mardi 30 avril 2013

Israël/Palestine : le pape François, invité à Jérusalem, souhaite des "décisions courageuses"

Le pape François, invité à Jérusalem par le président israélien Shimon Peres, a souhaité des "décisions courageuses" pour une "reprise rapide des négociations palestino-israéliennes", a-t-on appris mardi au Vatican à l’issue de la première rencontre d’un dirigeant israélien avec le nouveau pape.

Des "décisions courageuses" et la "disponibilité des deux parties" doivent permettre une "reprise rapide" des négociations conduisant à "un accord respectueux des légitimes aspirations des deux peuples et contribuant ainsi de manière décisive à la paix et à la stabilité de la région", a souligné le Saint-Siège dans un communiqué.

Concernant la Syrie, le pape et le président israélien ont souhaité en Syrie "une solution politique, qui privilégie la logique de la réconciliation et du dialogue".

"La question importante de la ville de Jérusalem" a aussi été évoquée, tout comme "quelques questions regardant les rapports entre les autorités et les communautés catholiques locales". Une allusion au projet, qui irrite des communautés palestiniennes et des congrégations catholiques, d’un mur de sécurité séparant Jésusalem et Bethléem.

Des "progrès notoires" dans les travaux de la commission mixte Israël-Saint-Siège sur les biens de l’Eglise et de ses congrégations en Terre Sainte ont été salués.

"Je vous attends à Jérusalem. Pas seulement moi mais tout le peuple d’Israël", a déclaré chaleureusement le chef de l’Etat au pape, à la fin de leur entretien de 30 minutes, selon des journalistes présents.

Une visite commune sur les Lieux saints du christianisme en 2014 du pape et du patriarche orthodoxe Bartholomée a été déjà évoquée depuis l’élection le 13 février, sans être jamais confirmée. Elle aurait lieu pour fêter symboliquement le 40ème anniversaire de la visite historique du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras en 1974 à Jérusalem.

Le président Peres a aussi rencontré le secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone. Auparavant, il avait vu le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta avec lequel ont été abordées "les principales questions régionales" (crise syrienne, perspectives du processus de paix avec les Palestiniens, la question nucléaire iranienne, les Printemps arabes).

Selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, "le pape a accueilli avec joie et disponibilité l’invitation du président (Peres) ; il a le désir d’aller en pèlerinage en Terre Sainte, mais aucun projet concret n’a été arrêté".

Le président a offert au pape François une Bible hébraïque, dédicacée avec ces mots : "A Votre Sainteté François, afin que vous puissez avoir du succès dans tout de ce que vous faites et où que vous alliez".
La venue du président Peres à Rome, première visite d’un dirigeant du Proche-Orient au nouveau pape, était observée de près, en raison d’une situation très tendue, avec l’impasse des négociations palestino-israéliennes, la guerre en Syrie et la montée de l’islamisme dans plusieurs pays.

Le conflit palestino-israélien touche directement l’Eglise, les lieux les plus saints du christianisme étant situés en Israël et en Palestine avec une minorité chrétienne qui y vit depuis deux mille ans ainsi que de nombreuses congrégations catholiques.

L’élection de François a suscité un énorme espoir chez les chrétiens du Proche et Moyen-Orient, les patriarches de la région ayant demandé l’un après l’autre au pape de venir et de prendre des initiatives de paix, même si la marge de manoeuvre du Vatican est très limitée.

La communauté palestinienne chrétienne de Beit Jala, près de Bethléem (Cisjordanie) a adressé lundi une lettre ouverte au pape pour dénoncer la décision israélienne de bâtir un mur de sécurité qui va séparer Bethléem de la ville de Jérusalem au profit de colonies.

"Votre sainteté, votre élection nous a apporté l’espérance que les choses changeraient. Nous avons encore espoir", affirme cette missive, qui demande au pape d’"envoyer un message fort" pour le peuple palestinien et accuse le président Peres d’être "un des principaux auteurs de la politique israélienne de colonisation en Palestine occupée".

Les Palestiniens de la région sont convaincus que le tracé du mur a pour objectif de les spolier de leurs terres.

L’Assemblée des évêques catholiques de Terre sainte (AOCTS) a aussi dénoncé avant la visite de Peres une "décision injuste qui nous place devant le fait accompli".

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Relance du plan de paix arabe, Israël interpelle les Palestiniens
La Ligue arabe a reformulé son initiative de paix de 2002, validant désormais expressément le principe d’un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens, sous les auspices des Etats-Unis, une inflexion saluée prudemment mardi par le gouvernement israélien.
Les précédentes négociations sur les frontières portaient déjà sur l’échange de territoires, qui permettrait à Israël de conserver les blocs de colonies les plus peuplés. Les Palestiniens et la Ligue arabe exigent qu’elles se fondent sur les lignes d’avant la guerre de 1967, une référence catégoriquement exclue par Israël.
Lors d’une réunion à Washington entre une délégation de la Ligue arabe et le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, dont le pays préside le comité de suivi de l’initiative de paix arabe, s’est dit lundi favorable à un "échange mineur de territoire comparable et mutuellement accepté".
"Israël accueille favorablement l’encouragement donné par la Ligue arabe et le secrétaire d’Etat au processus politique", a réagi dans un communiqué un haut responsable israélien, en référence aux pourparlers de paix, bloqués depuis septembre 2010.
"Les deux parties pourront présenter leurs positions quand les négociations s’ouvriront", a-t-il ajouté, rejetant implicitement les exigences palestiniennes de références pour les discussions, notamment les lignes de 1967.
"Il s’agit certainement d’une étape importante et je m’en réjouis", avait auparavant déclaré la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens.
"Nous sommes prêts à des changements, quelque chose qui permettra aux Palestiniens, je l’espère, de revenir à la table (des négociations) et de faire les compromis nécessaires", a ajouté Mme Livni.
"Cela envoie aussi un message aux citoyens israéliens : nous ne parlons plus seulement aux Palestiniens, il y a un groupe de pays arabes qui disent : +Si vous parvenez à un accord avec les Palestiniens, nous ferons la paix avec vous, nous normaliserons les relations+", a souligné la ministre.
"Même taille et même valeur"
L’initiative de paix saoudienne de 2002, endossée par la Ligue arabe, propose à Israël une normalisation des relations avec les pays arabes en échange de son retrait des territoires occupés depuis juin 1967, de la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’un règlement "équitable et agréé" de la question des réfugiés palestiniens fondé sur la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU.
Le 9 avril, au terme de sa dernière visite en Israël et dans les Territoires palestiniens, M. Kerry avait qualifié l’initiative de paix arabe "d’importante contribution au dialogue".
"Il se peut qu’elle ne soit pas sous sa forme actuelle une base de négociations", avait-il nuancé, au milieu d’informations faisant état de pressions américaines pour une nouvelle formulation de ce plan arabe afin d’augmenter les chances qu’Israël, qui lui a reconnu des "aspects positifs", finisse par l’accepter.
Le président palestinien Mahmoud Abbas avait appelé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans une lettre en avril 2012, à reprendre les négociations sur la base des lignes de 1967, avec des "échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés" et du gel de la colonisation.
Dans des documents de mai 2010 exposant sa "vision" de la paix, à l’intention d’Israël et des Etats-Unis, la partie palestinienne réaffirmait être "prête à envisager des modifications mineures de la frontière sur la base d’échange de territoire au ratio de 1 pour 1, de même taille et valeur, dans la même zone géographique".
Elle excluait "toute discussion sur les échanges de territoire qui prennent pour référence les +blocs de colonies+", disant vouloir "discuter les possibles échanges colonie par colonie".

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