Avant 1948, les villages et villes situés à proximité de la bande de
Gaza s’appelaient Beer Saba’, Najd, Semsem, ‘Asqalan, Majdal, Joulos,
Asdud, Falouja, Joura, Barbara, Herbiya, ….. En 1948, les envahisseurs
sionistes et leurs bandes armées commettent des massacres et expulsent
les survivants palestiniens, vers la bande de Gaza ou la région
d’al-Khalil.
Asdud, qui comptait plus de 5000 habitants en 1948, fut ethniquement
épurée, pour faire place à une colonie du nom d’Ashdod ; les sionistes
n’ayant aucune mémoire ou histoire dans le pays reprennent souvent le
nom d’origine en le modifiant pour faire croire qu’il s’agit d’un lieu
juif. En 1998, les réfugiés palestiniens originaires d’Asdud étaient au
nombre de 33.000 réfugiés. Le village de Najd, qui comptait 719
habitants palestiniens en 1948, est rasé et sa population expulsée, et
la colonie nommée Sderot y fut implantée. Le nombre de réfugiés de Najd
s’élevait en 1998 à 4500 réfugiés. La population de Herbiya, le bourg
palestinien situé à 14 km au nord-est de Gaza, s’élevait à 2600
habitants, avant d’être rasé et sa population expulsée le 1er novembre
1948, pour que la colonie Zikim soit implantée. Le nombre de réfugiés
originaires de ce bourg s’élevait il y a une dizaine d’années à 16.000
Palestiniens. Ce ne sont que quelques exemples de ce qu’était la
« bordure de Gaza » où furent implantées des colonies juives. Ces terres
volées, sur lesquelles les colonies furent construites à la place des
villages, bourgs et villes, font partie de la Palestine, comme le reste
des terres, notamment à al-Jalil au nord de la Palestine et al-Naqab, à
l’Est de la bande de Gaza.
Aujourd’hui, la résistance palestinienne qui lutte à partir du
territoire de Gaza, lance ses fusées et roquettes sur l’ensemble du
territoire occupé par les sionistes, mais surtout sur les colonies
implantées dans la « bordure de Gaza ». Les colons qui se sont crus
longtemps à l’abri et pour lesquels leur entité a consacré d’importantes
sommes d’argent pour les y installer, vivent les moments les plus
« effroyables » de leur existence : leurs colonies sont sous les feux de
la résistance. Depuis plus d’un mois, soit ils ont quitté leurs
colonies pour se diriger vers le centre, soit ils vivent terrés dans les
abris que leur entité a fait construire. Ils sont en colère contre leur
gouvernement qui ne peut les protéger contre la résistance
palestinienne. Ils souhaitent la destruction de Gaza, voire la
disparition des Palestiniens mais leur gouvernement s’avère incapable :
il a menacé d’envahir le territoire et a même essayé, mais les lourdes
pertes subies par leur armée et la lâcheté de son élite super équipée
qui ne fait pas le poids face aux combattants palestiniens, l’ont amené à
reculer. Le gouvernement sioniste est dans l’impasse : il ne peut
protéger ses colons ni ses colonies, quoiqu’il fasse. Il a pensé que le
massacre de civils entraînerait la soumission de la résistance, mais
c’était sans compter sur la solidité interne du front palestinien et de
la volonté inébranlable des Palestiniens à vouloir continuer le combat.
Il a pensé qu’en assassinant des dirigeants de la résistance (plusieurs
dirigeants et leurs familles ont été ciblés et assassinés), mais c’était
sans compter sur la volonté des résistants à prendre la relève et à
poursuivre la lutte, une tradition d’ailleurs bien ancrée dans la
résistance palestinienne.
« Les portes de l’enfer » sont ouvertes, a déclaré le porte-parole du
mouvement Hamas, suite à la tentative d’assassinat du commandant des
Brigades al-Qassam, Mohamad Dayf, comme elles furent auparavant ouvertes
suite à l’assassinat du fondateur du mouvement du Jihad islamique, dr.
