Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ne voient pas d’un
bon oeil la venue en France du prince du Bahreïn. Cavalier de renom, le
cheikh Nasser Ben Hamad Al-Khalifa participe aux Jeux équestres
mondiaux qui ont lieu en ce moment à Sartilly (Manche) et se tiennent
jusqu’au 7 septembre. Une participation qui fait grincer des dents les
défenseurs des droits de l’homme, rapporte Le Monde.
Le quatrième fils du roi du Bahreïn, Hamed ben Issa Al-Khalifa, est
en effet accusé d’avoir ordonné, voire pratiqué lui-même, des actes de
torture sur des opposants politiques lors de la révolte survenue dans le
pays en 2011, dans le sillage du Printemps arabe. Certaines ONG, à
l’image d’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat),
considèrent ainsi la présence du prince du Bahreïn dans l’Hexagone comme
une provocation.
C’est "un véritable pied de nez fait aux victimes, avec la complicité
passive de la France". "En faisant participer le prince Nasser aux Jeux
équestres mondiaux, les autorités bahreïnies montrent qu’elles
considèrent comme acquise l’impunité des tortionnaires, notamment au
plus haut niveau du royaume", dénonce l’association dans un communiqué.
Selon Paris Match, au moins trois des treize dissidents arrêtés entre
le 17 mars et le 9 avril 2011, puis condamnés à des peines allant de
deux ans de prison à la détention à perpétuité, assurent avoir
directement été maltraités par le jeune homme âgé aujourd’hui de 27 ans.
Mohammad Habib al Miqdad, célèbre militant suédois, Mohammad Hassan
Jawwad et Abdullah al Mahroos "présentent [tous trois] des séquelles, et
leurs récits sont concordants", indique Hélène Legeay, responsable
Maghreb et Moyen-Orient à l’Acat.
Le Bahrain Center for Human Rights (BCHR) rapporte le témoignage de
Mohammad Habib al Miqdad, qui a raconté s’être fait violemment frapper
par le prince aidé de plusieurs geôliers. Le Cheikh l’interrogeait alors
sur les slogans que l’opposant entonnait un jour de manifestation. De
son côté, Abdullah al Mahroos relate entre autres que le prince l’a
forcé à ouvrir la bouche pour lui cracher dedans. Mohammad Hassan Jawwad
explique pour sa part avoir été frappé avec un tuyau sur la tête.
D’autres ONG vont même plus loin, demandant l’arrestation de Nasser
Ben Hamad Al-Khalifa sur le sol français. "En France, il ne peut
bénéficier d’aucune immunité", a estimé jeudi sur France Info Patrick
Baudouin, le président d’honneur de la Fédération internationale des
ligues des droits de l’homme (FIDH).
"Il est ici pour un séjour privé en tant que participant aux épreuves
des Jeux équestres mondiaux [...]. La justice française est
parfaitement compétente pour le poursuivre puisqu’elle a ratifié une
convention contre la torture, qui fait obligation aux autorités de
poursuivre, arrêter et juger si nécessaire toute personne se trouvant
sur son territoire et soupçonnée d’avoir accompli des actes de torture,
quel que soit le pays où ces actes ont été accomplis, quelle que soit la
nationalité de l’auteur et de la victime", a poursuivi Patrick
Baudouin.
"Nous avons attiré l’attention des autorités politiques et
judiciaires françaises pour leur demander de remplir leurs obligations
et, au minimum, d’interpeller et d’interroger le prince sur les actes
qui lui sont reprochés", a-t-il conclu.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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