La bande de Gaza a recommencé mercredi le décompte macabre de ses
morts après la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas, dont le
chef militaire aurait échappé à la mort mais a perdu sa femme et un
fils. Au moins vingt Palestiniens, dont neuf enfants, ont été tués
depuis que le Hamas et Israël ont recommencé à échanger les tirs de
roquettes et les frappes aériennes de représailles mardi soir, sans
attendre l’expiration à minuit d’un cessez-le-feu de neuf jours.
Plusieurs milliers de Palestiniens criant vengeance ont mis en terre
quatre d’entre eux dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dont la femme
et un fils de Mohammed Deïf, l’insaisissable chef des Brigades
al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Widad, 27 ans, et leur fils Ali, sept mois, ont été tués mardi soir
dans une frappe israélienne qui a fait au moins deux autres morts et qui
a toutes les apparences d’une tentative d’élimination ciblée de
Mohammed Deif. Un épais mystère entoure cette opération. Mais le Hamas a
assuré que son chef militaire, qui a déjà échappé à au moins cinq
tentatives d’élimination israéliennes, était toujours vivant et toujours
aux commandes. "Le chef des Brigades al-Qassam, Abou Khaled (le nom de
guerre de Mohammed Deif), est toujours vivant et dirige les opérations
militaires", a dit à l’AFP un responsable proche du Hamas sous le
couvert de l’anonymat. Les Brigades al-Qassam ont promis d’ouvrir "les
portes de l’enfer" pour Israël en représailles. Les hostilités ont
repris mardi soir quand des roquettes tirées de l’enclave palestinienne
se sont abattues jusqu’à Tel-Aviv et Jérusalem et ont fait voler en
éclats la trêve globalement respectée depuis le 11 août.
Les drones israéliens ont alors recommencé à frapper en représailles
le territoire palestinien déjà dévasté par un mois de guerre. Depuis
lors, au moins 137 roquettes ont été tirées contre Israël, dont 94 ont
effectivement atteint son territoire, tandis que 24 étaient interceptées
par le système israélien de défense anti-missiles et d’autres encore
retombaient dans la bande de Gaza, a indiqué l’armée israélienne. Aucune
victime n’a été rapportée.
Israël, lui, a visé 92 cibles et le bilan humain de l’opération
Bordure protectrice lancée le 8 juillet pour faire cesser les tirs de
roquettes et détruire les tunnels d’attaque du Hamas a continué à
s’alourdir. Plus de 2 030 Palestiniens, majoritairement des civils selon
les secours et les organisations humanitaires, sont morts dans la
confrontation israélo-palestinienne la plus sanglante depuis la seconde
Intifada et la troisième guerre en six ans dans la bande de Gaza.
Parmi eux, la deuxième femme de Mohammed Deïf et son fils, enveloppés
dans le drapeau vert du Hamas, ont été inhumés par une foule en colère
au cri de "Dieu est le plus grand" et dans les détonations de
Kalachnikov tendues vers le ciel. Huit Palestiniens, dont trois enfants
et une femme à la grossesse très avancée, ont été tués peu avant l’aube
lors d’un raid israélien contre une maison de Deir el-Balah. Les
médecins ont vainement tenté de sauver l’enfant qui n’était pas encore
né. Côté israélien, soixante-quatre soldats ont trouvé la mort et trois
civils ont été mortellement touchés par des tirs de roquettes depuis
Gaza. La rupture du cessez-le-feu, qui expirait mardi à 23 heures, a
stoppé les pourparlers de trêve menés depuis plusieurs jours entre
Israéliens et Palestiniens par l’entremise des Égyptiens. Les
tractations du Caire étaient censées transformer le cessez-le-feu en
place en trêve prolongée.
Israël a rappelé ses émissaires quand la trêve a été rompue. Rien
n’indiquait cependant à ce moment-là que les deux belligérants aux
exigences apparemment inconciliables pouvaient s’entendre non seulement
sur une cessation des hostilités, mais sur des dispositions de fond
censées garantir que les combats ne reprennent pas dans six mois. "Le
cessez-le-feu est mort et Israël est responsable", a dit Azzam al-Ahmed,
le chef de la délégation palestinienne aux pourparlers, incluant le
Hamas, le Jihad islamique et l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP) qui chapeaute l’Autorité palestinienne de Mahmud Abbas.
"Israël entrave tout type d’accord conduisant à l’apaisement" dans la
bande de Gaza, a accusé le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil
al-Arabi au Caire.
Le médiateur égyptien a appelé Israéliens et Palestiniens à reprendre
les négociations. Mais Israël n’a donné aucun signe de reprise rapide
des discussions. "Les tirs de roquettes ont non seulement rompu le
cessez-le-feu, ils ont aussi brisé les fondations sur lesquelles
reposaient les discussions du Caire", a dit à l’AFP Mark Regev,
porte-parole du Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Les Israéliens font de la démilitarisation de l’enclave une condition
sine qua non. Ils répètent qu’ils ne négocient pas "sous les bombes".
Ils ont à coeur de ne rien paraître concéder au Hamas, organisation
considérée comme terroriste par Israël, mais aussi par l’Union
européenne et les États-Unis. Les Palestiniens ont affirmé maintes fois
qu’ils ne signeraient aucun accord qui ne prévoirait pas une levée du
blocus israélien de Gaza.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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