Des affrontements ont éclaté vendredi au Caire entre opposants et
partisans du président islamiste Mohamed Morsi qui réclamaient une
refonte du système judiciaire, à couteaux tirés avec le chef de l’Etat.
Ces affrontements, qui ont fait au moins 39 blessés selon les
services de secours, ont éclaté quand des manifestants anti-Morsi se
sont dirigés vers la Cour suprême où des milliers de Frères musulmans
s’étaient rassemblés pour réclamer une refonte du système judiciaire.
Ces manifestants ont brûlé un bus affrété par les Frères Musulmans.
Des heurts violents se sont déroulés sur la place Abdel Moneim Riad,
proche de l’emblématique place Tahrir. Des islamistes postés sur le pont
du 6 octobre qui surplombe la place ont jeté des pierres sur les
manifestants de l’opposition en contrebas, notamment des hommes portant
des masques noirs appartenant au mouvement des "Black Bloc", tandis que
leurs opposants jetaient des cocktails molotov.
Un journaliste de l’AFP a vu des manifestants au pied du pont tirer
des chevrotines sur des Frères musulmans, dont deux au moins ont été
blessés.
Une heure après le début des affrontements, trois véhicules blindés
de la police sont arrivés dans les rangs des Frères musulmans en
direction de la place Abdel Moneim Riad puis de la place Tahrir, tirant
des gaz lacrymogènes.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a appelé "tous les
courants politiques à aider les forces de l’ordre à accomplir leur
mission de sécurisation des manifestants pour éviter que les
affrontements ne se soldent par des victimes".
Alors que des affrontements sporadiques se poursuivaient en soirée
notamment entre police et manifestants anti-Morsi, le chef des services
de secours, Mohammad Sultan, a affirmé à des télévisions locales qu’au
moins 39 personnes avaient été transportées à l’hôpital.
"Le peuple veut l’assainissement de la justice", avaient auparavant
crié des milliers de partisans de M. Morsi qui, depuis son accession au
pouvoir en juin, entretient des rapports tendus avec le pouvoir
judiciaire.
Cette manifestation avait été organisée à l’appel des Frères
musulmans alors que le Sénat dominé par les islamistes s’apprête à
discuter des amendements à la loi judiciaire prévoyant notamment de
ramener l’âge de la retraite des juges de 70 à 60 ans. Des juges y
voient une manoeuvre pour se débarrasser de magistrats hostiles.
Le mois dernier, la justice avait rejeté un décret de M. Morsi
limogeant le procureur général Abdel Meguid Mahmoud. Nommé par le
président déchu Hosni Moubarak, M. Mahmoud avait été remplacé par Talaat
Abdallah.
La nomination de ce dernier, accusé d’être pro-Frères musulmans,
avait provoqué une levée de boucliers chez les magistrats, qui avaient
dénoncé une ingérence de l’exécutif.
"Nous sommes venus réclamer une purge au sein de la justice, des
hommes de main sont venus de Tahrir et nous ont attaqués", a affirmé à
l’AFP Mohamed Moheï, un manifestant islamiste, tandis que Rana, une
manifestante de l’opposition a accusé la police de "protéger" les
islamistes.
Ce nouveau bras de fer entre Frères musulmans et opposition
intervient alors que le pays vit dans l’instabilité depuis la révolte
populaire de début 2011 ayant provoqué la chute de Moubarak.
L’Egypte est aussi confrontée à une baisse des revenus du tourisme et
à un effondrement des investissements étrangers, qui contribuaient
autrefois fortement à la croissance économique.
Le pays a vu fondre ses réserves de devises, passées de 36 à 13,5
milliards de dollars en deux ans, et cette situation pèse sur sa
capacité à importer des produits essentiels, comme le gazole.
Le Caire négocie avec peine depuis des mois un accord pour un prêt de
4,8 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI),
lié à des mesures de rigueur budgétaire potentiellement impopulaires.
(19-04-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire