la main toujours accrochée à un cartable et des corps d'enfants au visage ensanglanté. L'Agence France-Presse n'a pas pu vérifier de façon indépendante l'authenticité de ces photos.
La province d'Idleb est contrôlée par l'Armée de la conquête, une alliance de groupes rebelles et djihadistes qui comprend le Front Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Selon l'OSDH, elle a été la cible de bombardements croissants ces dernières semaines. Depuis son déclenchement en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 300 000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population.
(26-10-2016)
Israël/Palestine : 13 extrémistes juifs inculpés pour apologie du meurtre de Palestiniens
Un
proche de la famille Dawabcheh, dans les décombres de la maison
détruite par un incendie, le 3 janvier 2016, dans le village de Duma en
Cisjordanie. (Afp)
La justice israélienne a inculpé mercredi 13 juifs accusés d'incitation à la violence et au "terrorisme" pour avoir célébré la mort d'un bébé palestinien et de ses parents, tués lors d'un incendie criminel qui avait suscité l'émoi dans le monde.
Les suspects, dont cinq sont mineurs, faisaient partie d'un groupe d'extrémistes de droite filmés lors d'un mariage en décembre au cours duquel ils célébraient la mort d'Ali Dawabcheh, 18 mois, brûlé vif et de ses parents Saad et Riham qui ont succombé quelques semaines plus tard.
La famille avait été surprise dans son sommeil par un incendie provoqué par des engins incendiaires lancés contre leur maison à Douma, un village dans le nord de la Cisjordanie occupée. Seul un des enfant de la famille a survécu au sinistre.
Deux jeunes Israéliens, dont un mineur, avaient déjà été inculpés le 3 janvier par la justice israélienne de meurtre et de complicité pour le crime de Douma.
Certains des suspects inculpés mercredi --mais non soupçonnés d'implication dans ces meurtres-- arboraient des t-shirts sur lesquels étaient inscrits des slogans anti-arabes. Ils ont également entonné des chants faisant l'apologie d'incendies de mosquées et appelant à la haine contre les Palestiniens durant les festivités du mariage.
Certains brandissaient des pistolets, des armes automatiques, des couteaux et des bouteilles ressemblant à des bombes incendiaires, tout en lacérant au couteau des images de la famille Dawabcheh.
Selon un communiqué du ministère de la Justice, les suspects, y compris le marié, "ont appelé à se livrer à des actes de violence et de terrorisme et fait éloge, sympathisé ou encouragé des actes de violence et de terrorisme".
Etant donné les circonstances et le moment où le mariage a été célébré, il y avait une "réelle possibilité" que la conduite des suspects puissent "susciter des actes de violence et de terrorisme", a ajouté le ministère de la Justice.
Les images du mariage diffusées par les médias quelques semaines après la cérémonie, ont été condamnées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a affirmé qu'elles montraient "le véritable visage d'un groupe qui constitue un danger pour la société et la sécurité d'Israël".
(26-10-2016)
La justice israélienne a inculpé mercredi 13 juifs accusés d'incitation à la violence et au "terrorisme" pour avoir célébré la mort d'un bébé palestinien et de ses parents, tués lors d'un incendie criminel qui avait suscité l'émoi dans le monde.
Les suspects, dont cinq sont mineurs, faisaient partie d'un groupe d'extrémistes de droite filmés lors d'un mariage en décembre au cours duquel ils célébraient la mort d'Ali Dawabcheh, 18 mois, brûlé vif et de ses parents Saad et Riham qui ont succombé quelques semaines plus tard.
La famille avait été surprise dans son sommeil par un incendie provoqué par des engins incendiaires lancés contre leur maison à Douma, un village dans le nord de la Cisjordanie occupée. Seul un des enfant de la famille a survécu au sinistre.
Deux jeunes Israéliens, dont un mineur, avaient déjà été inculpés le 3 janvier par la justice israélienne de meurtre et de complicité pour le crime de Douma.
Certains des suspects inculpés mercredi --mais non soupçonnés d'implication dans ces meurtres-- arboraient des t-shirts sur lesquels étaient inscrits des slogans anti-arabes. Ils ont également entonné des chants faisant l'apologie d'incendies de mosquées et appelant à la haine contre les Palestiniens durant les festivités du mariage.
Certains brandissaient des pistolets, des armes automatiques, des couteaux et des bouteilles ressemblant à des bombes incendiaires, tout en lacérant au couteau des images de la famille Dawabcheh.
Selon un communiqué du ministère de la Justice, les suspects, y compris le marié, "ont appelé à se livrer à des actes de violence et de terrorisme et fait éloge, sympathisé ou encouragé des actes de violence et de terrorisme".
Etant donné les circonstances et le moment où le mariage a été célébré, il y avait une "réelle possibilité" que la conduite des suspects puissent "susciter des actes de violence et de terrorisme", a ajouté le ministère de la Justice.
