Les Etats-Unis ont maintenu la pression jeudi sur les jihadistes de
l’Etat islamique en lançant de nouvelles frappes dans le nord de l’Irak
après l’onde de choc provoquée à travers le monde par la décapitation
d’un journaliste américain.
Le Pentagone a révélé avoir mené, en vain, un raid en juillet pour
tenter de sauver les otages détenus par l’EI. Dans la vidéo montrant
l’assassinat de James Foley, les jihadistes menacent d’exécuter un
second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si le
pilonnage se poursuit.
L’armée américaine a mené six nouvelles frappes contre des positions
des insurgés aux environs du barrage stratégique de Mossoul, la deuxième
plus grande ville du pays, repris dimanche à l’EI par les forces kurdes
et irakiennes.
Depuis le début des bombardements, le 8 août, 90 frappes aériennes
ont été menées en Irak, selon le commandement américain chargé de la
région (Centcom). Le ministre américain de la défense Chuck Hagel devait
s’exprimer jeudi à 19H30 GMT.
Le président français François Hollande a appelé jeudi à une large
mobilisation internationale. "Ce n’est pas simplement un groupe
terroriste comme hélas on en a connu, dispersé, éparpillé, avec
plusieurs chefs, c’est une entreprise terroriste qui a décidé
d’asservir, d’annihiler, d’anéantir", a-t-il dit lors d’une visite à la
Réunion, dans l’océan Indien.
"Si le monde ne s’organise pas par rapport à ce groupe, il y aura
d’autres images aussi effroyables", a-t-il poursuivi, rappelant sa
proposition de prochaine conférence internationale "contre l’Etat
islamique et surtout pour la sécurité en Irak".
Mercredi, le président Barack Obama avait rendu hommage au
journaliste américain décapité, appelant "les gouvernements et les
peuples du Moyen-Orient" à lutter contre l’Etat islamique qui a conquis
de larges parties du territoire syrien et progresse rapidement en Irak,
pour "extraire ce cancer afin qu’il ne se répande pas".
"Quand des Américains sont visés quelque part, nous faisons ce qui
est nécessaire pour que justice soit faite", a-t-il promis. Mais peu
après ses déclarations, le Pentagone a reconnu avoir subi un échec
militaire "un peu plus tôt cet été" en Syrie.
Il a révélé qu’une opération avait été effectuée pour secourir "un
certain nombre d’Américains retenus en otage en Syrie" par le groupe
jihadiste mais qu’elle avait échoué, "parce que les otages n’étaient pas
présents" là où le pensaient les renseignements américains.
C’est la première fois que les Etats-Unis rendent publique une
opération de ce type sur le sol syrien depuis le début du conflit en
mars 2011.
Selon le site d’information américain GlobalPost, l’un des employeurs
de James Foley, ses ravisseurs avaient réclamé une rançon de de 100
millions d’euros.
M. Obama a jugé que l’EI, qui veut instaurer un califat en Irak et en
Syrie, n’avait "pas sa place au XXIe siècle" et que ce groupe islamiste
ultra-radical "ne parlait au nom d’aucune religion".
La vidéo diffusée sur internet et intitulée "Message à l’Amérique"
montre un homme s’exprimant en anglais avec un accent britannique,
masqué et habillé de noir qui semble couper la gorge de James Foley,
enlevé en novembre 2012 en Syrie.
Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il était
"de plus en plus probable" que le bourreau non identifié soit un
Britannique.
Pour le chef d’Interpol, Ronald Noble, cette implication probable
d’un Britannique démontre "une nouvelle fois la nécessité d’une réponse
multilatérale contre la menace de terreur de combattants radicalisés
transnationaux" au Moyen Orient.
Les images de l’exécution ont provoqué la révulsion et le début d’une
mobilisation plus large des pays occidentaux et ont aussi choqué le
pays musulman le plus peuplé du monde, l’Indonésie.
La France a dit envisager une "stratégie globale" contre un
"quasi-Etat terroriste", tandis que Berlin et Rome se sont dits prêts à
faire comme Washington et Paris, en livrant des armes aux forces kurdes
pour les aider à repousser l’offensive jihadiste dans le nord de l’Irak.
La présidence tunisienne a vivement condamné jeudi les "crimes
sauvages" de l’EI, jugeant que cette organisation représentait "un
danger pour tous les Etats de la région".
Le Qatar a également condamné jeudi la décapitation du journaliste
américain, dénonçant "un crime contraire aux principes de l’islam".
De son côté, l’Iran a lié une aide éventuelle dans la lutte contre
l’EI en Irak aux négociations nucléaires avec les grandes puissances.
"Si nous acceptons de faire quelque chose en Irak, l’autre partie dans
les négociations devrait faire quelque chose en retour", a déclaré le
chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, cité par l’agence
officielle Irna.
Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, qui dirige un pays
où est pratiqué un islam modéré, a jugé la violence des jihadistes
"humiliante" pour les Musulmans.
"C’est choquant, hors de contrôle", a-t-il déclaré au quotidien The
Australian en appelant "tous les dirigeants à revoir leur façon de
lutter contre l’extrémisme".
(21-08-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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