L’aide humanitaire et les produits de consommation ont commencé à
entrer jeudi dans la bande de Gaza, dévastée par 50 jours d’un conflit
meurtrier, les Gazaouis plaçant désormais tous leurs espoirs dans
l’allègement du blocus israélien prévu par l’accord de cessez-le-feu.
Mardi, Israéliens et Palestiniens ont mis un terme à la guerre, la
troisième en six ans à Gaza contrôlée par le mouvement Hamas, en
acceptant cet accord. Depuis, les habitants de l’enclave palestinienne
ravagée par le pilonnage de l’aviation israélienne tentent de revenir à
un semblant de vie normale.
Du 8 juillet au 26 août, plus de 2140 Palestiniens ont été tués dans
l’étroite langue de terre coincée entre Israël, l’Egypte et la
Méditerranée et plus de 11 000 blessés, selon les secours locaux.
Les dégâts matériels sont énormes alors que près d’un demi-million de
Gazaouis - le quart de la population - ont été déplacés ; près de
55.000 maisons ont été touchées par les raids israéliens, dont au moins
17 200 totalement ou quasi-totalement détruites, selon l’ONU, et au
moins 100 000 personnes ont besoin d’une solution de relogement.
Le blocus imposé depuis 2006 empêchait l’entrée de nombreux matériaux
de construction, Israël refusant de laisser passer tout produit pouvant
servir à la fabrication d’armes, notamment de roquettes, régulièrement
tirées sur son sol. Mais après l’accord conclu sous l’égide des
Egyptiens, il s’est engagé à desserrer l’étau.
La zone de pêche a été ramenée à six milles nautiques, contre 3, et
devrait atteindre 12 milles à terme. En outre, Israël a indiqué qu’il
allègerait les restrictions sur l’entrée des biens à Gaza en autorisant
aux deux points de passage, Erez et Kerem Shalom, l’aide humanitaire et
certains matériaux de construction.
Jeudi, à Kerem Shalom, une longue file de camions était visible, la
plupart chargés de marchandises pour les magasins de Gaza, certains
apportant de l’aide humanitaire. Aucun matériau de construction n’était
en revanche visible.
"Pendant la guerre on traversait, mais seulement avec de l’aide.
Aujourd’hui, j’apporte des produits destinés aux magasins de Gaza", a
indiqué à l’AFP Abou Amer, alors que son camion passait à l’inspection.
Les Israéliens contrôlent toutes les ouvertures de Gaza sur le monde,
à l’exception du point de passage de Rafah, qui relie l’enclave à
l’Egypte. Mercredi, pour la première fois depuis 2007, un convoi d’aide
humanitaire du PAM (Programme alimentaire mondial) a pu le traverser
pour apporter à Gaza suffisamment de nourriture pour 150 000 personnes
pendant cinq jours.
Raëd Fattouh, le chef du comité de liaison palestinien qui assure la
coordination aux points de passage avec les Israéliens, a expliqué à
l’AFP que le trafic à Erez et Kerem Shalom devait reprendre comme avant
la guerre, le temps que les deux parties négocient les nouvelles
procédures prévues par l’accord de cessez-le-feu.
L’ONG israélienne Gisha qui milite pour la liberté de mouvement des
Palestiniens a appelé à modifier les inspections drastiques pour
accélérer la reconstruction, rappelant que 70 000 Gazaouis travaillent
dans le bâtiment. Sans cela, "elle prendra au moins 100 ans", a estimé
Sari Bashi, co-fondatrice de l’ONG.
"Depuis décembre 2013, Israël a autorisé l’entrée de matériaux de
construction pour les organismes internationaux, mais le processus est
compliqué est très long", a-t-elle ajouté.
Dans le territoire exigu, la précédente guerre, en 2012, s’était
soldée par un accord quasi-similaire. A l’époque, le blocus n’avait pas
été allégé.
L’accord de cessez-le-feu reporte à des pourparlers prévus au Caire
sous un mois, les discussions sur les questions les plus sensibles,
comme la libération de prisonniers palestiniens, la réouverture de
l’aéroport à Gaza ou la démilitarisation de l’enclave.
D’ores et déjà le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a rejeté toute
tentative qui viserait à désarmer son mouvement à Gaza, la principale
exigence d’Israël en vue d’un accord à long terme.
"Les armes de la résistance sont sacrées", a déclaré M. Mechaal lors
d’une conférence de presse à Doha (Qatar) où il vit en exil.
Moussa Abou Marzouq, numéro deux du Hamas en exil, est arrivé jeudi à
Gaza, où il a appelé à lancer au plus vite la reconstruction, tout en
prévenant que les combattants devaient "retourner à l’entraînement" pour
préparer l’avenir.
Côté israélien, Netanyahu a affirmé que le Hamas n’avait obtenu
"aucune de ses demandes" et annoncé un plan d’indemnisation pour les
Israéliens vivant en bordure de Gaza, durement touchés par les tirs de
roquettes. Soixante quatre soldats ont été tués durant le conflit, de
même que six civils -cinq Israéliens et un Thaïlandais- par les tirs de
roquettes.
(29-08-2014)
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