Fathi Shiqaqi, et suite à l’assassinat de sheikh Ahmad Yassine et de dr.
Rantissi, fondateur et dirigeants du mouvement Hamas, et suite à
l’assassinat de Abu Ali Mustafa et tant d’autres dirigeants de la
résistance. La résistance n’a pas faibli, au contraire. Elle est restée
fidèle à la voie de ses fondateurs et dirigeants et a développé ses
capacités, comme l’ont voulu les martyrs. Elle a décidé que « la bordure
de Gaza » serait son champ opératoire et vidée des colons.
Suite à la reprise de l’agression sioniste, Abu Ubayda, porte-parole
des Brigades al-Qassam, a ordonné aux colons vivant dans la bordure de
Gaza de ne plus y revenir. La zone leur est interdite. Les bombardements
intensifs de l’armée sioniste sur la bande de Gaza n’y changeront
rien : les villes, bourgs et villages palestiniens sur lesquels furent
implantées les colonies sionistes appartiennent désormais à la
résistance. C’est à présent son champ opératoire. Un bout de la
Palestine occupée en 1948, qui prolonge le territoire de Gaza, est en
passe d’être libéré de la colonisation sioniste.
Des commentateurs et analystes, enfermés dans les cadres des accords
d’Oslo, de la proclamation « d’indépendance » et du programme
transitoire de 1974, souhaitent que la défaite sioniste entraîne le
retrait des colons de la Cisjordanie et d’al-Quds, territoires occupés
en 1967, ayant peu à l’esprit ou craignant de poser clairement la
possibilité de « libérer toute parcelle de la Palestine occupée ». Ces
commentateurs et analystes ont fait leur la vision de l’ONU et de la
« communauté internationale », tout en admettant son injustice envers le
peuple palestinien, et notamment envers les réfugiés, 6 millions de
réfugiés palestiniens qui réclament de vivre libres dans leur pays.
Depuis que la question de la Palestine fut conçue comme une affaire
strictement palestinienne, et non plus arabe et musulmane, et que la
direction de l’OLP s’est repliée sur un programme transitoire, qui
serait « la libération des territoires occupés en 1967 », la conscience
sur la possibilité de libérer toute parcelle de la Palestine, y compris
des territoires occupés en 48, s’est évanouie.
Il est vrai cependant que, dans le rapport de forces actuel régional
et international, la résistance palestinienne réclame juste la levée du
blocus meurtrier contre Gaza et la libre circulation des Palestiniens
vivant dans ce bout de territoire, comme il est vrai que la libération
de la Palestine exige une participation plus large que les forces de la
résistance actuelle. Mais il est aussi vrai que la résistance a réussi
là où les négociations ont échoué : faire déguerpir des colons et vider
des colonies, à l’intérieur des territoires occupés en 48, et non pas,
comme le souhaite le programme de l’Autorité palestinienne, des
territoires occupés en 67.
Ce qui signifie que, dans un contexte régional, notamment
arabo-musulman, et international plus favorable au peuple palestinien et
à sa résistance, la libération de territoires par la force des armes,
où qu’ils se situent, est possible, hors des cadres coloniaux fixés par
l’ONU et la « communauté internationale ». Il suffit juste de ne pas se
soumettre à ces cadres, de penser tous les champs possibles ouverts à
l’avenir et de mobiliser le peuple palestinien, les peuples arabes et le
monde libre à toutes ces éventualités, car limiter ses revendications
aux « frontières » d’un Etat palestinien sur les territoires occupés en
1967, obtenu par des négociations et sous l’égide de la « communauté
internationale », signifie nécessairement reconnaître une certaine
légitimité à l’occupation sioniste des territoires de 48. Or, c’est
toute la Palestine qui est occupée et c’est toute la Palestine qui doit
être libérée.
Fadwa Nassar
Vendredi, 22 août 2014
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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