mercredi 9 septembre 2015

Syrie: La Bulgarie interdit le passage d'avions russes, Moscou veut des explications

La Bulgarie a annoncé mardi avoir refusé à des avions russes de traverser son espace aérien la semaine dernière, sur fond de craintes des pays de l'Otan d'un appui militaire croissant de Moscou au régime de Damas.
"Les avions étaient censés transporter de l'aide humanitaire, mais nous avions des informations dignes de confiance selon lesquelles le chargement déclaré n'était pas celui qu'il y avait en réalité" à leur bord, a dit à l'AFP la porte-parole du ministère bulgare des Affaires étrangères, dit .
Cette décision, que la Bulgarie dit avoir prise de façon indépendante, fait suite à des informations lundi selon lesquelles les Etats-Unis ont demandé à la Grèce de ne pas autoriser les avions russes effectuant des livraisons en Syrie à emprunter son espace aérien.
La diplomatie russe a réclamé dans la foulée des explications à Sofia et à Athènes.
"Si quelqu'un, et dans ce cas il s'agit de nos partenaires grecs et bulgares, a des doutes, alors bien entendu il doit nous expliquer quel est le problème", a déclaré mardi soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence de presse russe Interfax.
"S'il est avéré qu'ils prennent des mesures restrictives ou d'interdiction à la demande des Américains, alors cela soulève des questions sur leur droit souverain à prendre des décisions sur le passage par leur espace aérien d'avions d'autres pays, comme la Russie", a noté M. Bodganov.
Plus tôt, Vladimir Djabarov, vice-président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement), s'en était pris à la Bulgarie.
"Le fait que les Bulgares ont été les premiers à répondre (à la demande de Washington, ndlr), ils l'auront sur leur conscience", avait-il déclaré, cité par l'agence de presse officielle Tass.
Il a affirmé que la Russie n'envoyait en Syrie que des "chargements humanitaires", estimant qu'il n'"était pas rentable de transporter des armes par avion".
A Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est déclaré "inquiet des informations selon lesquelles la Russie pourrait avoir déployé du personnel militaire et des avions en Syrie", dans un échange de vues organisé mardi sur sa page Facebook, en réponse à une question de l'AFP.
Il a mis en garde contre tout soutien au régime de Bashar al-Assad, propre selon lui à provoquer une escalade du conflit.
Samedi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part de l'"inquiétude des Etats-Unis" quant à un éventuel engagement militaire de Moscou en Syrie.
M. Lavrov avait souligné au cours de cet entretien que "la partie russe n'avait jamais caché livrer des équipements militaires aux autorités syriennes pour lutter contre le terrorisme", selon la diplomatie russe.
La Bulgarie n'a pas précisé combien d'avions russes s'étaient vu interdire en fin de semaine dernière de passer par son espace aérien.
Côté grec, une source au ministère des Affaires étrangères avait déclaré lundi qu'Athènes avait reçu une demande des Etats-Unis en ce sens et étudiait actuellement cette requête.
Mardi soir, un porte-parole du gouvernement grec a précisé que la Russie avait envoyé une demande de survol il y a 25 jours.
"Le gouvernement a commencé à étudier cette demande, mais entretemps la Russie a décidé d?elle-même d?emprunter un autre itinéraire", a-t-il indiqué à l'AFP.
M. Djabarov a rappelé mardi que la majeure partie des avions russes en direction de la Syrie passaient par le Caucase et l'Iran.

(08-09-2015)

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