Le secrétaire d’État américain John Kerry a plaidé en faveur d’une
large coalition mondiale pour lutter contre les jihadistes de l’État
islamique (EI), qui multiplient les exactions dans les territoires dont
ils se sont emparés en Syrie et en Irak.
Face à la menace représentée par ce groupe sunnite extrémiste, les
six monarchies arabes du Golfe se réunissent samedi à Jeddah, en Arabie
saoudite. Pour sa part, le Royaume-Uni a relevé de "substantiel" à
"grave" son niveau d’alerte, craignant des attaques sur son sol de
membres britanniques de l’EI.
Alors que ce groupe - qui a notamment revendiqué la décapitation du
journaliste américain James Foley - a multiplié les atrocités ces
dernières semaines, M. Kerry a appelé à une "réaction conjuguée conduite
par les États-Unis et la plus large coalition de nations possible",
dans un tribune dans le New York Times.
Le chef de la diplomatie américaine a précisé qu’il chercherait, avec
le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, à former cette coalition lors
des discussions avec ses partenaires occidentaux en marge du sommet de
l’Otan, prévu au Pays de Galles les 4 et 5 septembre. Les deux hommes se
rendront ensuite au Moyen-Orient afin de rallier des soutiens "parmi
les pays qui sont le plus directement menacés".
"Nous ne permettrons pas au cancer de l’EI de s’étendre à d’autres
pays. Le monde peut affronter ce fléau, et au bout du compte le
vaincre", a-t-il assuré, en dénonçant les intentions "génocidaires" de
l’EI.
Le président américain Barack Obama a reconnu cette semaine que les
États-Unis, qui mènent depuis le 8 août des frappes aériennes contre les
jihadistes dans le nord de l’Irak, n’avaient "pas encore de stratégie"
pour lutter contre l’EI en Syrie.
Mais M. Kerry a souligné que M. Obama proposerait un plan d’action
contre l’EI lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, dont son
pays prend la présidence en septembre.
Vendredi, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a prévenu les pays
occidentaux qu’ils seraient la prochaine cible des jihadistes, en
l’absence d’une réaction "rapide". "Si on les néglige, je suis sûr
qu’ils parviendront au bout d’un mois en Europe, et un mois plus tard en
Amérique", a-t-il mis en garde.
Face au danger représenté par les centaines de Britanniques aguerris
au jihad en Irak et Syrie, la Grande-Bretagne a d’ores et déjà relevé
vendredi, pour la première fois depuis 2011, à "grave" son niveau
d’alerte, le quatrième niveau sur une échelle de cinq.
"Avec l’État islamique, nous sommes confrontés à la menace la plus
grave que nous ayons jamais connue", a déclaré le Premier ministre David
Cameron.
Les États-Unis en revanche n’envisagent pas pour le moment de relever
leur niveau d’alerte, n’ayant pas "connaissance d’une menace spécifique
et crédible de l’État islamique sur le sol américain", selon le
ministre de la Sécurité intérieure, Jeh Johnson.
Né en 2006 en Irak sous un autre nom, l’EI est réapparu avec toute sa
force en 2013 en pleine guerre en Syrie. En Irak, il a lancé une
offensive fulgurante le 9 juin, s’emparant de larges territoires, ce
qu’il l’a conduit à proclamer un califat sur les régions conquises dans
les deux pays.
Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), plus de 1,6
million d’Irakiens ont été déplacés cette année par les violences, dont
850.000 durant le seul mois d’août.
Dans ce pays, l’attention se concentre actuellement sur la ville
chiite turcomane d’Amerli, au nord de Bagdad, assiégée depuis plus de
deux mois par l’EI et contre laquelle les forces de sécurité se
préparent à lancer un important assaut, selon des officiers.
En Syrie voisine, où le conflit présente des aspects de plus en plus
complexes, les rebelles luttant désormais à la fois contre le régime de
Bashar al-Assad et leurs anciens alliés de l’EI, les violences ont fait
en bientôt trois et demi 191 000 morts selon l’ONU.
Le nombre de réfugiés a dépassé lui les trois millions, dont un
million en 2013, a indiqué le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).
Outre les réfugiés, 6,5 millions de personnes ont été déplacées, ce qui
signifie que près de 50% des Syriens ont été contraints de fuir leurs
foyers.
Sur le terrain, les forces gouvernementales ont mené vendredi une
offensive sans précédent contre un quartier clé de Damas, Jobar, tenu
par les rebelles depuis un an.
Dans le même temps, dans le sud du pays, l’ONU négociait pour obtenir
la libération des 44 Casques bleus fidjiens enlevés par des rebelles
syriens, qui assiègent également 72 soldats philippins des Nations unies
sur le plateau du Golan.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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