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mercredi 9 septembre 2015
Liban : Les Libanais de nouveau dans la rue, la classe politique discute de la crise (Assawra)
Les Libanais ont de nouveau commencé à manifester mercredi à Beyrouth pour exprimer leur ras-le-bol de la classe politique qui, sous la pression de la rue, se réunit pour tenter de trouver une issue à la paralysie de l'Etat.
Déclenché par la "crise des déchets" qui dure depuis près de deux mois, le mouvement de protestation inédit de la société civile a appelé à deux rassemblements, en matinée et dans l'après-midi, dans le centre de Beyrouth placé sous haute surveillance.
Une poignée de manifestants ont jeté des oeufs sur les convois de responsables politiques en route vers le Parlement. "Voleurs, voleurs, dehors!", ont-ils scandé.
Des centaines de policiers se sont déployés autour du Parlement, dont les entrées étaient fermées avec des barrières en métal surmontées de barbelés, a constaté une journaliste de l'AFP
Le Parlement doit accueillir à la mi-journée la réunion de "dialogue national" des chefs et représentants des principaux partis politiques.
Ce "dialogue" a été appelé à la fin août par Nabih Berri, le président du Parlement, pour un débat sur le blocage politique sévissant depuis plus d'un an entre les deux grands blocs rivaux.
Peu avant cette réunion, le Premier ministre Tammam Salam a déclaré espérer "que les participants parviennent à une sortie de crise". Il a également convoqué une réunion extraordinaire du Conseil des ministres à 17H00 (14H00 GMT) pour discuter du problème des déchets.
"C'était un pays...c'est devenu une poubelle! Nous devons tous descendre en masse mercredi pour continuer de mettre pression sur tous les corrompus!" a écrit sur sa page Facebook la campagne "Vous puez", qui a lancé le mouvement.
Elle a maintenu la mobilisation malgré la tempête de sable qui rend l'air difficilement respirable depuis lundi au Liban et dans les pays voisins.
Le mouvement de colère a été provoqué par l'accumulation de déchets dans les rues après la fermeture de la principale décharge du pays le 17 juillet.
A plusieurs reprises, des milliers de Libanais de toutes confessions et horizons politiques sont descendus dans la rue à Beyrouth, un fait inédit dans un pays plus habitué aux rassemblements à caractère politique et confessionnel et où la société est très polarisée politiquement.
Mais la contestation sociale a rapidement pris des accents politiques dans un pays où le Parlement, en l'absence d'élections législatives depuis 2009, a prorogé son propre mandat à deux reprises et n'est pas parvenu à élire un président de la République même après 28 tentatives.
Ce dernier point sera l'un des principaux sujets de discussion de la réunion du "dialogue".
La scène politique est divisée entre un bloc mené par le Hezbollah chiite libanais --allié du régime syrien et soutenu par l'Iran-- et celui de l'ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri, appuyé par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite. Leurs divisions ont été exacerbées par la guerre en Syrie voisine.
Le gouvernement actuel, formé il y a 18 mois sous le slogan de "l'entente nationale", réunit ces deux camps qui s'accusent mutuellement d'être à l'origine de la crise actuelle.
Les militants, eux, renvoient dos à dos les deux blocs, leur reprochant d'être inféodés à des puissances étrangères et de se partager entre eux les ressources du pays.
Une poignée de campagnes citoyennes ont vu le jour depuis la crise des déchets, "Vous puez" en tête, mais aussi "Nous demandons des comptes", "le tribunal du peuple", "Dégagez" ou encore "le mouvement du 29 août", né le jour du plus grand rassemblement depuis le début de la mobilisation, avec quelques dizaines de milliers dans le coeur de la capitale.
Plusieurs hommes politiques participant au "dialogue" ont d'ores et déjà exprimé leur pessimisme quant à ses résultats.
"Ce gouvernement n'est pas capable de répondre aux demandes des Libanais", a affirmé Sami Gemayel, chef des Kataëb (Phalanges, chrétien), qui fait partie de la coalition menée par M. Hariri.
L'agitation au Liban inquiète la communauté internationale. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi insisté, mardi au téléphone, auprès du Premier ministre Tammam Salam sur "la nécessité pour le Parlement de se réunir pour élire un président le plus tôt possible".
(09-09-2015 - Assawra)
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