La trêve n’aura pas tenu deux heures. Elle a volé en éclats vendredi
quelques heures seulement après son entrée en vigueur, pulvérisée par un
nouveau bain de sang et le probable enlèvement d’un soldat israélien
par l’ennemi. Entrée en vigueur à 8 heures locales (7 heures en France),
elle était censée durer 72 heures, notamment pour réapprovisionner la
population durement éprouvée et lui permettre d’enterrer ses morts.
Les chances d’une trêve durable semblent désormais plus éloignées que
jamais : la capture d’un soldat israélien est le casus belli par
excellence pour Israël. Et du côté palestinien, au moins 27 personnes
ont été tuées par des tirs d’artillerie israéliens près de Rafah, dans
le sud de la bande de Gaza, ont indiqué les secours locaux.
Israël et le Hamas se sont renvoyé la responsabilité du nouvel échec
de cette trêve, la première pourtant que les deux camps avaient acceptée
depuis le début des hostilités le 8 juillet. Selon l’armée israélienne,
des soldats engagés dans la destruction d’un tunnel du Hamas près de
Rafah ont été attaqués par des "terroristes" sortis de terre. Un
kamikaze s’est fait sauter, a rapporté le porte-parole de l’armée, Peter
Lerner, ajoutant que les premiers éléments "indiquent qu’un soldat a
été enlevé" dans l’affrontement.
Dans la foulée et une grande partie de la journée, le secteur de
Rafah a été soumis à d’intenses bombardements qui ont tué au moins 27
personnes. La plus grande confusion y régnait, les secours s’employant
comme ils pouvaient à essayer de récupérer les blessés et les morts, ont
indiqué des correspondants de l’AFP.
L’armée israélienne a prévenu les habitants qu’ils devaient rester
chez eux en appelant leurs portables, selon un mode opératoire éprouvé.
"L’armée poursuit des éléments terroristes à Rafah", dit le message,
laissant entendre des opérations au sol, peut-être pour tenter de
retrouver le soldat sans doute enlevé.
La capture d’un de ses soldats est une ligne rouge pour Israël. Le
rapt en juin 2006 du soldat franco-israélien Gilad Shalit avait
déclenché cinq mois d’opérations militaires dans la bande de Gaza. Le
soldat Shalit avait été libéré en octobre 2011 en échange d’un millier
de prisonniers palestiniens.
Interrogé sur le fait que la trêve était terminée, le porte-parole de
l’armée israélienne a répondu par l’affirmative peu avant 14 heures
locales. Pour le porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhum, "c’est
l’occupation (Israël) qui a violé le cessez-le-feu". "La résistance
palestinienne a agi au nom de son droit à l’autodéfense pour arrêter les
massacres de notre peuple", a-t-il ajouté. Selon un responsable du
Hamas au Caire, son organisation n’a pas mené d’opération après le début
du cessez-le-feu.
Des négociations étaient censées s’engager vendredi au Caire pour que
le cessez-le-feu puisse durer plus longtemps que les précédentes
trêves, unilatérales, dans un conflit dévastateur qui, en 25 jours, a
coûté la vie à environ 1 500 Palestiniens, en grande majorité civils,
ainsi qu’à 63 soldats et 3 civils côté israélien. L’Égypte a informé les
responsables palestiniens qu’elle repoussait les négociations après
qu’Israël l’eut informée de la capture d’un de ses soldats, a indiqué un
responsable du Djihad islamique, organisation qui devait prendre part à
cet effort de négociation.
Dans un communiqué, le coordinateur spécial pour le Moyen-Orient à
l’ONU Robert Serry s’est dit "profondément inquiet des conséquences
graves sur le terrain qui pourraient résulter" de l’enlèvement s’il est
confirmé.
Avant même d’entrer en vigueur, le cessez-le-feu avait été précédé
pendant deux heures par des bombardements intenses et des tirs de
roquette, ont constaté les journalistes de l’AFP dans la ville de Gaza.
Dans le secteur de Khan Younès (sud), quatorze Palestiniens ont été tués
dans la nuit, selon les secours. L’armée israélienne avait annoncé la
mort de cinq soldats tués jeudi soir par des tirs d’obus palestiniens du
côté israélien de la frontière.
La guerre déclenchée le 8 juillet par des frappes aériennes
israéliennes vise à faire cesser les tirs de roquette du Hamas et de ses
alliés du Djihad islamique et les attaques menées en Israël par des
commandos infiltrés par des tunnels. Depuis le début des opérations, le
Hamas a tiré au moins 2 968 roquettes sur Israël, selon l’armée
israélienne. Le 17 juillet, l’opération Bordure protectrice est passée à
sa phase terrestre, l’armée pénétrant dans l’enclave palestinienne dont
elle s’était unilatéralement retirée en 2005.
La population de Gaza, prise au piège des bombardements, est "au bord
de la rupture", selon l’Agence onusienne pour l’aide aux réfugiés
palestiniens (UNRWA), qui accueille 230 000 réfugiés dans des conditions
de précarité extrêmes dans 85 centres à Gaza. Le cessez-le-feu était
donc "très important pour donner aux civils innocents un répit dont ils
ont bien besoin face à la violence", acheminer l’aide humanitaire,
enterrer les morts et reconstituer des stocks, avait indiqué le
secrétaire d’État américain John Kerry en annonçant la trêve lors d’un
déplacement à New Delhi.
Cette guerre est au moins aussi meurtrière que Plomb Durci
(2008-2009), qui était déjà censée mettre un terme aux tirs de roquette
du Hamas. Les pertes de l’armée israélienne, elles, sont les plus
lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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