Plus de trois millions de Syriens ont fui leur pays ravagé par la
guerre et par les atrocités commises par l’État islamique, groupe
djihadiste contre lequel le président Barack Obama n’a pas encore décidé
de frappes en Syrie. Dans le sud de la Syrie, les négociations étaient
en cours vendredi pour obtenir la libération de 43 Casques bleus de
l’ONU toujours détenus sur le plateau du Golan par des groupes armés
rebelles alors que 81 autres sont bloqués dans deux localités de la
région.
Après plus de trois ans d’une guerre civile complexe devenue encore
plus sanglante avec la montée en puissance des djihadistes de l’EI, le
nombre de réfugiés a dépassé les trois millions, dont un million au
cours de la seule année 2013, a indiqué le Haut Commissariat pour les
réfugiés (HCR). Outre les réfugiés, 6,5 millions de personnes sont
déplacées à l’intérieur du pays, ce qui signifie que près de 50 % des
Syriens ont été contraints de quitter leur domicile, a souligné le HCR.
Dénonçant "les conditions de plus en plus épouvantables à l’intérieur
du pays" qui expliquent cette "hausse spectaculaire" des Syriens en
fuite, l’agence dépeint "des villes où la population est encerclée, les
gens sont affamés et les civils pris pour cibles ou tués sans
discrimination". Depuis mars 2011, le conflit s’est soldé par la mort de
plus de 180 000 personnes, dont un tiers de civils, selon une ONG
syrienne qui comptabilise les victimes au quotidien, l’ONU avançant le
chiffre de 191 000.
"La crise syrienne est devenue la plus grande urgence humanitaire de
notre époque. Pourtant le monde ne parvient pas à répondre aux besoins
des réfugiés et des pays qui les accueillent", regrette le HCR. Les
atrocités se multiplient en Syrie, où l’EI a exécuté cette semaine plus
de 160 soldats dans le nord du pays. Réputé pour sa cruauté, le groupe
est allé jusqu’à diffuser une vidéo montrant des dizaines de jeunes
hommes, présentés comme des soldats, en plein désert, en sous-vêtements,
pieds nus et les mains sur la tête, avant de faire un gros plan sur des
corps empilés, puis une interminable ligne de dizaines de corps gisant
côte à côte.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les soldats
abattus par balle ont été capturés après la prise de plusieurs bases
militaires dans la province septentrionale de Raqa, désormais totalement
aux mains de l’EI. Ce groupe extrémiste sunnite né en 2006 en Irak sous
un autre nom et réapparu avec toute sa force en 2013 en pleine guerre
en Syrie, a proclamé fin juin un califat islamique sur les régions
conquises à cheval dans ce pays et en Irak, où il est visé depuis le 9
août par des frappes américaines.
Mais face à ce groupe accusé de "nettoyage ethnique" par l’ONU, le
président américain Barack Obama a annoncé jeudi qu’il n’avait "pas
encore de stratégie" concernant des frappes similaires en Syrie. Si les
États-Unis avaient laissé entendre de possibles frappes en Syrie, leur
position reste délicate dans la mesure où Washington et Damas se
retrouveraient dans ce cas de figure face à un ennemi commun.
Depuis 2011, les États-Unis soutiennent en effet la rébellion contre
le régime de Bachar el-Assad, née après la répression par le pouvoir
d’une révolte pacifique avant de dégénérer en guerre civile. Barack
Obama a indiqué que son pays voulait "offrir aux gens en Syrie une
alternative à Assad ou l’EI" et qu’il entendait "continuer à soutenir
l’opposition modérée", affaiblie par l’arrivée des djihadistes. Ces
rebelles ne cessent de réclamer une aide militaire étrangère en Syrie.
Dans le sud de la Syrie, 43 Casques bleus originaires de Fidji sont
toujours retenus et 81 appartenant au contingent philippin sont
"empêchés de quitter leurs positions" dans deux localités de la région,
selon l’ONU. Washington a accusé la branche irakienne d’al-Qaida, le
Front Al-Nosra, de les détenir. En Irak, l’armée appuyée par des
miliciens chiites tentait de desserrer l’étau autour d’Amerli, une ville
chiite turcomène à 160 kilomètres au nord de Bagdad assiégée depuis
plus de deux mois par l’EI.
Alors que le patron de l’ONU Ban Ki-moon a dénoncé vendredi "les
massacres de civils" par l’EI dans le nord de l’Irak, le groupe a
décapité un combattant kurde dans cette région, avertissant que d’autres
exécutions auraient lieu si les kurdes poursuivent leur coopération
avec les États-Unis. La décapitation, montrée sur une vidéo diffusée sur
des sites djihadistes, intervient une semaine après une vidéo montrant
celle du journaliste américain James Foley en Syrie, et dans laquelle
l’EI menace un autre otage, Steven Sotloff, du même sort si les raids
américains se poursuivaient.
(29-08-2014 - Assawra)
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