Après quelques mois d’une relative accalmie, les violences ont repris
en Libye où des hommes armés cernaient toujours lundi le siège du
ministère des Affaires étrangères, illustrant une nouvelle fois
l’incapacité de l’Etat à rétablir l’ordre dans le pays, plus de 18 mois
après la chute du régime de Muammar Kadhafi.
Lundi, des officiers de police en colère ont également envahi, comme
la veille, le bâtiment du siège du ministère de l’Intérieur, pour
réclamer des augmentations salariales et des promotions, selon des
témoins.
Quelques dizaines d’officiers ont pénétré dans l’édifice situé sur la
route de l’aéroport, à une dizaine de kilomètres du centre de Tripoli,
en tirant en l’air, selon les mêmes sources.
Plus tard, des affrontements ont éclaté dans l’ouest du pays entre deux tribus rivales, après une dispute entre deux hommes.
"Les combats à l’arme lourde ont lieu entre les villes de Tiji et
Nalout, à 200 km au sud-ouest de Tripoli", selon un témoin, Ali Bédoui.
"Il y a eu au moins trois blessés. Des roquettes sont tombées sur des maisons", a-t-il ajouté.
A Tripoli, le ministère des Affaires étrangères, près du
centre-ville, est assiégé depuis dimanche par des miliciens armés qui
réclament l’exclusion des collaborateurs de l’ancien régime.
Une trentaine de pick-up, dont plusieurs armés de canons
anti-aériens, ainsi que des dizaines d’hommes armés cernaient toujours
le bâtiment lundi, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des pancartes portant des inscriptions exigeant l’adoption d’une loi
prévoyant l’exclusion de la vie politique des collaborateurs de
l’ex-régime, étaient accrochées au portail du bâtiment.
Le ministère "est toujours cerné et fermé", a indiqué à l’AFP Aymen
Mohamed Aboudeina, membre du collectif des protestataires, ajoutant que
"des pourparlers vont être engagés dans les heures à venir avec des
responsables du ministère".
Selon lui, "le siège ne sera levé que lorsque les revendications des
protestataires seront satisfaites avec notamment le vote par le Congrès
général national (CGN) du projet de loi sur l’exclusion politique des
anciens collaborateurs de Muammar Kadhafi".
Actuellement examiné par le CGN, la plus haute autorité politique de
Libye, ce projet de loi provoque des remous au sein de la classe
politique car elle risque de mettre sur la touche plusieurs hauts
responsables du pays.
Le Premier ministre Ali Zeidan avait déploré dimanche devant la
presse le siège des Affaires étrangères et dénoncé également des "actes
de sabotage" ayant visé dimanche le ministère de l’Intérieur et la
télévision nationale à Tripoli.
Ces incidents illustrent une escalade de la violence depuis quelques
jours à Tripoli où un attentat à la voiture piégée a visé le 23 avril
l’ambassade de France, faisant deux blessés parmi les gendarmes français
et d’importants dégâts matériels.
Des attaques contre les services de sécurité ont repris par ailleurs
dans l’est du pays, où un commissariat de police a été la cible d’un
attentat samedi, après une accalmie relative depuis le début de l’année.
En 2012, la ville de Benghazi a vécu au rythme d’assassinats contre
des officiers de police ou de l’armée, et d’attaques contre les intérêts
occidentaux, dont le consulat américain où l’ambassadeur Chris Stevens a
été tué ainsi que trois autres Américains.
Ces attaques sont souvent attribuées à des islamistes extrémistes
bien implantés en Cyrénaïque, dans l’est du pays, mais les autorités
libyennes n’écartent pas que des partisans de l’ancien régime soient
derrière ces attentats.
Ils traduisent l’incapacité des autorités à rétablir l’ordre dans le
pays où sévissent des milices lourdement armées aux motivations et
idéologies diverses.
Dimanche, le Premier ministre libyen a appelé la population à appuyer
le gouvernement face aux groupes armés "qui veulent déstabiliser le
pays".
Certains observateurs libyens estiment que l’escalade de la violence
coïncide avec une campagne lancée par le gouvernement pour combattre des
"milices hors la loi" qui voient leurs influence et intérêts menacés
par le nouveau gouvernement d’Ali Zeidan en fonction depuis novembre
2012.
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Le ministère de la Justice également cerné par des miliciens
Des miliciens armés réclamant l’exclusion politique des
collaborateurs de l’ancien régime ont cerné mardi le siège du ministère
libyen de la Justice à Tripoli, a-t-on appris auprès du ministère,
étendant leur action qui paralysait depuis dimanche le ministère des
Affaires étrangères.
"Plusieurs hommes armés à bord de véhicules équipés de canons
anti-aériens ont cerné ce matin le siège du ministère de la Justice", a
affirmé à l’AFP Walid Ben Rabha, chef du bureau de l’information au
ministère. "Ils ont demandé au ministre et au personnel présent de
quitter leurs bureaux et ont fermé le ministère" a-t-il précisé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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