Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a présenté sa démission
samedi, au terme d’un bras de fer avec le Fatah du président Mahmoud
Abbas, usé par les dernières années passées à tenter de donner naissance
à un Etat de Palestine viable.
Le président Abbas a accepté la démission de son Premier ministre, à
qui l’opposait un vif différend sur la démission du ministre des
Finances, a indiqué dans la soirée l’agence officielle Wafa.
Il a néanmoins chargé M. Fayyad, un économiste indépendant très
critiqué par le Fatah, d’expédier les affaires courantes en attendant la
formation du nouveau gouvernement.
"M. Fayyad a rencontré M. Abbas pendant une demi-heure à la Mouqataa
(ndlr : le siège de la présidence palestinienne à Ramallah) et lui a
officiellement remis sa lettre de démission", a précisé un haut
responsable, sous couvert de l’anonymat.
M. Fayyad, qui vient d’avoir 62 ans, avait auparavant fait part de
son intention de partir : "M. Fayyad a assuré qu’il ne resterait pas à
la tête du gouvernement, même si on (le) lui demandait", a affirmé à
l’AFP un autre responsable palestinien.
A Gaza, le Hamas, qui a chassé le Fatah de ce territoire en juin
2007, conduisant M. Abbas à limoger le gouvernement dominé par le
mouvement islamiste pour nommer M. Fayyad Premier ministre de l’Autorité
palestinienne rivale, a attribué cette démission à des "divergences
internes au Fatah".
"Fayyad quitte le gouvernement après avoir criblé notre peuple de
dettes, et le Fatah doit en assumer la responsabilité parce que c’est
lui qui l’a imposé depuis le début", a déclaré à l’AFP Sami Abou Zouhri,
porte-parole du Hamas.
"Cet événement n’est pas lié au dossier de la réconciliation
palestinienne", a estimé le porte-parole, réaffirmant que le Hamas était
prêt à appliquer l’accord de réconciliation avec le Fatah, signé en
2011 au Caire, dont la plupart des clauses sont restées lettre morte et
les échéances constamment repoussées.
Les dirigeants israéliens n’ont fait aucun commentaire officiel.
Le différend entre MM. Abbas et Fayyad portait officiellement sur la
démission le 2 mars du ministre des Finances Nabil Qassis, acceptée par
le Premier ministre mais refusée par le président.
La semaine dernière, le Conseil révolutionnaire du mouvement
nationaliste Fatah avait fustigé "la politique du gouvernement
palestinien (de M. Fayyad) empreinte d’improvisation et de confusion sur
de nombreux sujets financiers et économiques".
Avant la nomination de M. Qassis en mai 2012, le portefeuille des
Finances était détenu par M. Fayyad, un indépendant, parallèlement à ses
fonctions de chef du gouvernement.
Vendredi soir, le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait
contacté directement par téléphone M. Abbas pour l’enjoindre de régler
la crise avec son Premier ministre, selon des sources officielles
palestiniennes.
Washington avait indiqué jeudi que M. Fayyad, qui a la faveur des
Etats-Unis, ne démissionnerait pas, une déclaration qui a été vivement
dénoncée comme une "ingérence" par des dirigeants du Fatah.
La démission de M. Fayyad, crédité par la communauté internationale
de l’édification d’institutions capables de porter un Etat, risque de
compromettre l’entente avec les responsables israéliens et palestiniens
annoncée cette semaine par John Kerry pour "promouvoir le développement
économique en Cisjordanie" occupée.
M. Kerry avait écarté mardi une reprise rapide des négociations de
paix, au terme d’une visite de trois jours en Israël et dans les
Territoires palestiniens, insistant sur la nécessité d’un travail de
fond pour qu’elles aient une chance d’aboutir.
(13-04-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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