Les émissaires du dictateur Bashar al-Assad et les rebelles syriens
tiennent lundi à Astana leur premier round de négociations depuis le
début de la guerre en Syrie, qui devrait se concentrer sur la
consolidation d'un fragile cessez-le-feu.
Les membres des différentes délégations sont arrivés dans la journée de
dimanche dans la capitale kazakhe pour des négociations qui doivent
rassembler pour la première fois le régime de Damas et des combattants
rebelles, les opposants politiques restant cette fois cantonnés à un
rôle de conseillers.
Si les deux camps ont parlé pendant des semaines d'un format direct de
négociations, certains responsables rebelles ne semblaient pas encore
prêts à des discussions en face à face avec le régime, quelques heures
avant l'ouverture des négociations.
"Le format des pourparlers est encore en discussion. Nous verrons ce qui
a été décidé lorsque les négociations auront commencé" à 08H00 GMT, a
indiqué lundi à la presse le vice-ministre des Affaires étrangères
kazakh, Roman Vassilenko.
Les groupes rebelles, appuyés par la Turquie, ainsi que le régime,
soutenu par la Russie et l'Iran, ont tous deux assuré que les
discussions seraient avant tout centrées sur le renforcement de la trêve
entrée en vigueur le 30 décembre, et qui tient vaille que vaille malgré
des violations régulières.
"Il s'agit de davantage que de (pérenniser) le cessez-le-feu. Il s'agit
de mettre en place des mécanismes de surveillance et de responsabilité"
en cas de violations, a expliqué à l'AFP un porte-parole des rebelles,
Ossama Abou Zeid.
Un autre porte-parole rebelle, Iehia al-Aridi, a précisé que l'objectif
était également d'améliorer l'accès à l'aide humanitaire dans les villes
assiégées. "Ce serait une base forte qui pourra être poursuivie à
Genève", a-t-il indiqué.
Les négociations d'Astana doivent poser les bases d'un règlement à même
d'être approfondies lors de prochaines discussions de paix sous l'égide
de l'ONU à Genève le 8 février.
L'objectif pour le régime est aussi de faire avancer une solution
politique "globale" après près de six ans de guerre. Le président syrien
a ainsi appelé les rebelles à livrer leurs armes en échange d'une
amnistie, à l'image des accords de "réconciliation" qui se traduisent
par l'évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements
et des sièges des villes par les forces gouvernementales.
La délégation des rebelles, à l'origine composée de huit membres, a été
élargie à un total de 14 représentants auxquels s'ajoutent 21
conseillers, selon une source proche de l'opposition.
Le chef de la délégation, Mohammad Allouche, qui est un responsable du
groupe Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam), est arrivé à Astana en
compagnie d'une dizaine de chefs combattants dont Fares Bouyouch de
l'Armée d'Idleb, Hassan Ibrahim du Front du Sud et Mamoun Hajj Moussa du
groupe Suqour al-Cham.
"Nous sommes ici pour réaliser les demandes du peuple syrien. Il ne
s'agit pas d'un remplacement du processus de Genève. Si nous ne croyions
pas en une solution politique, nous ne serions pas venus à Astana", a
déclaré à l'AFP Fares Bouyouch.
Bachar Jaafari, qui mène la délégation du régime composée de dix
émissaires, a pour sa part indiqué que les pourparlers devaient
également servir à distancier les rebelles considérés comme "modérés"
des jihadistes de l'organisation Etat islamique et du front Fateh
al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie), selon l'agence
officielle syrienne SANA.
Ces discussions, qui doivent durer plusieurs jours à l'hôtel Rixos
d'Astana, interviennent alors que Bashar est en position de
force après sa victoire hautement symbolique à Alep, deuxième ville de
Syrie totalement reprise aux rebelles avec l'aide de l'aviation russe et
des milices iraniennes.
Les deux délégations devront prendre place aux côtés de l'émissaire des
Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura. Ce dernier a salué
dimanche les pourparlers comme une "bonne initiative", selon des propos
rapportés par les agences russes.
Les Occidentaux auront, eux, une présence a minima: les États-Unis, la
France et la Grande-Bretagne seront représentés par leurs ambassadeurs.
L'Union européenne sera également représentée.
Jusqu'à présent, les pourparlers, notamment Genève I et II, ont tous
échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts
depuis 2011.
"Il ne peut pas y avoir de raccourci pour mettre fin à la guerre en
Syrie. Une transition réelle passe d'abord par le renforcement de la
confiance sur le terrain", a expliqué à l'AFP un diplomate occidental.
(23-01-2017)
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