samedi 30 août 2014

Bahreïn : Le prince du Bahreïn n’est pas le bienvenu en France selon des OGN

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ne voient pas d’un bon oeil la venue en France du prince du Bahreïn. Cavalier de renom, le cheikh Nasser Ben Hamad Al-Khalifa participe aux Jeux équestres mondiaux qui ont lieu en ce moment à Sartilly (Manche) et se tiennent jusqu’au 7 septembre. Une participation qui fait grincer des dents les défenseurs des droits de l’homme, rapporte Le Monde.
Le quatrième fils du roi du Bahreïn, Hamed ben Issa Al-Khalifa, est en effet accusé d’avoir ordonné, voire pratiqué lui-même, des actes de torture sur des opposants politiques lors de la révolte survenue dans le pays en 2011, dans le sillage du Printemps arabe. Certaines ONG, à l’image d’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), considèrent ainsi la présence du prince du Bahreïn dans l’Hexagone comme une provocation.

C’est "un véritable pied de nez fait aux victimes, avec la complicité passive de la France". "En faisant participer le prince Nasser aux Jeux équestres mondiaux, les autorités bahreïnies montrent qu’elles considèrent comme acquise l’impunité des tortionnaires, notamment au plus haut niveau du royaume", dénonce l’association dans un communiqué.

Selon Paris Match, au moins trois des treize dissidents arrêtés entre le 17 mars et le 9 avril 2011, puis condamnés à des peines allant de deux ans de prison à la détention à perpétuité, assurent avoir directement été maltraités par le jeune homme âgé aujourd’hui de 27 ans.

Mohammad Habib al Miqdad, célèbre militant suédois, Mohammad Hassan Jawwad et Abdullah al Mahroos "présentent [tous trois] des séquelles, et leurs récits sont concordants", indique Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l’Acat.

Le Bahrain Center for Human Rights (BCHR) rapporte le témoignage de Mohammad Habib al Miqdad, qui a raconté s’être fait violemment frapper par le prince aidé de plusieurs geôliers. Le Cheikh l’interrogeait alors sur les slogans que l’opposant entonnait un jour de manifestation. De son côté, Abdullah al Mahroos relate entre autres que le prince l’a forcé à ouvrir la bouche pour lui cracher dedans. Mohammad Hassan Jawwad explique pour sa part avoir été frappé avec un tuyau sur la tête.

D’autres ONG vont même plus loin, demandant l’arrestation de Nasser Ben Hamad Al-Khalifa sur le sol français. "En France, il ne peut bénéficier d’aucune immunité", a estimé jeudi sur France Info Patrick Baudouin, le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
"Il est ici pour un séjour privé en tant que participant aux épreuves des Jeux équestres mondiaux [...]. La justice française est parfaitement compétente pour le poursuivre puisqu’elle a ratifié une convention contre la torture, qui fait obligation aux autorités de poursuivre, arrêter et juger si nécessaire toute personne se trouvant sur son territoire et soupçonnée d’avoir accompli des actes de torture, quel que soit le pays où ces actes ont été accomplis, quelle que soit la nationalité de l’auteur et de la victime", a poursuivi Patrick Baudouin.

"Nous avons attiré l’attention des autorités politiques et judiciaires françaises pour leur demander de remplir leurs obligations et, au minimum, d’interpeller et d’interroger le prince sur les actes qui lui sont reprochés", a-t-il conclu.

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