Le président François Hollande a refusé jeudi toute coopération avec
le gouvernement de Bashar el-Assad pour lutter contre le "terrorisme" en
Syrie et en Irak, appelant la communauté internationale à préparer une
réponse "humanitaire et militaire" face aux djihadistes de l’État
islamique. Montée en puissance des djihadistes au Moyen-Orient, conflit
en Ukraine, guerre à Gaza, chaos en Libye, épidémie d’Ebola : le
président a fixé les grandes lignes de sa diplomatie dans un contexte
international d’une exceptionnelle gravité. "Le conflit (syrien) a
débordé en Irak, pays déjà soumis aux divisions, aux conflits
interreligieux et à l’instabilité, si bien que l’État islamique s’est
engouffré dans la brèche, parce que le terrorisme se nourrit toujours du
chaos", a rappelé le président, lors d’un discours annuel devant les
ambassadeurs français. "Une large alliance est nécessaire mais que les
choses soient claires : Bashar el-Assad ne peut pas être un partenaire
de la lutte contre le terrorisme, c’est l’allié objectif des
djihadistes", a souligné François Hollande.
L’État islamique, qui est apparu en Syrie à la faveur de la guerre
civile entre les rebelles et le régime de Bashar el-Assad, a proclamé
fin juin un "califat" sur les régions qu’il contrôle en Syrie et en
Irak, où il a lancé le 9 juin une offensive d’envergure au nord de
Bagdad. Le régime de Damas s’est dit prêt à coopérer avec Washington,
qui a mené une centaine de frappes aériennes contre l’État islamique en
Irak. En Syrie, les Occidentaux et certains pays arabes du Golfe
soutiennent l’opposition dite modérée, à la fois contre les forces du
régime et contre celles des djihadistes.
François Hollande, qui a rappelé que la France avait livré des armes
aux Kurdes, en première ligne face aux djihadistes dans le nord de
l’Irak, a proposé de réunir une conférence internationale à Paris "pour
organiser la coordination de l’action internationale contre l’État
islamique, sur les plans humanitaire, sécuritaire mais aussi militaire".
Le chef de l’État a expliqué que l’objectif était que cette conférence
ait lieu rapidement, mais avec pour préalable obligatoire la
constitution d’un nouveau gouvernement irakien. Le chef de la diplomatie
Laurent Fabius a déjà indiqué que la France souhaitait la présence de
tous les pays de la région, y compris l’Iran, ainsi que les membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
Ironie de l’histoire, il y a un an jour pour jour, dans son discours
devant les ambassadeurs, François Hollande promettait de "punir", au
côté des Américains, le régime syrien accusé d’avoir tué des centaines
de personnes dans une attaque chimique dans la banlieue de Damas. Le
président américain Barack Obama renonçait in extremis le 31 août et, un
an plus tard, Paris en conçoit toujours de l’amertume, estimant même
que la situation en Irak et en Syrie aujourd’hui résulte largement de
cette inaction.
Deux jours après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu à Gaza, après
50 jours d’un conflit qui a provoqué des destructions massives et fait 2
143 morts côté palestinien et 70 côté israélien, François Hollande a
aussi appelé jeudi l’Europe à s’impliquer davantage dans la résolution
du conflit israélo-palestinien. "L’Europe fait beaucoup pour
reconstruire et développer la Palestine", mais "elle ne doit pas être
simplement un guichet auquel on s’adresse pour panser les plaies d’un
conflit récurrent", a-t-il jugé. En Libye, en proie depuis la mi-juillet
à des combats meurtriers entre milices rivales, le chef d’État français
a demandé aux Nations unies d’organiser un "soutien exceptionnel aux
autorités libyennes" pour rétablir l’État, sous peine de voir le
terrorisme se répandre "dans toute la région", sans préciser les formes,
civiles ou militaires, de ce soutien.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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