L’assassinat du résistant prisonnier Maysara Abu Hamdiyyé par les
forces de l’occupation au début du mois d’avril a suscité une grande
colère parmi les Palestiniens, et notamment les autres prisonniers.
L’occupant s’est innocenté par un rapport médical qui affirme que le
résistant Maysara est décédé des suites du cancer qui a rongé son
corps ; ce que tout le monde savait d’ailleurs, mais l’occupant a
ignoré, dans son rapport, qu’il a refusé de soigner ce cancer et qu’il a
administré des médicaments inefficaces et même procédé à des
expériences médicales, laissant le résistant mourir. C’est un nouvel
assassinat que l’occupant sioniste a perpétré contre les prisonniers.
Que dit la « communauté internationale », si prompte à dénoncer des
crimes commis ailleurs ? Rien, puisque l’entité coloniale bénéficie de
son soutien indéfectible et qu’il ne faut pas s’attendre à des mesures
punitives de sa part contre les colons criminels qui occupent la
Palestine depuis 1948. De nouveau, des officiels de l’AP réclament
l’adhésion de la « Palestine » au Tribunal pénal international, en vue
de dénoncer les crimes sionistes, comme si un tribunal sous la botte de
l’ONU pouvait rendre justice aux Palestiniens. Des illusions caressées
par l’AP et ses amis dans le monde, en vue de faire taire la résistance
légitime.
La vie du résistant martyr Maysara Abu Hamdiyyé est un exemple de la vie
des combattants palestiniens qui se sont sacrifiés pour que vivent la
Palestine et les Palestiniens dans la dignité . Né en 1948, l’année de
la Nakba palestinienne, il fut arrêté par l’occupation dès 1969, pour
appartenance à l’Union des étudiants palestiniens. Il fut détenu
« administratif » plusieurs fois jusqu’en 1975 puis refoulé de
Palestine. Il rejoint les combattants dans les camps de réfugiés au
Liban et fait partie de la direction de la Brigade al-Jormok, du Fateh.
Il met en place la coordination militaire entre l’intérieur (Palestine)
et l’extérieur (les réfugiés) pour intensifier les opérations armées
contre l’occupant. Il ne peut revenir au pays après la formation de
l’Autorité palestinienne, l’occupant ayant mis un veto à son retour.
Après la levée du veto sioniste à la fin des années 90, il revient au
pays et fait partie des forces sécuritaires préventives, alors que sa
vraie tâche consiste à former les combattants, notamment des Brigades
d’al-Qassam. Arrêté en 2002, il est d’abord condamné à 7 ans de prison,
puis condamné à la perpétuité lorsque l’entité coloniale le juge pour sa
participation à la résistance avant les accords d’Oslo. Le résistant
martyr Maysara Abu Hamdiyyé fut l’un des combattants les plus engagés
dans le dialogue et l’unité entre les formations de la résistance contre
l’occupation. Atteint récemment d’un cancer, l’occupant refuse de le
soigner et le laisse mourir.
Abolir la détention « administrative »
Le résistant prisonnier Samer Issawi poursuit la grève de la faim,
entamée depuis plus de 260 jours, sans que la campagne de solidarité
avec sa lutte ne parvienne à le faire libérer. Son état de santé est en
constante détérioration et son cœur bat de plus en plus faiblement.
Malgré cela, il refuse les pressions sionistes et internationales qui
s’exercent sur lui pour qu’il accepte son bannissement vers la bande de
Gaza, ou même vers un Etat européen. Dans une récente lettre, il décrit
les diverses pressions exercées par les services sécuritaires « qui
m’entourent et qui m’attachent de 8 h du soir jusqu’à 8 h du matin. Les
repas me sont servis tous les jours en signe de pression, mais je refuse
et les leur rend. Ils m’ont interdit de m’asseoir près de la fenêtre,
ils refusent que les rayons du soleil touchent mon corps qui s’en va. Ma
bataille est celle de tout le peuple : je ne permettrai pas que
l’occupant arrête à nouveau les prisonniers libérés ». Il a également
affirmé qu’il ne se rendra pas aux tribunaux, puisqu’il ne reconnaît pas
la légitimité des tribunaux militaires.
La bataille jusqu’au martyre menée par Samer Issawi commence à faire
trembler les cercles sionistes et impérialistes. Des Etats-Unis, à
l’Europe, aux Nations-Unies et même dans l’entité coloniale, des
pourparlers et des pressions sont exercées afin d’éviter le martyre du
résistant, devenu un symbole de la lutte pour la dignité. Certains
proposent le bannissement, d’autres un geste « généreux », mais tous ces
cercles de l’arrogance n’envisagent même pas la justesse des
revendications des prisonniers et ne réclament pas la justice pour les
prisonniers et le peuple palestinien. Samer Issawi réclame sa liberté,
injustement confisquée par l’occupation.
Younes al-Hroub poursuit la grève de la faim depuis 56 jours, réclamant
sa libération. Détenu « administratif », il refuse les mesures
arbitraires et humiliantes de l’occupation. Il a été tranféré il y a une
semaine à l’hôpital Soroka, suite à la détérioration de son état de
santé. Il a été arrêté au mois de juillet 2012, et détenu sur « dossier
secret ». Sa détention a été renouvelée. Il avait déjà été arrêté en
2002 et condamné à 6 ans et demi de prison. Son frère Khaled, prisonnier
depuis 10 ans, menace d’entamer la grève de la faim en solidarité avec
Younes.
Le prisonnier Ayman Abu Daoud a décidé le 14 avril d’entamer une grève
illimité de la faim, pour protester contre son arrestation et sa
condamnation dans les mêmes termes qu’avant sa libération, dans
l’opération d’échange d’octobre 2011. Il avait été arrêté pour la
première fois en 2004, et condamné à 36 ans de prison. Libéré dans le
cadre de l’échange avec le soldat Shalit, il a été de nouveau arrêté le
13/2/2012. L’occupant a décidé de revenir à l’ancienne condamnation pour
se venger des prisonniers libérés.
Le prisonnier résistant Samer el-Barq poursuit la grève de la faim
depuis 44 jours, refusant la détention dite administrative. L’occupant
avait fait la promesse de le libérer et de l’expulser lorsque Samer
avait mené une grève de la faim il y a quelques mois, mais il n’a pas
tenu parole.
Le prisonnier Mansour Mawqida a débuté une grève de la faim il y a plus
de dix jours, pour protester contre la politique de négligence médicale
suivie par l’occupant. Mansour est gravement malade. Il réclame des
soins, pour lui et pour tous les prisonniers malades et handicapés.
Libérer les prisonniers malades
Le martyre de Maysara Abu Hamdiyyé met en lumière les conditions de
détention dans les prisons de l’occupation où les sionistes se vengent
des résistants. Ils les rendent malades puis refusent de les soigner. Le
manque de réactions de la part de la « communauté internationale »
quant aux prisonniers malades, atteints de cancer et d’autres maladies
graves, est un soutien à l’arrogance de l’occupant.
Les autorités de l’occupation se vengent contre les prisonniers malades.
Le résistant Mohammad Mardawi (34 ans) de Arrabe, dans la province de
Jénine, a été isolé dans une cellule séparée alors qu’il souffre d’une
infection pulmonaire. Ses compagnons ont affirmé qu’il ne pouvait plus
parler. Il y a un mois, il avait été transféré à ce qui tient lieu
d’hôpital, dans la prison de Ramlé, mais juste pour un jour. Mohammad
Mardawi a été arrêté en 1999, et condamné à 28 ans de prison.
Le prisonnier Nahed al-Aqraa a dû subir l’ablation de sa jambe gauche,
le 2 avril 2013, par manque de soins appropriés depuis son arrestation.
Nahed Al-Aqraa est âgé de 41 ans et est condamné à trois perpétuités
pour résistance à l’occupation. Il demande l’ouverture de son dossier
médical et accuse les autorités de l’occupation d’avoir sciemment
négligé de soigner sa jambe gauche, qui était blessée. Il avait déjà
perdu sa jambe droite au début de son arrestation.
Le club des prisonniers de la ville d’al-Khalil a récemment informé de
la détérioration de l’état de santé du prisonnier résistant Maher Abou
Rayyan, suite à la négligence intentionnelle de l’occupation. Maher a 35
ans et a été arrêté en 2003 après une longue poursuite de la part de
l’occupant.
Le résistant récemment libéré Ibrahim Baroud a déclaré que les
prisonniers malades vivent un vrai calvaire dans les prisons de
l’occupation, et nombreux sont ceux qui assistent impuissants à leur
mort lente. Ils sentent qu’ils sont visés et qu’ils risquent la mort, à
cause de la négligence médicale intentionnelle pratiquée par l’occupant.
Martyrs
Trois martyrs parmi les prisonniers depuis le début de l’année 2013.
Leur décès est dû à la politique criminelle des sionistes, qui négligent
sciemment de soigner les prisonniers et qui les prennent pour des
cobayes pour leurs industries pharmaceutiques, ou par suite de la
torture subie, pratiquée à présent sous la supervision d’une compagnie
anglaise. Les martyrs sont : Ashraf Abu Dhrai, Arafat Jaradat et Maysara
Abu Hamdiyyé.
Arrestations et condamnations
Le prisonnier libéré Thaer Halahla, qui avait entamé une grève de la
faim pour sa libération, a été arrêté de nouveau à Ramallah. Par crainte
de l’extension du mouvement de révolte, suite à l’assassinat du
combattant prisonnier Maysara Abu Hamdiyyé, l’occupant a lancé une
campagne d’arrestations des membres et cadres du Jihad islamique dans
plusieurs villes de la Cisjordanie. 6 membres cadres ont été arrêtés,
parmi eux Thaer Halahla et Mu’tazz Ubaydu, handicapé. Mu’tazz a été
maintes fois arrêté au cours de ces derniers mois puis remis en liberté.
Le prisonnier libéré, membre actif du soutien aux prisonniers, Usama
Shahine, a assisté au renouvellement de sa détention administrative pour
6 mois supplémentaires. Arrêté depuis le 30 octobre 2012, il est détenu
dans la prison du Naqab.
L’administration coloniale a renouvelé la détention « administrative »
pour la quatrième fois de Assaad Izzidine et de son cousin Ahmad, du
village Arraba dans la province de Jénine.
Libération
Le résistant du mouvement du Jihad islamique, Ibrahim Baroud, a été
libéré au début du mois d’avril après 28 ans de détention. Il avait été
arrêté en 1986 dans la maison familiale dans le camp de Jabaliya.
Le résistant Mohammad Kanaane, membre de la direction collective de
« Abnaa al-Balad », du village de Arrabe en Galilée, a été libéré le 14
avril. Il a été arrêté et détenu suite à sa participation à la journée
de mobilisation du retour des réfugiés, en juin 2011, dans le Golan
syrien occupé. Sa famille qui attendait sa libération prévue à 9h du
matin a été surprise de savoir qu’il avait été libéré à 6h du matin et
transféré à une autre prison, rien que pour empêcher l’accueil populaire
et familial du résistant.
Le combattant des Saraya al-Quds (branche armée du Jihad islamique)
Youssef Abu Slaysel, 31 ans, a été libéré après 9 ans de détention, pour
résistance à l’occupation.
Statistiques
Des statistiques ont été publiées à l’occasion de la Journée du
prisonnier palestinien, le 17 avril. Les colons sionistes détiennent
dans leurs prisons 4900 prisonniers, en majorité palestiniens (les
autres étant de nationalité jordanienne, syrienne, égyptienne,
libanaise…). Parmi eux, 235 enfants, 14 femmes dont la doyenne est Lina
Jarbouni, appartenant au mouvement du Jihad islamique, 14 membres du
conseil législatif palestinien, en majorité du Hamas et deux anciens
ministres.
50.000 ordres militaires de détention « administrative » ont été
prononcés depuis 1967, dont 23.000 depuis septembre 2000, date du début
de l’Intifada al-Aqsa. 168 Palestiniens sont aujourd’hui détenus
« administratifs », c’est-à-dire sans aucune charge ni raison, sinon la
crainte des colons sionistes d’une révolte palestinienne. 533
prisonniers sont condamnés à la perpétuité.
1400 prisonniers souffrent de graves maladies. L’état de 170 d’entre eux
nécessite des soins urgents. 16 prisonniers malades se trouvent en
permanence dans ce qui tient lieu d’hôpital dans la prison de Ramlé, et
25 prisonniers sont atteints de cancer.
Solidarité
A l’appel de la communauté palestinienne en Allemagne, des centaines
de militants ont manifesté en solidarité avec les prisonniers
palestiniens dans la ville de Dortmund, réclamant aux responsables de
l’AP (Abbas et Haniyyé) de concentrer leurs efforts pour faire libérer
les prisonniers.
L’association palestinienne Addameer vient de lancer sa campagne pour
l’abolition de la détention administrative. Elle a mis en place un site
d’information sur cette forme barbare de détention pratiquée par
l’occupant : http://stopadcampaign.com/ .
Les services sécuritaires de l’AP poursuivent l’arrestation des
militants et des prisonniers libérés, actifs dans le soutien à la lutte
des prisonniers. Plusieurs militants du Jihad islamique et du Hamas ont
été récemment arrêtés. Parmi eux, Hamza Abul Hayja, le fils du
combattant prisonnier du Hamas, Jamal Abul Hayja, dont la maison a été
investie à plusieurs reprises, et les affaires personnelles confisquées,
menaçant la famille de continuer ces pratiques jusqu’à l’arrestation de
Hamza. D’après les déclarations des services de l’AP, Hamza est
« accusé » de soutenir la lutte des prisonniers.
("Baladi", Avril 2013)
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