Une enquête a été ouverte visant le président islamiste destitué par
l’armée Mohamed Morsi pour la livraison présumée au Qatar de "documents
relevant de la sécurité nationale" de l’Egypte, a indiqué mercredi
l’agence de presse officielle MENA.
M. Morsi encourt déjà la peine de mort dans plusieurs procès et
depuis sa destitution et son arrestation par les militaires en juillet
2013, ses partisans sont la cible d’une sanglante répression qui a fait
plus de 1400 morts.
L’ex-président islamiste "est accusé d’avoir livré au Qatar via la
chaîne qatarie Al-Jazeera des documents relevant de la sécurité
nationale égyptienne au moment où il occupait le poste de président de
la république (...), portant (ainsi) atteinte à la sécurité nationale du
pays", a indiqué l’agence Mena.
En mars, le ministre de l’Intérieur égyptien avait déjà accusé le
secrétaire de M. Morsi, Amine El-Serafi, d’avoir remis à un rédacteur en
chef d’Al-Jazeera et membre de la confrérie des Frères musulmans du
président islamiste des documents portant sur "l’armée, son armement et
le déploiement des troupes."
Les relations entre l’Egypte et le Qatar se sont détériorées après la
destitution de M. Morsi, les autorités égyptiennes dénonçant le
soutient apporté par le riche émirat aux Frères Musulmans, alors que
Doha condamne régulièrement la répression visant les pro-Morsi.
Et la chaîne d’information qatarie, Al-Jazeera, est également dans le
viseur des autorités : trois journalistes de son antenne anglophone,
détenus en Egypte, ont été condamnés en juin à des peines allant de sept
à 10 ans de prison, après avoir été accusés de soutenir les Frères
Musulmans en diffusant de fausses informations.
Moins d’un an après avoir destitué le premier dirigeant
démocratiquement élu du pays, l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi
se faisait élire triomphalement président en mai, alors que toute
opposition, religieuse comme laïque et libérale, avait été au préalable
éliminée par les autorités de transition qu’il avait fait installer.
Ces autorités sont par ailleurs régulièrement accusées d’utiliser la
justice comme outil de répression contre les partisans de M. Morsi.
Outre l’ex-président, la quasi-totalité des dirigeants des Frères
Musulmans sont derrière les barreaux et encourent la peine de mort.
Plus de 15 000 manifestants pro-Morsi ont également été emprisonnés
tandis que des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de
masse expéditifs qui ont provoqué un tollé international.
M. Morsi comparait actuellement devant la justice dans trois
affaires, dont un procès pour espionnage dans lequel il est accusé avec
ses 35 co-accusés d’avoir comploté avec le mouvement islamiste
palestinien Hamas et la République islamique d’Iran pour déstabiliser
l’Egypte.
Dans une autre affaire, il est accusé avec 130 autres personnes de
préparations d’attaques et d’évasion de prison lors de la révolte de
2011, qui mît fin aux 30 années de pouvoir de l’autocrate déchu Hosni
Moubarak.
Enfin, dans un troisième procès, il est accusé d’"incitation au
meurtre" de manifestants devant son palais présidentiel fin 2012.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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