samedi 20 avril 2013

Syrie : "Si nous ne sommes pas victorieux, ce sera la fin" dit Assad

Le président syrien Bashar al-Assad a affirmé mercredi que les Occidentaux jouaient avec le feu en finançant selon lui Al-Qaïda et qu’ils le paieraient très cher car cette organisation se retournerait un jour contre eux.
Selon des extraits publiés par la présidence d’un entretien télévisé dont l’intégralité devait être diffusée dans la soirée, M. Assad a affirmé qu’une défaite de son régime face aux rebelles signifierait la fin de la Syrie, ce que selon lui aucun citoyen syrien ne pouvait accepter.

"L’Occident a déjà payé très cher le fait d’avoir financé à ses débuts Al-Qaïda. Aujourd’hui il fait la même chose en Syrie, en Libye et dans d’autres endroits et il paiera cher au coeur de l’Europe et des Etats-Unis", a prévenu le président syrien dans cette interview à la chaîne officielle Al-Ikhbariya.

Il faisait allusion à l’aide accordée par Washington dans les années 1980 en Afghanistan aux moujahidines luttant contre l’occupation soviétique, dont ceux d’Al-Qaïda, qui se sont ensuite retournés de manière spectaculaire contre les Etats-Unis.

Le Front al-Nosra, composé de jihadistes syriens et étrangers, a annoncé il y a une semaine avoir prêté allégeance au chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, qui avait appelé quatre jours plus tôt les rebelles à lutter pour l’instauration d’un "Etat islamique jihadiste".

Dans ce contexte, "nous n’avons pas d’autres options que la victoire, car si nous ne sommes pas victorieux, ce sera la fin de la Syrie et je ne pense pas qu’un seul citoyen syrien accepte cette option", a déclaré Assad.

"La vérité c’est qu’il y a une guerre et je le répète sans cesse non à la reddition et non à la soumission", a-t-il insisté.

Le président syrien a aussi fustigé le soutien des pays occidentaux et arabes aux rebelles, s’en prend en particulier à la Jordanie : "Je ne peux pas croire que des centaines (de rebelles) entrent avec leurs armes en Syrie alors que la Jordanie est capable d’arrêter une seule personne portant une arme légère pour aller résister (contre Israël) en Palestine".

Les rebelles sont récemment emparés d’une bande de 25 km dans le sud de la Syrie, à la lisière de la Jordanie, et Damas a accusé son voisin d’entraîner des combattants et de les laisser entrer en Syrie.
A l’occasion du jour de l’Indépendance, qui commémore la fin du mandat français en 1946, la télévision officielle syrienne a diffusé mercredi des images de l’époque, en faisant un parallèle entre les "héros de l’Indépendance" et l’armée syrienne d’aujourd’hui.

"La commémoration du retrait du dernier soldat français est une page éclatante dans l’Histoire de la Syrie et les héros de notre valeureuse armée mènent aujourd’hui le combat contre le terrorisme", a-t-elle insisté.
Parallèlement, selon des sources diplomatiques mercredi, l’Union européenne envisage de lever partiellement son embargo pétrolier, imposé en novembre 2011, afin d’aider financièrement les rebelles, qui contrôlent désormais une partie des champs pétrolifères dans l’est et le nord du pays.

En revanche, la Russie, alliée indéfectible de Damas, a qualifié de "négatif" le rôle joué par le groupe des Amis de la Syrie, à trois jours d’une nouvelle réunion de ce groupe à Istanbul.

"Pour l’instant, nous considérons que ce processus contribue d’une façon négative aux accords de Genève" portant sur les principes d’une transition en Syrie, a dit à la presse le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, après une rencontre avec son homologue turc Ahmet Davutoglu.

Sur le terrain, au moins 12 personnes, dont deux enfants, ont été tuées par des tirs de l’armée à Bueida, dans la province de Homs (centre), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

Des combats faisaient rage dans cette région, où le régime "s’appuie sur des combattants loyaux au (mouvement chiite libanais) Hezbollah et des forces de défense (supplétifs de l’armée syrienne, ndlr) pour chasser les rebelles des zones rurales", selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman.

Mercredi, les violences ont fait au moins 92 morts, dont 15 rebelles, 12 civils et 7 soldats dans la province de Homs, selon un bilan provisoire de l’OSDH.

(17-04-2013)

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