Au lendemain d'une journée marquée par des violences
qui ont fait plus de 80 blessés en Cisjordanie et à Gaza, John Kerry
s'est entretenu ce samedi à Amman avec Mahmud Abbas. Cette rencontre
entre le secrétaire d'État américain et le président palestinien
intervient dans un contexte tendu alors qu'un Palestinien a été tué par
des tirs israéliens après avoir tenté de poignarder un garde d'une
compagnie privée postée à un check-point entre Israël et le nord de la
Cisjordanie occupée. Ce décès porte à 52 le nombre de Palestiniens tués
depuis le début du mois. Une partie d'entre eux sont des auteurs
présumés d'attaques ayant fait durant la même période huit morts parmi
les Israéliens. La communauté internationale, qui craint un embrasement
généralisé du conflit, presse le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu et l'Autorité palestinienne de stopper l'escalade de la
violence.
"Nous ne perdons pas l'espoir"
John Kerry et Mahmud Abbas se sont retrouvés peu après 8 heures GMT
dans une résidence du dirigeant palestinien dans la capitale
jordanienne, où le chef de la diplomatie américaine devait ensuite se
rendre au palais royal pour s'entretenir avec le roi Abdallah II de
Jordanie. Avant d'entamer leur rencontre, John Kerry et Mahmud Abbas
ont exprimé l'espoir de parvenir à une solution en vue de mettre fin aux
violences. "Nous gardons toujours l'espoir. Nous ne perdons pas
l'espoir", a déclaré Mahmud Abbas devant des journalistes. "Je suis
plein d'espoir", a ajouté John Kerry.
Par ailleurs, le déplacement de John Kerry à Amman intervient alors que
la Russie et la Jordanie, alliée des États-Unis, viennent de conclure un
accord pour coordonner les opérations militaires dans le ciel de la
Syrie. L'annonce-surprise de cet accord a été faite vendredi à Vienne,
lors d'une réunion quadripartite sur la crise syrienne. La visite de
John Kerry en Jordanie avait été programmée avant cette annonce. Le
gouvernement jordanien s'est contenté de souligner que cet accord visait
notamment à sécuriser les frontières avec la Syrie au nord du royaume.
"La coopération entre la Jordanie et la Russie est ancienne et se fait
dans tous les domaines", a précisé le porte-parole du gouvernement
Mohamed Moumani.
Nouveaux affrontements
À Gaza, de jeunes lanceurs de pierres ont affronté une nouvelle fois
vendredi les soldats israéliens près de la barrière de sécurité qui
enferme ce territoire. Ces derniers ont riposté par des tirs qui ont
fait 65 blessés, dont 3 journalistes et 4 secouristes, selon des sources
médicales palestiniennes. En Cisjordanie occupée, des heurts violents
ont également opposé des Palestiniens à l'armée israélienne, notamment
près de Hébron. Vingt Palestiniens ont été blessés par des tirs, selon
les secours palestiniens. Une Israélienne et ses deux fillettes ont par
ailleurs été blessées en Cisjordanie quand leur véhicule a essuyé un jet
de cocktail Molotov, a indiqué l'armée israélienne. Les mouvements
palestiniens avaient appelé à une "journée de la colère" devenue
rituelle après la prière, en Cisjordanie et à Gaza.
La situation dans la vieille ville de Jérusalem par laquelle on accède à
l'esplanade des Mosquées était, en revanche, sans comparaison avec
celle de la semaine dernière, quand des centaines de policiers
israéliens contrôlaient presque tout le monde et interdisaient le
passage aux hommes de moins de 40 ans.
Environ 25 000 musulmans ont participé à la prière, alors qu'ils sont
habituellement 10 000 à 15 000, a dit à l'AFP cheikh Azzam al-Khatib,
chef de la fondation islamique qui administre l'esplanade.
"S'écarter du précipice"
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a plaidé "fortement" pour
une rencontre directe entre Benjamin Netanyahu et Mahmud Abbas. "En
dépit de la colère et de la polarisation, il est encore temps de
s'écarter du précipice", a-t-il insisté.
La rencontre entre John Kerry et Mahmud Abbas est prévue à 8 heures
GMT. Une réunion est aussi prévue avec le roi Abdallah II de Jordanie,
dont le pays est gardien de l'Esplanade des Mosquées. "Je suis impatient
de rencontrer le roi Abdallah et le président Abbas et j'espère (...)
que nous pourrons saisir l'occasion et quitter le bord du précipice",
avait déclaré John Kerry jeudi, à l'issue d'une rencontre avec le
Premier ministre israélien.
La question du contrôle et de l'accès à l'esplanade des Mosquées,
troisième lieu saint de l'Islam également révéré par les Juifs comme
l'emplacement de leur ancien temple, catalyse les tensions. Les
Palestiniens accusent Israël de vouloir changer les règles (le "statu
quo") qui régissent les lieux et, au-delà, diviser l'Esplanade entre Juifs et Musulmans. Israël se défend de tels projets.
"Éviter les actions provocatrices"
Réuni à Vienne vendredi, le quartette (Russie, États-Unis, Union
européenne, ONU), fondé en 2002 pour jouer le rôle de médiateur dans le
conflit israélo-palestinien, a appelé dans un communiqué Israël à
coopérer avec la Jordanie. Le quartette, selon le texte, "encourage
Israël à travailler avec la Jordanie au maintien du statu quo", qui
prévoit notamment que seuls les Musulmans peuvent prier sur le site de
l'esplanade. Le quartette a aussi appelé à "un maximum de retenue" et à
"éviter toutes rhétorique et actions provocatrices".
Jérusalem, les Territoires palestiniens et Israël sont en proie depuis
le 1er octobre à une vague de violences qui a coûté la vie à 50
Palestiniens (pour moitié des auteurs d'attentats), à un Arabe israélien
et à huit Israéliens. Un soldat israélien a été légèrement blessé
vendredi en Cisjordanie, dans la dernière en date d'une série d'attaques
à l'arme blanche de la part de Palestiniens isolés, a dit l'armée. Les
camarades du soldat ont ouvert le feu sur son agresseur palestinien, âgé
de 17 ans, le blessant grièvement. Par ailleurs, un Palestinien blessé
la semaine dernière par des soldats israéliens à Gaza est mort des
suites de ses blessures.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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