Hébron a de nouveau été jeudi le théâtre d'attentats au couteau dont
deux auteurs palestiniens ont été abattus par les forces israéliennes,
et qui font de la grande ville du sud de la Cisjordanie l'abcès de
fixation d'un mois de violences.
Alors que les tensions semblent diminuer ailleurs en Cisjordanie
occupée, à Jérusalem et en Israël, le centre d'Hébron et les environs de
la ville voient se succéder quotidiennement les agressions à l'arme
blanche de jeunes Palestiniens contre des soldats, des garde-frontières
et des colons israéliens. S'y déroulent aussi des affrontements entre
lanceurs de pierres d'une vingtaine d'années et forces israéliennes.
Mahdi Al Mohtaseb, 23 ans, et Farouq Sider, 19 ans, sont les derniers
Palestiniens en date à avoir agressé à l'arme blanche deux membres des
forces de sécurité israéliennes et à être abattus, selon les forces
israéliennes.
Des images prise par un vidéaste de l'AFP montrent Farouq Sider gisant
dans la rue, le sang ruisselant sur le pavé mouillé par la pluie, tandis
qu'un colon prend une photo.
Au moins cinq autres jeunes ont été tués ces derniers jours après avoir
agressé ou tenté d'agresser des soldats israéliens, selon les forces
israéliennes, à proximité immédiate ou non loin du Tombeau des
Patriarches, révéré par les Musulmans et les Juifs et symbole de la
partition de la ville.
Des dizaines de lanceurs de pierres ont affronté les soldats dans la
journée. Quatre personnes ont été blessées à balles réelles ou
caoutchoutées, selon des sources médicales. Des heurts, journaliers
depuis des semaines, ont été rapportés de Bethléem et Ramallah.
Hébron, bastion du mouvement islamique Hamas, est une poudrière où 500
colons vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés sous
haute protection de l'armée. Aux alentours d'Hébron, le conflit est
permanent entre Palestiniens et Israéliens de colonies comme Kyriat
Arba.
- 'Ségrégation presque totale' -
A une dizaine de kilomètres au nord d'Hébron, l'armée a décidé de tenir
le plus possible les Palestiniens à l'écart des populations juives du
bloc de colonies du Goush Etsion, autre zone tendue, rapportait le site
d'information Ynet en parlant de "ségrégation presque totale".
Depuis quatre semaines, les heurts et une série d'attentats
anti-israéliens ont fait 63 morts (dont un Arabe israélien) côté
palestinien et neuf côté israélien dans les Territoires, à Jérusalem et
en Israël. La moitié des Palestiniens tués ont été abattus en commettant
des attentats.
La jeunesse palestinienne est exaspérée par les vexations liées à
l'occupation israélienne, la poursuite de la colonisation, l'absence de
toute perspective personnelle et le discrédit des autorités et partis
palestiniens. L'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, symbole national et
religieux pour les Palestiniens, a catalysé la protestation.
A Hébron, elle a été renforcée ces derniers jours par le refus des
autorités israéliennes de restituer à leur famille les corps des auteurs
d'attentat.
Cette disposition fait partie des mesures annoncées par le gouvernement
israélien début octobre, qui a aussi décidé d'accélérer le rythme des
démolitions de maisons d'auteurs d'attentats.
La Cour suprême israélienne a examiné jeudi les recours déposés contre
la démolition de six maisons et devrait se prononcer dans les prochains
jours.
- Solution à un Etat -
L'implication de la justice irrite vivement une grande partie de la
droite, qui accuse les juges de freiner la répression. Le Premier
ministre Benjamin Netanyahu, à la tête de l'un des gouvernements les
plus à droite de l'histoire, a évoqué à huis clos récemment l'idée d'une
cour spéciale qui traiterait des affaires terroristes et pourrait
statuer plus favorablement sur les démolitions ou les détentions sans
inculpation, rapportait le quotidien Haaretz.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé mercredi à
Washington la nécessité de reprendre des négociations qui mèneraient à
un Etat palestinien coexistant avec Israël (solution dite "à deux
Etats"). Mais il a reconnu en creux que la situation ressemblait de plus
en plus à une solution à un seul Etat, israélien, où vivraient les
Palestiniens.
Les deux Etats restent "la seule alternative viable. Quiconque pense le
contraire peut mesurer à quoi ressemble un Etat unitaire rien qu'en
regardant ce qui s'est passé ces dernières semaines", a-t-il dit.
A La Haye, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a lui aussi
défendu la solution à deux Etats et a accusé Israël d'être responsable
des violences. Il a aussi été le premier dirigeant palestinien à
condamner aussi clairement les violences actuelles contre les civils, y
compris israéliens: "Nous sommes contre tous les meurtres et nous
condamons tous les meurtres de tous les civils".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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