Dans un entretien paru dans le quotidien Assafir, Abu Imad
Rifâ’î, représentant au Liban du Mouvement du Jihad islamique en
Palestine, a déclaré que l’Intifada n’est qu’à ses débuts, elle va se
poursuivre, à des cadences variées, comme cela s’est passé au cours des
intifada précédentes, en 1987 et 2000, affirmant « notre peuple possède
un souffle long et une volonté inébranlable. Il affrontera la politique
des exécutions et la répression israélienne ».
Il a signalé deux caractéristiques du mouvement populaire palestinien
actuel, la première est qu’il englobe l’ensemble des territoires
occupés, y compris ceux occupés en 1948 « ce qui donne une
signification très importante à la nature du conflit. » Ensuite, elle se
caractérise par la « guerre des couteaux » qui a surpris et déstabilisé
l’ennemi. Pour Abu ‘Imad Rifâ’i, il est significatif que le pessimisme
n’a pas touché la jeunesse palestinienne, car ce sont de nouvelles
générations, qui ne se rappellent pas les intifada précédentes,
certaines n’étaient même pas nées au cours de la première. Malgré cela,
elles ont pris la responsabilité de se soulever contre l’ennemi qui ne
peut effacer la mémoire palestinienne.
Concernant les objectifs de l’Intifada actuelle, à la question de savoir
si elle se limite à protéger les lieux saints ou si elle ira plus
loin, Abu ‘Imad Rifa’î a précisé que le mouvement du Jihad islamique en
Palestine a défini deux objectifs principaux au mouvement palestinien
actuel : protéger les lieux saints, et en premier lieu empêcher le
partage de la mosquée al-Aqsa, dans le temps et dans l’espace, et
affronter la politique de judaïsation d’al-Quds, mais aussi libérer la
Cisjordanie et lever le siège contre Gaza. Il a affirmé que ce qui se
passe aujourd’hui est de nature à renouer la liaison de part et d’autre
de la patrie palestinienne occupée, de son extrême nord à son extrême
sud, « ce qui signifie de fait faire échec à la voie d’Oslo et à ses
néfastes conséquences sur la situation palestinienne ». Il a souligné «
qu’il est difficile de ne pas s’arrêter sur ce qui se passe dans les
territoires occupés en 1948, et la lutte qu’y mène notre peuple, et les
changements qui suivront ».
A la question « faut-il intensifier la lutte vers une guerre armée
contre l’occupation » ? Il a répondu : « cela dépend des agissements de
l’ennemi. La bataille peut prendre des formes variées. La forme actuelle
est une intifada populaire et la guerre des couteaux ». Il a indiqué
que l’évolution de l’action armée intervient dans le cadre de
l’accentuation israélienne, que ce soit envers les lieux saints, ou sa
politique de répression et de meurtres. « la bataille est ouverte avec
l’ennemi et nous avons de nombreuses tactiques ».
Il a indiqué que le premier ministre israélien vit une véritable crise,
car il n’a réalisé aucun acquis au cours de ses précédentes guerres
contre le peuple palestinien, tout comme il n’a pas pu profiter de la
situation arabe actuelle. De plus, « l’Israélien a été neutralisé par
les Etats-Unis et la Russie, il n’a plus aucun rôle, et l’entité
israélienne qui se présentait dans le passé comme étant le sauveur des
projets occidentaux, son rôle est devenu inexistant, Israël a besoin
désormais d’être protégé ». Abu ‘Imad Rifa’î s’attend à ce que le
premier ministre israélien accentue sa politique au cours de l’étape
suivante, étant sous l’influence de la société israélienne extrémiste,
et il essaiera de faire jouer la surenchère.
Concernant les circonstances entourant la situation arabe, que beaucoup
considèrent comme n’étant pas propices à l’Intifada, Abu ‘Imad Rifâ’î a
déclaré : « notre peuple a combattu seul au cours de plusieurs
batailles, sinon toutes », sans qu’il nie que la situation arabe en
crise aura des répercussions sur la capacité des Palestiniens. Mais le
peuple palestinien, selon lui, va ramener la considération à la cause
palestinienne, il va unifier les Arabes autour de la cause, et il
l’imposera en tant que priorité arabe et internationale « après l’échec
de toutes les tentatives de la supprimer et de la rayer ».
Le Jihad islamique en Palestine considère qu’il est du devoir de la
nation de se révolter pour protéger ses lieux saints, sachant que ces
lieux ne sont pas seulement musulmans, mais aussi chrétiens. Le
mouvement réclame la coupure des relations « publiques » avec l’ennemi,
et celles qui ont été gardées « sous la table », comme un pas minimum
pour cette étape. Quant aux fronts, le Jihad islamique en Palestine se
distingue du mouvement Hamas, par exemple, qui ne demande pas
l’ouverture d’une bataille avec l’Israélien sur ces fronts. Le Jihad
islamique en Palestine considère que « l’ouverture de tous les fronts
avec l’ennemi est un devoir de la nation », pour protéger ses lieux
saints, notamment lorsqu’ils sont menacés, comme la mosquée al-Aqsa.
Dans une autre interview, Abu ‘Imad Rifa’î a déclaré que « l’exécution
par l’armée israélienne des Israéliens ne mettra pas fin à la flamme de
l’Intifada qui se déroule dans toute la Palestine ». Il a affirmé que le
premier ministre Netanyahu a donné l’ordre de tuer les Palestiniens
pour arrêter l’Intifada, en insistant sur le fait que toutes les
tentatives de l’ennemi pour arrêter l’Intifada vont échouer. Il a
expliqué que les opérations au couteau et à la voiture dans al-Quds et
l’intérieur occupés, expriment sincèrement la capacité du peuple
palestinien à affronter l’ennemi, et sa capacité à protéger ses lieux
saints. Il a indiqué que la police de l’ennemi a tué des Palestiniens,
prétendant qu’ils tentaient de mener des opérations au couteau contre
les colons, comme par exemple lors de l’assassinat de l’enfant Hassan
Khaled Munasra, 13 ans, assassiné de sang-froid.
Abu ‘Imad Rifâ’î a indiqué que l’assassinat des enfants et des femmes,
en prétendant qu’ils tentaient de mener des opérations contre les
colons, indique la sauvagerie de l’armée « israélienne », son racisme et
sa haine des Palestiniens, alors que l’exécution par les Palestiniens
des opérations contre l’ennemi indique que le peuple palestinien penche
vers la voie de la résistance, qui est la voie la plus apte à dissuader «
Israël » et à protéger les lieux saints. Il a par ailleurs indiqué que
les opérations seront de plus en plus nombreuses les jours prochains.
(14-10-2015
- "Baladi")
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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