L’homme d’affaire franco-libanais Ziad Takieddine a réaffirmé
vendredi, au lendemain d’une perquisition à son domicile parisien, qu’il
existait des "preuves" d’un financement de la campagne de Nicolas
Sarkozy en 2007 par la Libye, mais qu’il ne les dévoilerait pas car il
n’a pas confiance en la justice.
"La perquisition a duré 12 heures, mais ce qu’ils cherchent n’est pas
là", a expliqué à la presse M. Takieddine, qui était absent lors de la
perquisition menée dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte
après une plainte pour "faux et usage de faux" de Nicolas Sarkozy contre
Mediapart.
A huit jours du second tour de l’élection présidentielle de 2012,
Mediapart avait publié un document attribué à un ex-dignitaire libyen,
affirmant que Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions
d’euros" la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Devant le juge Renaud van Ruymbeke, M. Takieddine, par ailleurs mis
en examen dans le volet financier de l’affaire Karachi, avait affirmé
détenir des preuves de ce financement sans apporter d’éléments concrets
étayant ses accusations, selon une source proche de l’enquête.
"Ne nous interrogeons pas sur ces documents, est-ce que Khadafi a
payé Sarkozy ? Oui, oui, il a payé pour la campagne, payé pour autre
chose", a dit M. Takieddine.
"J’ai dit" au juge "que les documents existent. J’en ai pris
connaissance, ils ne sont pas chez moi et je ne peux dire où ils se
trouvent", a affirmé M. Takieddine en précisant : "Je ne dirai jamais où
ils sont car je ne fais pas confiance à la justice incapable d’aller
vers la vérité car elle est malade de ses magistrats."
Selon l’homme d’affaires, quatre personnes, qui ne se trouvent pas en
France, sont en possession des preuves. Mais "qui me dit que le parquet
ne va pas emprisonner celui qui les a données", a ajouté M. Takieddine,
qui demande des "garanties sur leur sécurité".
Plus largement, "tant que la justice n’a pas donné toutes les
garanties d’un bon fonctionnement, la France n’aura rien (...) je ne
dirai pas à la justice où je les ai trouvées", a-t-il assuré.
Devant le juge, M. Takieddine avait évoqué plusieurs rencontres,
avant l’élection présidentielle de 2007, entre Bachir Saleh, alors
secrétaire particulier de Kadhafi, et Claude Guéant, alors directeur de
cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. M. Guéant, dont le
domicile a également été récemment perquisitionné, avait réagi en
évoquant de pures "affabulations".
Peu après la publication du document de Mediapart, M. Saleh, visé par
une notice rouge d’Interpol, avait précipitamment quitté le territoire
français.
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