lundi 19 octobre 2015

Tunisie : Des drones américains pour protéger la Tunisie

L'attribution du prix Nobel de la paix, le 9 octobre, à ce qu'on appelle « le quartet tunisien », c'est-à-dire les quatre organisations de la société civile qui ont milité depuis l'été 2013 pour que s'apaisent les conflits entre laïques et parti religieux, a été un formidable réconfort pour ce pays. Une sorte de baume calmant sur les plaies à vif des attentats, et les blessures nées de la fuite des touristes et d'une économie qui ne parviendrait pas à surnager sans quelques aides venues de l'étranger.
Mais si les Tunisiens méritaient largement cette reconnaissance, Français et Américains s'inquiètent d'un état d'esprit un peu émollient de la part de leurs dirigeants, autorités politiques et militaires confondues. Un fatalisme sans doute oriental qui leur fait refuser de voir que le danger est vraiment à leurs portes avec la Libye. Un pays qui n'est plus un État, déstabilisé, en état d'éruption permanente et non contrôlée, en dépit des efforts des Nations unies de ramener un semblant d'entente entre les factions qui s'entre-déchirent pour le pouvoir. Et dont certaines sont proches de Daesh et d'Al-Qaïda.
Témoin, l'échec de la tentative de Bernardino León, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, qui semblait pourtant, au bout de 13 mois de négociations, être parvenu à ce que les deux principaux clans qui se disputent le pouvoir, celui des laïques de Tobrouk et celui des islamistes de Tripoli, s'entendent sur un gouvernement de coalition.


Repli possible des djihadistes vers la Jordanie, le Liban ou encore la Syrie
Si la situation de chaos perdure en Libye, l'entrée fracassante de la Russie dans le conflit syrien risque indirectement de l'aggraver. Car dans le cas – probable – où les djihadistes seraient chassés de leurs positions en Syrie ou en Irak, ils peuvent se replier vers la Jordanie ou le Liban, mais surtout vers la Libye, dont l'état de déliquescence favoriserait ce reflux. Ainsi, la ville de Sabratha, à 70 kilomètres de la frontière tunisienne, sert déjà de point de transit, à l'aller comme au retour, à un grand nombre de volontaires qui veulent aller faire le djihad dans les rangs de Daesh. De même que la région de Derna, entre mer et montagne, est devenue, selon certains spécialistes du terrorisme, une base de repli pour les combattants de Daesh, comme l'ont été pour Ben Laden et ses hommes les grottes de Tora Bora dans l'est de l'Afghanistan.
Les Américains, qui, depuis des mois, coopèrent avec les Français dans la lutte contre les bandes islamisées d'Aqmi au Sahel, ont donc souhaité rapprocher leurs moyens d'observation et éventuellement de frappe de la Libye. C'est pourquoi leurs drones Reaper, stationnés à Niamey au Niger pour compléter les moyens d'observation déployés par la France dans le cadre de l'opération Barkhane, vont être prochainement déployés en Tunisie. Ce qui laissera l'armée française dans le Sahel seule avec ses propres drones : trois Reaper également, mais qui, contrairement aux appareils américains, sont équipés pour l'observation, et pas pour l'attaque.


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