La mort atroce du journaliste américain James Foley n’a pas seulement
bouleversé les opinions occidentales à tradition judéo-chrétienne ou
laïque. Elle suscite colère, gêne, réprobation dans la plupart des pays
d’islam et un sentiment de frustration et de révolte chez beaucoup de
croyants musulmans. En témoigne cet éditorial, publié par le New York
Times, d’Ed Husain, un chercheur de confession musulmane, membre du
Council on Foreign Relations américain et associé de la Fondation pour
la foi de Tony Blair. Il désigne le responsable, selon lui, de tous les
excès dont se rendent coupables non seulement l’État islamique en Irak
et en Syrie mais aussi al-Qaida en Afghanistan, au Pakistan et au Mali
ou encore Boko Haram au Nigeria.
Tous, écrit Ed Husain, s’inspirent de l’enseignement, des pratiques
et du prosélytisme de l’Arabie saoudite. Ou du moins de l’islam
salafiste, tel qu’il existe dans un endroit où les non-croyants ne
savent pas ce qui s’y passe puisqu’ils en sont bannis. Mais où 13
millions de musulmans viennent chaque année en pèlerinage puisqu’il
s’agit de La Mecque. Et en reviennent parfois endoctrinés. Un extrémisme
protégé par le royaume saoudien en vertu du pacte conclu en 1744 entre
la tribu des Saoud et le fondateur du wahhabisme, la forme la plus
littérale, rigoriste et puritaine de l’islam qui a donné lieu au
salafisme. Celle qui se donne pour mission de convertir tous les
musulmans à leur conception de la religion dont ils disent qu’elle est
libérée de "toute pollution occidentale".
Ed Husain sait d’autant mieux de quoi il parle qu’il a vécu en Arabie
saoudite. Il raconte d’ailleurs qu’en 2005 le roi Abdallah avait lancé
une campagne pour soutenir l’idée du dialogue avec les autres religions.
"Or, écrit-il, dans ma mosquée, l’imam profitait de la prière du
vendredi pour condamner cette ouverture parce qu’elle semblait mettre
sur un même plan l’islam et les fausses religions." Ed Husain fait
également remarquer que les pays démocratiques s’émeuvent à juste titre
de la décapitation de James Foley, mais qu’ils ne manifestent pas outre
mesure contre le fait que l’Arabie saoudite continue à pratiquer la
décapitation au sabre (déjà 19 exécutions pour l’année 2014), ce qui
indirectement encourage les musulmans de par le monde à recourir à des
pratiques barbares de ce genre.
Le paradoxe est que l’Arabie saoudite, dans une attitude ambivalente
(schizophrénie ou comble de l’hypocrisie), vient la semaine dernière
encore de doter de 100 millions de dollars l’agence créée par les
Nations unies... pour lutter contre le terrorisme.
(26-08-2014 - Assawra avec les agences de presse)
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