De nouveaux troubles ont éclaté jeudi à Bahreïn sans toutefois
perturber les préparatifs du Grand Prix de F1, dont Human Rights Watch a
critiqué les organisateurs dénonçant des arrestations "arbitraires" de
militants de l’opposition dans des localités proches du circuit.
Des affrontements ont eu lieu autour de plusieurs villages chiites de
la périphérie de Manama, où des centaines de personnes ont manifesté
tôt jeudi contre le GP de Formule 1, qui se court sur le circuit de
Sakhir au sud de Manama, ont indiqué des témoins.
"Non à la +Formule 1 du sang+" ou "Votre course est un crime",
scandait la foule, que les forces de sécurité ont dispersée à coups de
gaz lacrymogène et de bombes assourdissantes. Des manifestants ont
répliqué par des jets de pierre et des cocktails Molotov, selon les
témoins.
Des vidéos mises en ligne montrent par ailleurs des personnes
cagoulées mettant le feu à des pneus pour bloquer la circulation sur un
pont à l’entrée de Sitra, à l’est de Manama, l’un des principaux foyers
du soulèvement animé depuis plus de deux ans par la majorité chiite de
ce petit pays du Golfe gouverné par une dynastie sunnite.
Plusieurs autres axes routiers, dont un pont reliant Manama à
Muharraq — deuxième grande île de l’archipel et à majorité sunnite —,
étaient fermés par des protestataires, selon des photos mises en ligne.
Ces actions ont été revendiquées sur Twitter par le Collectif du
14-Février, un groupe radical clandestin qui mobilise ses partisans pour
une série de protestations, placées sous le signe du "Volcan de
colère".
Les troubles n’ont cependant pas perturbé l’accès au circuit de Formule 1.
Les partis de l’opposition ont pour leur part annoncé une
manifestation dans l’après-midi, comme chaque jour depuis une semaine.
Ces partis, dont la puissante formation Al-Wefaq, affirment ne pas être
opposés à la course mais vouloir faire entendre leurs revendications en
faveur de réformes démocratiques.
Le président du Bahrain International Circuit (BIC), Zayed Alzayani, a
déclaré que le GP "est un événement national auquel 77% de la
population est favorable, selon un sondage Nielsen". "Il y a des
incidents mineurs mais aucune menace directe pour la course", a-t-il
ajouté à la presse, en tablant sur "25.000 spectateurs dimanche".
Mais HRW a jugé que la compétition était devenue "source de
mécontentement populaire" et dénoncé une vague d’arrestations
"arbitraires" de militants de l’opposition dans des localités proches du
circuit de Sakhir.
Six suspects ont été arrêtés, a annoncé le ministère de l’Intérieur
précisant que l’une des personnes arrêtées a "avoué" avoir mis le feu à
une voiture à l’aide d’une bonbonne de gaz dimanche dans le centre
d’affaires de Manama.
HRW a déploré le silence des organisateurs du GP face aux "abus en
matière de droits de l’Homme (à Bahreïn) qui semblent être directement
liés à la course".
"Ce qui est gênant pour les organisateurs de F1, c’est que leur
compétition à Bahreïn est désormais source de mécontentement populaire"
dans un pays qui "refuse ou est incapable d’introduire des réformes
significatives", ajoute HRW dans un communiqué jeudi.
"Les responsables qui se soucient de F1 doivent tenir compte des
souffrances humaines et de la répression qui entachent leur sport",
conclut l’ONG.
Bahreïn est le théâtre de troubles récurrents depuis février 2011 en
raison d’un mouvement de contestation animé par les chiites,
majoritaires dans la population, contre la dynastie sunnite des
Al-Khalifa au pouvoir.
Le Grand Prix avait été annulé en 2011 en raison de cette instabilité
politique. Lors de l’édition 2012, l’opposition avait organisé des
manifestations, parfois violentes, pour attirer l’attention sur ses
demandes de réformes politiques, mais sans entraver le déroulement de la
course.
(15-04-2013 - Avec les agences de presse)
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