Les images du mariage diffusées par les médias quelques semaines après la cérémonie, ont été condamnées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a affirmé qu'elles montraient "le véritable visage d'un groupe qui constitue un danger pour la société et la sécurité d'Israël".
(26-10-2016)
Égypte : L'amertume monte avant des réformes économiques
Une
photo remise par la présidence égyptienne le 13 août 2016 du président
Abdel Fattah al-Sisi à l'inauguration d'une usine à Alexandrie.
Saisies de sucre dans les usines, montée en flèche des prix, raréfaction des devises étrangères: la frustration monte chez les Egyptiens et de nouvelles réformes économiques risquent encore de l'aggraver.
Avant le sucre, ce sont le riz, l'huile de cuisine, le lait infantile et les médicaments qui ont commencé à manquer dans les commerces du pays le plus peuplé du Moyen-Orient.
Ces pénuries mettent à mal la patience des Egyptiens, que les autorités ont tenté d'apaiser en saisissant plusieurs milliers de tonnes de sucre dans des usines cairotes de gâteaux et de pâtisseries la semaine dernière. Avec comme objectif de le revendre à moindre prix à la population.
Cette exaspération a trouvé son porte-parole en la personne d'un chauffeur de tuk-tuk qui l'a exprimée dans une vidéo ayant fait le tour d'internet.
Elle est aussi palpable à l'extérieur d'une boulangerie dans le quartier de Maadi au Caire, où la clientèle dénoncent la hausse des prix.
Le président Abdel Fattah al-Sissi "devait nous soulager mais il ne l'a pas fait", lance Oum Mahmoud, une femme de ménage. "J'ai voté pour lui. Il ordonne des projets, mais rien pour nous", ajoute-t-elle en faisant référence aux travaux récents d'extension du canal de Suez.
Dans un pays où 27,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon les chiffres officiels, et où l'inflation atteint 14%, la possibilité de manifestations de masse est un motif d'inquiétude pour le gouvernement.
Mais, dans l'actuel climat répressif, aucune opposition ne semble en mesure de mener la contestation. Et beaucoup d'Egyptiens sont las de l'instabilité qui ont éloigné les touristes et les investisseurs de leur pays.
Le président Sissi a récemment prévenu les Egyptiens que le temps était venu de s'atteler à des réformes économiques longtemps ajournées. "Les réformes sont difficiles, mais elles sont inévitables pour sauver la situation économique", a-t-il affirmé le 15 octobre.
Elles prévoient notamment de nouvelles réductions des coûteuses subventions publiques -7,9% des dépenses du gouvernement- allouées entre autres à l'électricité et à l'essence, afin de réduire le déficit budgétaire.
Le Parlement a également adopté en août l'instauration d'une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), fixée à 13% pour l'année fiscale 2016-2017, qui remplace une autre taxe sur la vente de 10%.
De telles mesures font partie des conditions liées à l'obtention d'un prêt du FMI de 12 milliards de dollars sur trois ans.
"Ce que le gouvernement essaie de faire ces derniers temps est d'obtenir le prêt du FMI et de bénéficier d'un niveau de financement décent", explique à l'AFP Mohamed Abu Basha, un économiste de la banque d'investissement EFG Hermes. Il s'agit de "résorber la pénurie de devises étrangères et les anomalies d'évaluation des prix, et de traiter le déséquilibre budgétaire afin de restaurer la macro-stabilité".
L'Egypte a vu ses réserves de dollars fondre ces dernières années, à 19,6 milliards en septembre, soit 50% de moins qu'en 2011, avant la révolution ayant provoqué la chute du président Hosni Moubarak.
Une grande partie de ces sommes a servi à soutenir la livre égyptienne face au billet vert, avec des dévaluations occasionnelles, seul recours pour les importateurs dans un pays où même les produits de première nécessité comme le blé viennent de l'étranger.
Les investisseurs et les bailleurs internationaux réclament depuis des années des mesures d'assainissement, dont la baisse des subventions, malgré leur impact sociaux.
Pour tenter d'en atténuer l'impopularité, le gouvernement les a accompagnées d'initiatives comme la saisie de sucre la semaine dernière.
Et les autorités ont fustigé les entreprises en les accusant d'entasser des provisions.
Mais cette attitude a "soulevé des inquiétudes dans la communauté des investisseurs", a souligné Menna Shams El Din, un responsable d'Edita Food Industries, la compagnie propriétaire de l'une des usines où le sucre a été saisi.
"Toute la gestion de la crise du sucre est très inquiétante pour les investisseurs", juge Ziad Bahaa Eldin, économiste et ancien vice-Premier ministre du gouvernement de transition mis en place après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi.
Le gouvernement oublie, selon lui, que la crise est aussi provoquée par la hausse du prix du sucre sur le marché mondial et de nouveaux droits de douanes.
Comme d'autres économistes, M. Bahaa Eldin ne s'attend cependant pas à des manifestations de masse, malgré un appel à manifester le 11 novembre lancé anonymement sur les réseaux sociaux.
(26-10-2016)
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