Bashar a effectué une "visite de travail" à
Moscou mardi soir au cours de laquelle il a rencontré son homologue
russe Vladimir Poutine, a annoncé mercredi le porte-parole du Kremlin,
Dmitri Peskov.
"Hier soir, le président de la république arabe syrienne Bashar al-Assad
est venu en visite de travail à Moscou", a-t-il déclaré, cité par les
agences russes, ajoutant que Bashar al-Assad s'était entretenu avec
Vladimir Poutine mais sans préciser si le président syrien était
toujours à Moscou mercredi.
C'est la première visite à l'étranger de Bashar al-Assad depuis le début de la guerre civile en 2011.
Des dizaines de milliers de Syriens poussés à l'exode
Des dizaines de milliers de Syriens ont été poussés à l'exode face aux
offensives des forces du régime appuyées par l'aviation russe, dont plus
de 500 raids ont tué en trois semaines 370 personnes, en majorité des
rebelles. Alors qu'une coalition anti-djihadistes menée par les
États-Unis mène elle aussi des raids aériens en Syrie, le Pentagone a
annoncé que Washington et Moscou avaient signé un protocole d'accord
pour éviter tout incident entre leurs aviations de combat qui opèrent
séparément dans le ciel syrien.
Revigorée par l'intervention militaire le 30 septembre de l'allié russe,
l'armée syrienne a lancé des offensives notamment dans les provinces
centrales de Homs et de Hama et dans celle d'Alep (nord), sans parvenir
jusqu'à présent à prendre le dessus sur les rebelles. Selon
l'Observatoire syrien de défense des droits de l'homme (OSDH), 100 000
personnes fuyaient mardi l'offensive de l'armée dans les provinces de
Hama, Alep et Lattaquié (ouest). Dans la province d'Alep, "environ 35
000 personnes ont été déplacées des localités de Hader et Zerbé, au
sud-ouest de la ville Alep, par les offensives gouvernementales des
derniers jours", a affirmé à l'AFP la porte-parole du Bureau de
coordination des affaires humanitaires (Ocha).
Des besoins urgents de nourriture
Selon Vanessa Huguenin, beaucoup d'entre eux ont trouvé refuge chez des
familles d'accueil ou dans des habitations sommaires plus à l'ouest dans
la province d'Alep. "Les gens ont urgemment besoin de nourriture, de
produits de base et d'abris", a-t-elle ajouté. L'armée a lancé une
offensive au sud de la ville d'Alep le 17 octobre, soutenue par les
raids russes et au sol par des combattants iraniens et du Hezbollah
libanais notamment. L'objectif est de s'emparer de secteurs situés près
de la route stratégique reliant Alep à la capitale Damas, bastion du
régime.
Selon le militant Maamoun al-Khatib, plusieurs milliers de personnes ont
fui les bombardements russes et "craignent que des miliciens iraniens
n'attaquent leurs villages". La province d'Alep est quasi entièrement
aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses
alliés islamistes, ou des djihadistes du groupe État islamique (EI). Le
régime y contrôle une route lui permettant d'approvisionner les
quartiers de la ville d'Alep sous son emprise. Selon l'Observatoire
syrien des droits de l'homme (OSDH), le régime a pris cinq villages dans
ce secteur depuis le début de l'offensive. Le quotidien Al-Watan,
proche du pouvoir, assure, lui, que l'armée s'est emparée de 16 villages
et 7 collines.
"Modification des cartes dans la région"
Selon le journal, l'opération "va modifier la carte du conflit dans
cette région en coupant les lignes de renfort des hommes armés
(rebelles) entre le sud de la province d'Alep et l'est de celle d'Idleb
et en prenant la route internationale d'Alep à Hama", plus au sud. Dans
la province de Homs, des milliers de personnes ont fui plusieurs
villages depuis le début, mi-octobre, de l'offensive de l'armée, affirme
le militant Hassan Abou Nouh, dans la localité de Talbissé. Depuis mars
2011, le conflit déclenché par la répression de manifestations
réclamant des réformes a causé la mort de plus de 250 000 personnes et
fait 4 millions de réfugiés et 7 millions de déplacés.
L'arrivée de la Russie dans le conflit l'a rendu encore plus complexe,
car si Moscou affirme frapper les extrémistes de l'EI et les "autres
terroristes", l'opposition et les pays qui la soutiennent accusent la
Russie de cibler surtout les rebelles pour aider le régime de Bashar
el-Assad. Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en trois
semaines, "370 personnes ont été tuées dans des centaines de frappes
russes, dont 243 combattants parmi lesquels 52 de l'EI, et 127 civils,
dont 36 femmes et 34 enfants".
Les bombardements russes
L'ONG a fait état de raids russes mardi sur les provinces de Homs, Idleb
(nord-ouest), Damas et Alep. Moscou a indiqué avoir bombardé 60 cibles
des groupes "terroristes" en Syrie ces 24 dernières heures. Le président
russe Vladimir Poutine a affirmé mardi que les frappes aériennes russes
en Syrie démontraient que la Russie pouvait faire face à "n'importe
quelle menace". Dans le même temps, un responsable américain a fait état
du déploiement par l'armée américaine de douze avions d'attaque au sol
A-10 sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, dans le
but de renforcer la lutte contre l'EI. De son côté, le futur Premier
ministre canadien, Justin Trudeau, a informé mardi le président
américain Barack Obama que son gouvernement allait mettre fin à ses
frappes aériennes en Irak et en Syrie contre l'EI, sans toutefois donner
de calendrier.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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