mardi 31 janvier 2017

Israël/Palestine : 3 à 5 ans de prison requis contre le soldat franco-israélien Elor Azaria qui a achevé un assaillant palestinien

 Le soldat franco-israélien Elor Azaria, le 31 janvier 2017 au tribunal militaire de Tel-Aviv (Afp) 

Un procureur militaire israélien a requis mardi entre trois et cinq ans de prison à l'encontre d'Elor Azaria, un soldat franco-israélien reconnu coupable d'avoir achevé un assaillant palestinien blessé et au sol en Cisjordanie occupée.
"Nous estimons que la peine appropriée pour l'accusé ne doit pas être inférieure à trois ans et ne pas dépasser les cinq ans", a affirmé le procureur militaire Nadav Weisman lors de l'audience à Tel-Aviv, selon un journaliste de l'AFP.
Après plusieurs mois d'un procès qui a déchaîné les passions, Elor Azaria avait été reconnu coupable d'homicide volontaire le 4 janvier. La présidente de la cour avait son souligné que son tir avait tué le Palestinien, mort "inutilement".
Premier soldat israélien condamné pour homicide volontaire depuis 2005 selon la presse, il encourait jusqu'à vingt ans de prison.
Le soldat, membre d'une unité paramédicale, avait été filmé le 24 mars 2016 par un militant propalestinien de l'ONG israélienne B'Tselem alors qu'il tirait une balle dans la tête d'Abdel Fattah al-Sharif à Hébron, en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël.
Le Palestinien venait d'attaquer des soldats au couteau. Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors d'état de nuire.
Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël étaient alors en proie à une vague de violences quasi-quotidiennes.
"Il a agi délibérément, il a utilisé son arme militaire pour punir, il a tué une personne, même s'il s'agissait d'un terroriste", a estimé le procureur.
Auparavant le commandant de l'unité dans laquelle servait Elor Azaria, le colonel Gay Hazut avait lui aussi estimé qu'il avait "commis quelque chose de grave et qu'il devait être puni". "Mais, avait ajouté cet officier, je ne pense pas qu'il doive passer 20 ans ou même 10 ans en prison".
Elor Azaria a plaidé non-coupable. Il pensait que le Palestinien dissimulait sous ses vêtements une ceinture d'explosifs, ont plaidé ses avocats. Mais le tribunal n'a pas retenu cet argument.
Le procureur a également demandé que le sergent Elor Azaria soit rétrogradé comme simple soldat et que les neuf mois qu'il a passés confiné dans une base militaire depuis le début de son procès ne soient pas déductibles de la peine qui lui sera infligée.
Avant même de connaître la sentence, de multiples appels à gracier Elor Azaria ont été lancés par des personnalités politiques, à commencer par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Sur sa page Facebook, M. Netanyahu, s'était déclaré "favorable à ce qu'Elor Azaria bénéficie d'une mesure de grâce".
Avigdor Lieberman, qui avait soutenu le soldat avant de devenir ministre de la Défense, avait affirmé ne pas aimer le jugement, mais appelé à le respecter et "à cesser de s'en prendre" à l'armée.
Le président Reuven Rivlin a en revanche jugé prématurée toute discussion sur une grâce, la demande ne pouvant être faite que par le soldat, son avocat ou sa famille proche, une fois tous les recours juridiques épuisés.
L'affaire a mis à l'épreuve l'incontournable institution qu'est l'armée, dont l'état-major, bravant la réprobation d'une grande partie de la droite dominante, a poussé à ce qu'Elor Azaria soit jugé au nom des règles éthiques militaires.
Mais l'armée a dû s'employer à faire taire une bruyante campagne de la droite israélienne selon laquelle les soldats pourraient être victimes d'un "effet Azaria" et tarder à tirer en cas d'attentat sur leurs agresseurs palestiniens de peur de se retrouver poursuivis.
L'affaire a profondément divisé l'opinion publique israélienne, entre ceux qui défendent le procès au nom du respect nécessaire de valeurs éthiques par l'armée et ceux qui sont en faveur d'un soutien sans faille aux soldats confrontés aux attaques "terroristes" palestiniennes.

(31-01-2017)

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