mercredi 20 août 2014

Israël/Palestine : les hostilités ont repris

La bande de Gaza a recommencé mercredi le décompte macabre de ses morts après la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas, dont le chef militaire aurait échappé à la mort mais a perdu sa femme et un fils. Au moins vingt Palestiniens, dont neuf enfants, ont été tués depuis que le Hamas et Israël ont recommencé à échanger les tirs de roquettes et les frappes aériennes de représailles mardi soir, sans attendre l’expiration à minuit d’un cessez-le-feu de neuf jours.

Plusieurs milliers de Palestiniens criant vengeance ont mis en terre quatre d’entre eux dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dont la femme et un fils de Mohammed Deïf, l’insaisissable chef des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Widad, 27 ans, et leur fils Ali, sept mois, ont été tués mardi soir dans une frappe israélienne qui a fait au moins deux autres morts et qui a toutes les apparences d’une tentative d’élimination ciblée de Mohammed Deif. Un épais mystère entoure cette opération. Mais le Hamas a assuré que son chef militaire, qui a déjà échappé à au moins cinq tentatives d’élimination israéliennes, était toujours vivant et toujours aux commandes. "Le chef des Brigades al-Qassam, Abou Khaled (le nom de guerre de Mohammed Deif), est toujours vivant et dirige les opérations militaires", a dit à l’AFP un responsable proche du Hamas sous le couvert de l’anonymat. Les Brigades al-Qassam ont promis d’ouvrir "les portes de l’enfer" pour Israël en représailles. Les hostilités ont repris mardi soir quand des roquettes tirées de l’enclave palestinienne se sont abattues jusqu’à Tel-Aviv et Jérusalem et ont fait voler en éclats la trêve globalement respectée depuis le 11 août.

Les drones israéliens ont alors recommencé à frapper en représailles le territoire palestinien déjà dévasté par un mois de guerre. Depuis lors, au moins 137 roquettes ont été tirées contre Israël, dont 94 ont effectivement atteint son territoire, tandis que 24 étaient interceptées par le système israélien de défense anti-missiles et d’autres encore retombaient dans la bande de Gaza, a indiqué l’armée israélienne. Aucune victime n’a été rapportée.

Israël, lui, a visé 92 cibles et le bilan humain de l’opération Bordure protectrice lancée le 8 juillet pour faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels d’attaque du Hamas a continué à s’alourdir. Plus de 2 030 Palestiniens, majoritairement des civils selon les secours et les organisations humanitaires, sont morts dans la confrontation israélo-palestinienne la plus sanglante depuis la seconde Intifada et la troisième guerre en six ans dans la bande de Gaza.

Parmi eux, la deuxième femme de Mohammed Deïf et son fils, enveloppés dans le drapeau vert du Hamas, ont été inhumés par une foule en colère au cri de "Dieu est le plus grand" et dans les détonations de Kalachnikov tendues vers le ciel. Huit Palestiniens, dont trois enfants et une femme à la grossesse très avancée, ont été tués peu avant l’aube lors d’un raid israélien contre une maison de Deir el-Balah. Les médecins ont vainement tenté de sauver l’enfant qui n’était pas encore né. Côté israélien, soixante-quatre soldats ont trouvé la mort et trois civils ont été mortellement touchés par des tirs de roquettes depuis Gaza. La rupture du cessez-le-feu, qui expirait mardi à 23 heures, a stoppé les pourparlers de trêve menés depuis plusieurs jours entre Israéliens et Palestiniens par l’entremise des Égyptiens. Les tractations du Caire étaient censées transformer le cessez-le-feu en place en trêve prolongée.

Israël a rappelé ses émissaires quand la trêve a été rompue. Rien n’indiquait cependant à ce moment-là que les deux belligérants aux exigences apparemment inconciliables pouvaient s’entendre non seulement sur une cessation des hostilités, mais sur des dispositions de fond censées garantir que les combats ne reprennent pas dans six mois. "Le cessez-le-feu est mort et Israël est responsable", a dit Azzam al-Ahmed, le chef de la délégation palestinienne aux pourparlers, incluant le Hamas, le Jihad islamique et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui chapeaute l’Autorité palestinienne de Mahmud Abbas. "Israël entrave tout type d’accord conduisant à l’apaisement" dans la bande de Gaza, a accusé le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi au Caire.

Le médiateur égyptien a appelé Israéliens et Palestiniens à reprendre les négociations. Mais Israël n’a donné aucun signe de reprise rapide des discussions. "Les tirs de roquettes ont non seulement rompu le cessez-le-feu, ils ont aussi brisé les fondations sur lesquelles reposaient les discussions du Caire", a dit à l’AFP Mark Regev, porte-parole du Premier ministre Benyamin Netanyahou.

Les Israéliens font de la démilitarisation de l’enclave une condition sine qua non. Ils répètent qu’ils ne négocient pas "sous les bombes". Ils ont à coeur de ne rien paraître concéder au Hamas, organisation considérée comme terroriste par Israël, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis. Les Palestiniens ont affirmé maintes fois qu’ils ne signeraient aucun accord qui ne prévoirait pas une levée du blocus israélien de Gaza.

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