L’Irak massait des troupes mercredi en vue d’une opération visant à
briser le siège imposé par les jihadistes de l’Etat islamique (EI) sur
la ville chiite turcomane d’Amerli, où les habitants manquent d’eau, de
vivres et craignent d’être massacrés.
Alors que l’avancée en Irak et en Syrie de l’EI, dénoncé pour ses
exactions, suscite une inquiétude croissante de la communauté
internationale, au moins neuf pays ont promis des armes aux forces
kurdes irakiennes, fer de lance de la contre-offensive dans ce pays.
Parallèlement, selon le New York Times, le président Barack Obama est
sur le point de prendre une décision concernant des frappes aériennes
en Syrie et cherche à constituer une coalition internationale. Les
Etats-Unis, qui ont commencé des vols de reconnaissance sur le
territoire syrien, mènent déjà depuis le 8 août des raids aériens dans
le nord de l’Irak, en soutien aux forces kurdes.
Dans ce pays, la situation dans la ville chiite turcomane d’Amerli,
assiégée depuis plus de deux mois, devient de plus en plus préoccupante,
les habitants manquant d’eau et de nourriture et craignant un massacre
si les extrémistes sunnites prennent la cité.
En préparation d’une bataille visant à briser le siège, des milliers
de miliciens chiites se rassemblaient dans le secteur de Touz
Khourmatou, dans la province de Salaheddine, a indiqué un commandant,
volontaire civil. Un général de l’armée a déclaré que des troupes se
massaient également à Jabal Hamreen.
L’aviation irakienne a déjà mené neuf raids mardi contre des
positions jihadistes dans le secteur, situé à quelque 160 km au nord de
Bagdad, selon un colonel.
Les habitants réclament depuis des semaines une intervention
militaire, affirmant que leurs ressources ne cessent de diminuer, alors
que l’électricité est coupée.
Les hélicoptères leur apportant de l’aide et des munitions sont pris
pour cibles par les jihadistes, a expliqué Nihad al-Bayati, un ingénieur
qui a pris les armes pour défendre sa ville natale.
Il n’y a "pour l’instant aucune possibilité d’évacuer" les habitants
et l’aide humanitaire qui leur parvient est limitée, a déploré Eliana
Nabaa, porte-parole de la mission de l’ONU en Irak.
Samedi, le représentant spécial de l’ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov,
avait déjà appelé à une "action immédiate pour empêcher un possible
massacre", l’EI —qui considère les chiites comme des apostats— menant
dans les régions qu’il contrôle un "nettoyage ethnique et religieux",
selon les Nations unies.
Parallèlement, les Etats-Unis poursuivaient leurs frappes dans le
nord du pays, près d’Erbil, la capitale de la région autonome du
Kurdistan.
Alors que les forces kurdes sont en première ligne dans la bataille,
le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a annoncé que huit pays
—Etats-Unis, Albanie, Canada, Croatie, Danemark, Italie, France et
Royaume-Uni— s’étaient "engagés à (leur) fournir des armes". Le
président du Kurdistan a indiqué pour sa part que l’Iran avait été le
premier pays à lui en fournir, portant à 9 le nombre d’Etats impliqués.
Les Etats-Unis ont par ailleurs commencé leurs vols de reconnaissance
au-dessus de la Syrie pour localiser les positions des jihadistes et
préparer d’éventuelles frappes.
L’EI, qui a revendiqué la décapitation du journaliste américain James
Foley, a été rejeté en Syrie par les autres groupes rebelles en raison
de sa brutalité.
Une commission d’enquête de l’ONU a souligné mercredi que ce groupe
exécutait régulièrement des civils dans les lieux publics le vendredi
afin d’"instiller la terreur parmi la population".
Mais tandis que de nombreux pays occidentaux et arabes ont réclamé la
chute du régime de Bashar al-Assad —qui a violemment réprimé en 2011 un
mouvement de contestation populaire, devenu depuis une guerre aux
aspects de plus en plus complexes—, la présence de ces jihadistes en
Syrie place Washington dans une situation inconfortable.
Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a déclaré lundi
que son pays était prêt à coopérer avec la communauté internationale, y
compris Washington, pour lutter contre les jihadistes, mais a averti que
toute frappe en Syrie devait se faire en coopération avec Damas, sous
peine d’être considérée comme une "agression".
Mardi, une source syrienne à Damas a affirmé à l’AFP que "la
coopération a déjà commencé et que les Etats-Unis fournissent des
informations à Damas par le biais de Bagdad et de Moscou".
Mais la porte-parole du département d’Etat a rapidement démenti,
assurant que cette affirmation était "fausse". Et la Maison Blanche a
assuré exclure toute "coordination avec le régime Assad" dans ce
domaine.
Celui-ci est par ailleurs soupçonné par la commission d’enquête de
l’ONU d’avoir largué en avril des barils d’explosifs additionnés de
chlore dans trois secteurs de l’ouest du pays.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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