Deux jeunes tagueurs tunisiens ont écopé mercredi 10 avril d’une amende
pour graffiti sur les murs d’un bâtiment public à Gabès (400 km au sud
de Tunis), à l’issue d’un procès suscitant l’indignation parmi les
défenseurs de la liberté d’expression.
Oussama Bouajila et Chahine Berriche, membres d’un collectif d’art
urbain dit Zwewla (les pauvres) ont été condamnés par le tribunal de
première instance de Gabès au versement d’une amende de 100 dinars (50
euros environ). "Nous sommes soulagés, cela signifie que la justice n’a
pas suivi l’avis des autorités politiques", a déclaré à l’AFP Chahine
Berriche, peu après l’annonce du verdict, espérant que le ministère
public ne fera pas appel.
Les deux jeunes étaient jugés depuis le 4 décembre pour "propagation de
fausses informations portant atteinte à l’ordre public" et "atteinte à
l’état d’urgence", des délits passibles de cinq ans de prison. "Ce
verdict est une victoire symbolique", a réagi un comité oeuvrant pour le
soutien et l’aquittement des deux tagueurs.
Sur sa page Facebook, le comité FreeZwewla se dit "fier de cette
victoire symbolique" et envisage de collecter l’argent nécessaire au
règlement des amendes.
Le tribunal a prononcé un non-lieu en ce qui concerne les accusations de
trouble à l’ordre public et d’atteinte à l’état d’urgence, en référence
au graffiti tagué de nuit à Gabès, alors que la ville était sous
couvre-feu, à la suite de troubles sociaux.
"Le pauvre est un mort-vivant en Tunisie", "le peuple veut des droits
pour les pauvres", avaient écrit notamment les deux tagueurs sur les
murs d’un établissement scolaire public. Une quarantaine d’avocats ont
plaidé le non-lieu et des dizaines de sympathisants se sont rassemblés
devant le tribunal mercredi pour dénoncer le procès "comme une atteinte à
la liberté d’expression". "C’est un procès politique qui nous rappelle
les méthodes employées sous Ben Ali (président déchu) pour nous faire
taire", avait par ailleurs indiqué le groupe Zwewla, qui s’est fait
connaître par sa signature "Z" sur des graffiti évoquant le sort
inchangé des pauvres après la révolution de 2011. Des artistes dénoncent
régulièrement des pressions policières et accusent le gouvernement,
dominé par les islamistes d’Ennahda, de vouloir limiter les libertés en
Tunisie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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