Le cessez-le-feu illimité décrété mardi dans la bande de Gaza a été
respecté dans la nuit mais après sept semaines de tirs de roquettes
palestiniennes, Israël s’est réveillé mercredi au son des vives
critiques contre la gestion du conflit par le Premier ministre Benjamin
Netanyahu.
A Gaza, où les partisans du Hamas ont fêté une "victoire" mardi soir,
la population profitait des premières heures sans raids aériens
israéliens pour se rendre dans les banques et les magasins et tenter de
reprendre une vie normale.
En Israël, les sirènes d’alerte ont cédé la place aux cris de colère contre une issue jugée insatisfaisante.
"Après 50 jours d’une guerre pendant laquelle une organisation
terroriste (le Hamas, NDLR) a tué des dizaines de soldats et de civils
(israéliens), perturbé la vie quotidienne et plongé le pays dans une
situation économique dramatique (...) nous étions en droit d’attendre
bien plus que l’annonce d’un cessez-le-feu", écrit Shimon Shiffer dans
Yedioth Ahronoth, le journal le plus diffusé d’Israël.
"Nous aurions pu espérer que le Premier ministre se rende à la
résidence du Président et l’informe de sa décision de démissionner",
ajoute-t-il.
Benjamin Netanyahu, cible pendant le conflit de critiques régulières
des membres d’extrême-droite de sa coalition gouvernementale, qui
plaidaient pour une intervention militaire terrestre massive contre le
Hamas, ne s’est pas exprimé depuis l’annonce de la trêve conclue sous
l’égide de l’Egypte.
Ce cessez-le-feu, d’une durée illimitée, contrairement aux
précédents, a mis fin à une guerre qui a fait 2139 morts et des dégâts
considérables côté palestinien et 70 morts, dont six civils, en Israël.
Il doit se traduire par la réouverture des points de passage entre
Gaza, Israël et l’Egypte, pour permettre l’acheminement d’une aide
humanitaire et de matériaux de reconstruction.
Un responsable du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a dit
souhaiter qu’ils soient placés sous la responsabilité des forces de
sécurité du président de l’Autorité palestinienne, Mahmud Abbas, et du
gouvernement d’union que son parti, le Fatah, a formé avec le Hamas en
juin.
Israël et l’Egypte, qui considèrent tous deux le mouvement islamiste
palestinien comme une menace pour leur sécurité, ont demandé des
garanties que celui-ci ne puisse pas reconstituer son arsenal.
"Nous n’avons pas d’objection à l’envoi d’une aide civile à Gaza", a
déclaré le porte-parole de Benjamin Netanyahu, Mark Regev. "Nous ne
voulons pas que le Hamas reconstitue sa machine militaire."
Dans un second temps, un mois environ après l’entrée en vigueur du
cessez-le-feu, Israéliens et Palestiniens devraient entamer des
négociations sur les sujets les plus sensibles, comme la construction
d’un port à Gaza et la libération de détenus du Hamas, peut-être en
échange de deux soldats israéliens que celui-ci détiendrait.
Cet accord n’a pas convaincu la plupart des éditorialistes de la
presse israélienne, nombreux à juger mercredi qu’Israël n’a fait que
reporter le problème.
"Au lieu d’ouvrir la voie à une suppression de la menace venant de
Gaza, nous posons les bases du prochain conflit, au Liban ou à Gaza",
accuse Nahum Barnea.
"Les Israéliens voulaient un chef, un homme d’Etat qui sait ce qu’il
veut, quelqu’un qui prend des décisions et qui engage un dialogue réel
et sincère avec ses concitoyens", écrit-il dans Yedioth Ahronoth. "Ils
n’ont eu qu’un porte-parole à la petite semaine, pas beaucoup plus."
Dans le quotidien Maariv (droite), Ben Caspit juge également que
l’Etat hébreu n’est pas sorti victorieux d’un conflit qui le laisse avec
"un secteur touristique au fond du trou (et) une économie au bord de la
récession".
Le correspondant militaire de Yedioth Ahronoth, Alex Fishman, est
plus indulgent envers Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense,
Moshe Yaalon, qu’il crédite d’avoir "compris dès le début l’absurdité de
ce conflit et saisi chaque opportunité de cessez-le-feu".
Le ministre du Logement, Uri Ariel, membre du parti d’extrême-droite
Foyer Juif, a d’ailleurs estimé que la coalition gouvernementale n’était
pas menacée, à court terme, par l’issue de la guerre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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