Al-Qaïda en Irak a reconnu pour la première fois mardi que le Front
al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime de Damas,
est une branche de son groupe et que son objectif est d’instaurer un
Etat islamique en Syrie.
Dans le même temps, le chef de diplomatie américain, John Kerry, a
annoncé qu’il allait rencontrer cette semaine en marge du sommet du G8 à
Londres une délégation de l’opposition, que les Etats-Unis soutiennent
mais à qui ils refusent de fournir des armes par peur que l’arsenal ne
tombe aux mains d’extrémistes.
Cette peur devrait être exacerbée après l’annonce par Abu Bakr
al-Baghdadi, chef d’Al-Qaïda en Irak, qu’Al-Nosra est en réalité une
branche de son organisation, confirmant les soupçons qui pesaient sur ce
groupuscule.
Classé comme "organisation terroriste" par Washington, Al-Nosra s’est
d’abord fait connaître en Syrie par des attentats suicide, avant de
devenir une redoutable force armée qui combat au côté de la rébellion
contre le régime de Bachar al-Assad.
"De facto, vous avez une partie du pays dirigé par Bashar al-Assad et
une autre partiellement gérée par les gens d’Al-Qaïda", commente à
l’AFP Aaron Zelin, du Washington Institute for Near East Policy.
Al-Qaïda en Irak et Al-Nosra, formé de combattants syriens et de
volontaires étrangers, seront désormais fédérés sous l’appellation Etat
islamique en Irak et au Levant, a indiqué al-Baghdadi dans un message
publié sur des sites jihadistes.
Ces mouvances qualifient le régime de "noussaïri" (terme péjoratif désignant les alaouites, la minorité hétérodoxe de M. Assad).
Al-Qaïda en Irak a choisi Abu Mohammad Al-Julani comme chef
d’Al-Nosra et a offert "de l’argent et un soutien humain" à Al-Nosra, a
affirmé Al-Baghadadi.
"Ils veulent se vanter. Ils veulent montrer que ce sont eux qui mènent la révolution syrienne", estime M. Zelin.
Al-Nosra a pour ambition d’instaurer une gouvernance islamique dans
la Syrie de l’après-Assad, une idéologie rejetée par l’Armée syrienne
libre (ASL), principale composante de la rébellion.
"Nous ne soutenons pas l’idéologie d’al-Nosra (...) Personne n’a le
droit d’imposer aux Syriens la forme de leur Etat", a réagi Louaï
Meqdad, responsable de la communication pour l’ASL, assurant que les
rebelles luttent pour un "Etat démocratique".
Mais dans le même temps, il a reconnu qu’Al-Nosra "est financé et
armé ; c’est pour cela que certaines brigades de l’ASL coopèrent avec
eux dans certaines opérations sur le terrain. C’est une coopération
tactique et ponctuelle".
L’annonce d’Al-Qaïda en Irak intervient au lendemain de l’attaque
suicide à la voiture piégée dans le centre de Damas, un attentat dénoncé
aussi bien par le régime qui a accusé les "groupes terroristes"
(rebelles, selon sa terminologie) et par l’opposition, qui a accusé le
régime.
A Londres, en marge du sommet du G8 mercredi et jeudi, John Kerry va
rencontrer aux côtés de son homologue britannique William Hague des
membres de l’opposition syrienne, mais pas son chef Ahmed Moaz
al-Khatib. Selon un responsable de l’opposition, une délégation présidée
par Ghassa Hitto, élu Premier ministre "rebelle" le 19 mars, est déjà
sur place.
M. Kerry a réitéré préférer une solution diplomatique en Syrie, tout
en reconnaissant les difficultés car "le président Assad n’est pas prêt à
tranférer cette autorité".
Le conflit syrien, qui ravage le pays depuis plus de deux ans a fait
selon l’ONU plus de 70.000 morts, 1,2 million de réfugiés et 4 millions
de déplacés.
Les opérations d’aide aux réfugiés syriens arrivent à un point de
rupture faute de financements suffisants, a d’ailleurs averti le Haut
commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR).
Sur un autre aspect du conflit, le secrétaire général des Nations
unies Ban Ki-Moon a appelé mardi la Syrie à "coopérer" avec la mission
des enquêteurs que l’ONU souhaite envoyer dans le pays pour déterminer
si des armes chimiques sont utilisées dans le conflit.
Le régime a rejeté cette mission, estimant que la demande portait
uniquement sur l’envoi d’une mission à Khan Aassal dans la province
d’Alep (nord) où le régime accuse les rebelles d’avoir lancé un "missile
doté de matières chimiques toxiques".
La rébellion accuse également le pouvoir d’avoir employé des armes chimiques dans le cadre du conflit.
(09-04-2013 - Avec les agences de presse)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire