Dans une mise en scène éblouissante de Sulayman al-Bassam, avec une production somptueuse et des comédiens passionnés.
Saadallah Wannous (1941-1997) a étudié le
journalisme au Caire avant de partir à Paris dans les années 1965 pour y
étudier le théâtre. Très influencé par les différents courants du
théâtre européen, il entreprend en Syrie l’élaboration d’une riche œuvre
comprenant une vingtaine de pièces qui ont profondément marqué le
théâtre arabe par le biais desquelles il critique sans relâche les liens
entre l’individu et le pouvoir. Ses œuvres ne puisent dans le
patrimoine arabe classique ou populaire que pour mieux sensibiliser et
impliquer le public. Ses pièces sont toujours les plus jouées dans les
divers répertoires des pays arabes.
Par ailleurs, il participe à la création du premier festival de théâtre
du monde arabe et à la création de l’Institut supérieur du théâtre de
Syrie. Il créé une revue, La Vie théâtrale, dont il devient le rédacteur
en chef et, et, jusqu’à la fin de sa vie, il reste à la tête du Théâtre
Qabbani, réservé au théâtre expérimental.
Dans Rituel pour une métamorphose, Cette très belle pièce -
qui prend presque l’allure d’un conte - est sans doute la plus
intéressante de l’œuvre de Wannous - car elle touche à l’être profond
de l’individu, brimé par les codes sociaux et la morale collective.
L’histoire, qui a commencé comme un jeu dans la lutte pour le pouvoir et
ses intrigues, se retourne sens dessus-dessous, créant un climat
shakespearien où les contraires se rejoignent, les fêlures sociales et
politiques se mêlent aux problèmes d’identité, les êtres s’effondrent,
les destinées se confondent.
Mou’mina, l’épouse du prévôt des notables, devenue Almâssa, la
courtisane, va défier et déjouer l’hypocrisie des mécanismes de
domination entretenus par les hommes, elle mettra ces derniers face à
leurs contradictions les plus intimes quitte à payer le prix fort pour
le chaos qu’elle a engendré. A travers son histoire, c’est toute une
société qui est radiographiée, celle d’une Syrie d’hier bien sûr, mais
aussi les sociétés d’aujourd’hui qui maintiennent, consciemment ou
inconsciemment, les traditions de domination masculine.
En mêlant dans son écriture tradition orientale et modernité
occidentale, force du conte et rigueur de la tragédie,
Saadallah Wannous nous offre une œuvre qui bouleverse les idées
préconçues et nous interroge sans complaisance sur nos propres valeurs,
nos propres mensonges. Ce théâtre à dimension politique évidente n’est
jamais pédagogique, jamais simplificateur mais universel dans le sens
ou` il questionne très directement notre propre rapport au pouvoir, à
tous les pouvoirs.
La pièce a été publié en arabe en 1994, traduite et publiée par
Sindbad /Actes Sud-Papiers en1996, rééditée aujourd’hui طقوس الإشارات
والتحولات
Jeudi 16 mai à 18h30, à l’Institut du Monde arabe : débat autour de l’œuvre théâtrale de Saadallah Wannous, salle du Haut Conseil.
Réservation
Etant en contact avec la Comédie
française, et pour vous permettre d’aller voir la pièce dans les
meilleures conditions, je vous propose de profiter des tarifs réservés
aux collectivités :
Association E-ARABESQUE en l’occurrence. Première catégorie 33€ - Deuxième catégorie 24€ - Troisième catégorie 10€
Choisissez rapidement parmi les dates suivantes, sélectionnées en
concertation avec le service réservation de la C.F. Il suffit de 10
personnes pour constituer un groupe. D’autres dates seront envisageables
ultérieurement, selon votre demande.
Mardi 28 mai à 20h30
Samedi 01 juin à 20h30
Jeudi 06 juin à 20h30
Prière de précisez la date désirée, le nombre de places et la catégorie.
Envoyez ces informations ainsi que votre adresse de courriel, avec
votre chèque libellé à l’ordre de la Comédie française à notre ami
Charif Rifaï qui veut bien gérer la réservation de nos groupes et qui
vous confirmera la réservation :
M. Charif Rifaï, 32 avenue Félix Faure - 75015 Paris
**
"Rituel pour une métamorphose", expérience inédite pour la Comédie-Française
Avec "Rituel pour une métamorphose", du Syrien Saadallah Wannous, la
Comédie-Française aborde, pour sa première incursion véritable dans la
littérature arabe, un texte subversif, conte oriental à la stupéfiante
modernité.
Des "métamorphoses", il en est question tout au long de cette pièce,
créée lundi soir au théâtre du Gymnase à Marseille dans le cadre de la
capitale européenne de la culture 2013.
Métamorphose d’une épouse de la haute société en courtisane,
transformation d’un notable en clochard mystique, passion amoureuse d’un
homme pour un autre... Le texte de Wannous, écrit en 1994, aborde les
thèmes les plus brûlants : rapport au pouvoir, prégnance de l’autorité
religieuse, émancipation féminine...
L’histoire se déroule dans un Damas des années 1860, avec à sa tête un
mufti lancé dans une machination pour asseoir son pouvoir.
Mais c’est une femme exprimant sa soif de liberté et son désir sexuel
qui viendra mettre au pas cette toute-puissance masculine, brisant tous
les interdits. Une femme fine qui sondera l’âme du mufti et finira par
le perdre à lui-même.
"Je veux rompre ces grossières cordes qui paralysent mon corps, cordes
tressées dans la peur, la pudeur, la chasteté et les tabous, cordes
faites de sermons", dit Mou’mina, devenue Almâssa la prostituée, au
mufti. "Je veux libérer mon corps, atteindre mon moi".
Onze comédiens magnifiques - Julie Sicard (intense Mou’mina), Thierry
Hancisse (inquiétant mufti), Sylvia Bergé, Denis Podalydès - portent ce
drame puissant, allégé par quelques ressorts de comédie. Les mots sont
précis, souvent tranchants, crus parfois.
Sur scène, de hauts murs, comme une prison, occupent le plateau pendant
les deux tiers de la pièce, jusqu’à ce qu’ils se fêlent et cèdent,
incarnation du chaos généré dans la ville par Mou’mina.
Déclinés dans un camaïeu de gris, les turbans et autres sarouals se font
quasiment oublier. Une volonté du metteur en scène, le Koweïtien
Sulayman Al-Bassam, qui en rejetant tout orientalisme a voulu garder à
la pièce sa dimension universelle, contemporaine, "urgente",
explique-t-il.
Le sujet est tel qu’en Syrie comme en Egypte, la pièce n’a pu être jouée
longtemps, relève le metteur en scène et auteur de 41 ans. "Elle n’est
pas censurée au sens propre mais c’est une pièce qui remet en question
les fondamentaux religieux", avec la métamorphose du mufti.
"La pièce est empreinte d’atmosphère religieuse et en même temps, elle
est critique. Je crois que c’est une tentative de pièce laïque dans un
monde musulman", dit Denis Podalydès.
Sulayman Al-Bassam voit en Wannous "un mentor", dans ses réflexions sur les rapports entre théâtre et société.
Très lu dans le monde arabe, fondateur du festival de théâtre de Damas,
Wannous est décédé d’un cancer à 56 ans en 1997. Le dramaturge, qui
étudia le journalisme au Caire puis le théâtre à Paris, a laissé des
oeuvres très engagées en faveur de la liberté.
Pour le metteur en scène, la pièce fait nettement écho, 20 ans après, à
une "Syrie aujourd’hui en flammes, réclamant un espace émancipateur".
"Wannous est un auteur fondamental dans le monde arabe, qui utilise sa
plume comme résistance à l’oppression avec le talent des grands hommes
de théâtre", souligne Muriel Mayette, l’administratrice générale de la
Comédie-Française, dans une note sur ce tout premier texte de langue
arabe, traduit en français, à entrer au répertoire.
C’est "un texte engagé, à la fois classique dans sa construction et
subversif comme savait l’être Molière en son temps (...) Il est grand
temps de nous pencher vers la littérature dramaturgique arabe,"
ajoute-t-elle.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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