Cinq attentats antichiites ont fait 18 morts lundi en Irak, où le
chef du Parlement a appelé à la démission du gouvernement et à des
élections anticipées pour éviter au pays de basculer dans un nouveau
conflit confessionnel.
Le pays est secoué par des violences entre sunnites et chiites qui ont fait plus de 240 morts en une semaine.
A quelques heures d’intervalle, cinq voitures piégées ont explosé
dans quatre villes en majorité chiites au sud de Bagdad, faisant 18
morts et une centaine de blessés selon des sources médicales et de
sécurité.
Deux des voitures ont explosé près d’un marché de la ville
d’Al-Amara, faisant sept morts et 45 blessés, dont des femmes et des
enfants, selon un officier supérieur de la police.
Les autres voitures ont explosé dans la ville sainte chiite de
Kerbala et dans les localités de Diwaniya et Mahmudiya. Les attentats
n’ont pas été revendiqués.
Alors que le pays s’enfonce dans la violence, le chef du Parlement,
Oussama al-Nujaïfi, a appelé à la démission du gouvernement du chiite
Nouri al-Maliki et à la tenue d’élections anticipées.
Cette initiative doit permettre "de parvenir à une réconciliation
nationale et de préserver les acquis de la démocratie" et aussi de
"sortir le pays du spectre de la guerre civile et des violences
confessionnelles", selon un communiqué de son bureau.
Les violences ont été déclenchées il y une semaine par un assaut des
forces de sécurité sur des manifestants sunnites dans le nord du pays
hostiles au Premier ministre, suivi par plusieurs attaques de
représailles contre les forces irakiennes.
M. Nujaïfi, un sunnite et haut responsable du bloc Iraqiya,
coalition soutenue par les sunnites et pendant longtemps en profond
désaccord avec Maliki, a adressé sa proposition aux chefs des partis
politiques représentés au Parlement.
Il a appelé le gouvernement à démissionner pour être remplacé par un
cabinet plus restreint composé d’indépendants qui ne pourraient pas
participer aux prochaines élections. Il a aussi demandé à ce qu’une
commission électorale prépare des élections anticipées avant la
dissolution du Parlement.
Ali al-Mussawi, un conseiller du Premier ministre, a déclaré à
l’AFP que Maliki était "pour une dissolution du Parlement" mais que
le gouvernement devrait "continuer d’expédier les affaires courantes".
Les prochaines législatives sont prévues en 2014 en Irak.
L’intensification de la violence fait craindre un retour à un conflit
confessionnel ouvert, à l’instar des sanglants affrontements qui
avaient suivi l’invasion américaine en 2003. Les violences
inter-communautaires avaient fait plusieurs dizaines de milliers de
morts, notamment en 2006-2007.
Depuis décembre 2012, des milliers d’Irakiens manifestent dans les
régions à majorité sunnite pour réclamer le départ de Maliki, accusé
de marginaliser leur communauté. Ce dernier est aussi accusé par des
membres de sa coalition gouvernementale et ses détracteurs d’accaparer
le pouvoir.
Compliquant encore la situation, des forces de sécurité kurdes se
sont déployées samedi près de la ville disputée de Kirkouk, que les
Kurdes veulent inclure dans la région autonome du Kurdistan, au grand
dam du gouvernement fédéral à Bagdad et des Arabes de la province.
"Kirkouk est de nouveau occupé par les peshmergas (les forces
kurdes)", a déploré dimanche le chef des autorités locales arabes de la
ville, Mohammed Munshed al-Asi.
Le Premier ministre a rencontré lundi à Bagdad le chef du
gouvernement autonome du Kurdistan, Nechirvan Barzani, pour évoquer les
différends entre les deux parties.
Les deux hommes sont tombés d’accord pour renforcer leurs coopération
en matière de sécurité, et s’efforcer de voter des lois essentielles
notamment concernant le secteur des hydrocarbures, qui sont en
souffrance au Parlement depuis des années, a indiqué le bureau du
Premier ministre irakien dans un communiqué.
(29-04-2013)
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