Les autorités syriennes se sont déclarées lundi prêtes à coopérer
avec la communauté internationale pour lutter contre les jihadistes,
dont ceux de l’Etat islamique (EI) accusé par l’ONU de "nettoyage
ethnique et religieux" en Irak.
Ce groupe ultra-radical a proclamé fin juin un "califat" à cheval sur
l’Irak et la Syrie, où il contrôle de larges pans de territoires.
Sur le terrain, l’EI a enregistré une importante victoire en Syrie en
s’emparant dimanche d’un aéroport militaire, mais a perdu du terrain
côté irakien.
Le régime de Damas s’est déclaré lundi "prêt à une coopération et à
une coordination" avec la communauté internationale pour lutter "contre
le terrorisme dans le cadre de la résolution 2170 du Conseil de sécurité
de l’ONU". Cette résolution vise à empêcher le recrutement et le
financement des jihadistes en Syrie et en Irak.
Néanmoins, a souligné le chef de la diplomatie syrienne Walid
Mouallem, toute frappe américaine contre les jihadistes en Syrie devra
être coordonnée avec Damas, car sinon il s’agirait d’une agression.
Washington, qui a mené depuis le 8 août plus de 90 frappes contre
l’EI dans le nord de l’Irak, a durci ces derniers jours le ton,
affirmant sa détermination à poursuivre ses raids et envisageant de les
étendre à la Syrie, où ce groupe ultra-radical affronte à la fois les
rebelles et le régime de Bachar al-Assad.
Le président américain Barack Obama "n’a pas (encore) pris de
décision" concernant d’éventuelles frappes en Syrie, a toutefois affirmé
lundi son porte-parole Josh Earnest.
En revanche, les Etats-Unis sont sur le point d’envoyer des
avions-espions et des drones au-dessus de la Syrie pour repérer les
jihadistes ultra-radicaux et préparer le terrain pour d’éventuelles
frappes aériennes, a indiqué un haut responsable américain à l’AFP
lundi.
Le ministre syrien a émis des doutes sur l’efficacité des seules
frappes. "Nous saluons tout effort dans la lutte contre le Front
al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaïda, ndlr) et contre l’Etat
islamique mais la vraie question est : les raids sont-ils efficaces pour
les liquider ? Je ne le pense pas", a-t-il lancé.
Il a prôné "l’assèchement des sources du terrorisme, notamment le
financement et l’armement avec le contrôle des frontières par les pays
limitrophes et un échange de renseignements ce qui n’est pas le cas
actuellement".
Le régime syrien considère tous les rebelles, jihadistes ou pas, comme des "terroristes".
"De graves et horribles violations des droits de l’Homme sont
commises chaque jour par l’Etat islamique (...) et des groupes armés
associés", a dénoncé la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme,
Navi Pillay.
Ils "mènent impitoyablement un nettoyage ethnique et religieux", qui
vise notamment les chrétiens, les Yazidis, les Shabaks et les Turcomans,
a-t-elle ajouté.
"De telles persécutions pourraient constituer des crimes contre
l’humanité", a souligné Mme Pillay, qui a appelé la communauté
internationale à ne pas les laisser "impunis".
Selon le chef d’état-major interarmées américain, le général Martin
Dempsey, l’EI représentera "bientôt une menace pour les Etats-Unis et
l’Europe". "Il est convaincu qu’il faut mettre la pression sur l’EI à la
fois en Irak et en Syrie", a ajouté son porte-parole Ed Thomas.
Signe de l’inquiétude grandissante, l’Arabie saoudite, l’Egypte, les
Emirats arabes unis, le Qatar et la Jordanie ont souligné dimanche "la
nécessité d’agir sérieusement" contre l’EI.
En Syrie, les jihadistes ont enregistré dimanche une importante
victoire en prenant l’aéroport de Tabqa, dernier bastion du régime dans
la province septentrionale de Raqa.
Mais de l’autre côté de la frontière, les forces kurdes et
irakiennes, qui collaborent contre les jihadistes depuis début août
—fait rare témoignant de la gravité de la situation—, ont en revanche
gagné du terrain contre l’EI.
Les Kurdes, appuyés par l’aviation irakienne, ont réussi lundi à
reprendre trois villages au nord-est de Bagdad, dans la province de
Diyala, ainsi que l’une des routes principales contrôlées par l’EI.
Les peshmergas (combattants kurdes) sont en outre sur le point de
contrôler toutes les entrées de Jalawla, une ville stratégique "car
c’est une porte d’entrée pour Bagdad", a déclaré à l’AFP Shirko Merwais,
un haut responsable d’un parti kurde.
Les Kurdes, toujours soutenus par l’aviation irakienne, ont également
réussi à repousser deux assauts sur la ville chiite de Tuz Khurmatu,
à 175 km au nord de Bagdad, après avoir repris dimanche la zone de
Qaraj, au sud-est de Mossoul (nord), première ville tombée aux mains des
insurgés le 10 juin et leur place forte depuis.
Les jihadistes ont lancé le 9 juin une offensive fulgurante en Irak
qui leur a permis de s’emparer de territoires dans cinq provinces du
pays, entraînant la fuite de dizaines de milliers de personnes,
notamment des membres des minorités.
Quelque 200 000 Yazidis ont ainsi été chassés de chez eux depuis début août, et des dizaines d’autres massacrés.
Outre la menace jihadiste, Bagdad doit apaiser les tensions confessionnelles entre sunnites et chiites.
Lundi, un attentat suicide contre une mosquée chiite dans l’est de
Bagdad a encore fait 11 morts, tandis qu’au moins huit personnes ont été
tuées dans deux attentats à la voiture piégée au nord de la capitale.
Les Etats-Unis ont condamné la dernière vague d’attentats en Irak
perpétrés par des "terroristes dépravés", exhortant une nouvelle fois le
pays à s’unir contre les jihadistes ultra-radicaux.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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