Au moins 57 personnes ont été tuées dans l’assaut donné par l’armée
syrienne contre deux villages de la province de Deraa, dans le sud du
pays, a annoncé jeudi une ONG.
"Le nombre de personnes tuées par des tirs, des bombardements, lors
d’executions sommaires et d’accrochages entre rebelles et soldats
mercredi dans les localités d’Al-Sanamein and Ghabagheb se monte à 57,
selon un nouveau bilan", affirme l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH).
Il s’agit de 16 rebelles, 12 soldats gouvernementaux, sept femmes,
six enfants et 16 autres civils. Un premier bilan faisait état de 45
morts.
Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman, "mardi soir, dix
soldats avait déserté un important poste militaire voisin et s’étaient
cachés dans les deux villages. Le lendemain, l’armée a lancé l’assaut".
Les rebelles ont récemment pris le contrôle dans le sud du pays d’une
bande de 25 km allant de la Jordanie à la ligne de cessez-le feu avec
Israël sur le plateau du Golan.
***
A Alep, jihadistes et rebelles régissent la vie des Syriens
"C’est comme si on avait un vrai Etat" : à la sortie du tribunal,
Mohamed montre fièrement l’acte de propriété de son magasin. Il porte le
sceau de la cour islamique qui régit désormais la vie des quartiers
rebelles de la ville d’Alep, la métropole du nord de la Syrie.
"Maintenant, nos droits sont garantis, tout est officiel",
poursuit-il, évoquant les nouvelles institutions mises en place par la
rébellion à la faveur d’une relative accalmie dans les combats qui
ensanglantent depuis neuf mois la capitale économique de la Syrie en
guerre.
Mariage, héritage, contrats commerciaux, tout passe maintenant par
cette autorité judiciaire gérée par des juges et des avocats passés à la
rébellion et placée sous le patronage du Front islamique.
La cour islamique régit désormais la vie des quartiers rebelles.
Sous cette bannière sont regroupées les plus importantes forces
rebelles d’Alep, avec à leur tête les jihadistes du Front Al-Nosra (une
branche d’Al-Qaïda en Irak) et les salafistes d’Ahrar al-Cham, ainsi que
Liwa al-Tawhid, une importante brigade soutenue par la Coalition de
l’opposition en exil.
Si les chefs de ces formations assurent s’en tenir au volet
militaire, leur mainmise se fait pourtant sentir bien au-delà des lignes
de front.
Liwa al-Tawhid, par exemple, a mis en place des écoles ainsi qu’une
"autorité de l’électricité" pour tenter de réalimenter des dizaines de
quartiers privés depuis des mois de courant.
"L’idée, explique un commandant rebelle sous le couvert de
l’anonymat, c’est qu’il n’y ait pas un jour de vacance quand le régime
va tomber, l’administration et les institutions doivent être
opérationnelles dès maintenant".
Par ailleurs, alors que monte la grogne des civils, qui dénoncent des
pillages commis par des rebelles, Liwa al-Tawhid a mis en place une
police militaire, en charge de faire appliquer la loi aux combattants.
Une "bonne idée", selon Oum Ahmed, qui affirme que sa première
préoccupation désormais ce sont "les hommes armés qui se réclament de
l’Armée libre (rebelles) qui viennent nous voler nos biens". "Parfois
même juste après un bombardement, on les voit se ruer sur les
décombres", dit-elle.
C’est justement à cause de ces vols de plus en plus fréquents qu’Abdallah, 28 ans, se présente ce matin au tribunal islamique.
"Je veux déménager et donc je fais enregistrer tous mes biens à mon
nom, comme ça on ne pourra pas m’accuser de les avoir volés", dit-il.
Mais face à ces rebelles sans foi ni loi, les civils comme les
combattants préfèrent faire appel à Al-Nosra, qui fait figure de modèle
d’intégrité. "Quand on veut arrêter un rebelle, on se tourne vers eux
car ce sont les seuls qui ont la force suffisante", explique un
combattant.
Le Front a d’ailleurs été appelé à plusieurs reprises pour mettre fin
à des affrontements entre brigades rebelles à Alep, notamment lors de
litiges pour la distribution de munitions ou du butin de pillages, selon
plusieurs habitants.
Mais le Front Al-Nosra et les salafistes de Ahrar al-Cham, loués pour
les importantes victoires qu’ils ont remportées et appréciés des civils
pour leur travail humanitaire, suscitent aussi des questionnements car
leur radicalisme religieux fait peur à certains.
"Le problème avec nos frères d’Al-Nosra, c’est qu’ils veulent du jour
au lendemain voiler nos femmes comme en Afghanistan", juge le chef
d’une brigade rebelle d’origine kurde. "Nous n’avons jamais vécu comme
cela, on ne peut pas nous imposer la charia comme ça d’un coup".
(11-04-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire