samedi 27 juin 2015

Tunisie : La Grande-Bretagne sous le choc

Des milliers de touristes britanniques étaient rapatriés samedi au lendemain de l'attentat dans une station balnéaire au sud de Tunis, qui s'annonce comme le plus meurtrier pour le Royaume-Uni depuis le carnage de Londres il y a dix ans.
"Massacre sur des transats", "Bloody Friday", "Terreur sur la plage": la presse britannique ne se faisait guère d'illusions quant au lourd tribut payé par le Royaume-Uni dans l'attaque contre l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port el Kantaoui, à 140 km au sud de Tunis et près de Sousse.
Le Foreign Office a indiqué samedi à l'AFP que le nombre de Britanniques tués était toujours officiellement chiffré à cinq, sur les 38 victimes au total. Mais il a aussi renvoyé aux propos de la veille du ministre des Affaires étrangères Philip Hammond, qui dès vendredi a dit s'attendre à ce que ce bilan s'alourdisse.
Dans la nuit, le Premier ministre tunisien Habib Essid a annoncé que les victimes étaient "en majorité des Britanniques".
"Il semble malheureusement que ce soit le cas, certaines victimes doivent encore être identifiées. Mais le nombre (de tués britanniques) va augmenter", a confirmé le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, à la chaîne Skynews.
Le Royaume-Uni se préparait donc samedi à la nouvelle de l'attaque la plus meurtrière depuis les attentats-suicides du 7 juillet 2005 à Londres dans lesquels 56 personnes avaient trouvé la mort.
Le Premier ministre David Cameron devait présider samedi matin une nouvelle réunion de crise. A Londres, les mesures de sécurité ont été renforcées pour la Gay Pride, prévue samedi dans les rues de la capitale, et pour le "Armed Forces Day", une journée nationale en hommage aux forces armées.
Les premiers touristes rapatriés en urgence de Tunisie ont atterri samedi en Grande-Bretagne. A l'aéroport de Manchester, deux ambulances attendaient à la sortie du Terminal 2. Certains passagers étaient en pleurs au moment de débarquer.
Le tour opérateur Thomson et First Choice a envoyé dix avions en Tunisie pour rapatrier environ 2.500 touristes britanniques. "Certains de nos clients ont été tués et blessés", a ajouté le tour opérateur qui a annulé tous ses séjours en Tunisie la semaine prochaine et proposé d'autres destinations à ses clients.
Un touriste, Jeremy Moore, "heureux d'être rentré" a indiqué, à son arrivée à l'aéroport londonien de Gatwick, que les passagers de son vol avaient applaudi lorsque l'avion avait décollé.
Les plages tunisiennes sont particulièrement prisée par les vacanciers britanniques. Ils étaient plus de 5.000 en vacances en Tunisie au moment du drame, selon les tours opérateurs.
De nombreux témoignages glaçants continuaient à affluer pour décrire l'horreur vécue à l'heure du déjeuner vendredi.
"J'ai vu un homme recevoir une balle dans la tête, un autre a été touché au ventre. Il y avait du sang partout", a raconté Ellie Makin.
La presse a aussi identifié quelques héros.
Keith Hawkes, un ancien soldat gurkha (membre de l'armée britannique recruté au Népal), âgé de 70 ans, a raconté au Times comment il est passé juste à côté du tireur lorsqu'il a fait face au feu nourri de son arme automatique pour se porter à la rescousse des victimes. "Je ne saurai jamais pourquoi il ne m'a pas visé moi", a-t-il dit.
Une jeune Galloise, Saera Wilson, a remercié son compagnon de s'être interposé, utilisant son corps comme bouclier pour la protéger.
Matthew James, 30 ans, a été touché trois fois, à l'épaule, la poitrine et la hanche, mais ses jours ne sont pas en danger. "Il était couvert de sang, mais il m'a juste dit de m'enfuir. Il m'a dit: +Je t'aime, bébé, mais va t'en. Dis à nos enfants que leur papa les aime.+ Je n'avais jamais rien vu d'aussi courageux", a déclaré sa compagne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire