Policiers en quad sur les plages et portiques à l'entrée des hôtels: un
an après le massacre de 38 touristes près de Sousse, la Tunisie met
l'accent sur le renforcement de la sécurité pour tenter de regagner la
confiance des vacanciers qui ont déserté le pays.
"Avant, nous vendions le soleil et les plages. Aujourd'hui, nous vendons
le soleil, les plages et la sécurité", dit à l'AFP Anis Souissi,
directeur commercial de l'hôtel Le Royal à Yasmine-Hammamet, station
balnéaire au sud de Tunis.
Le 26 juin 2015, un Tunisien armé d'une kalachnikov débarquait sur une
plage et dans un hôtel de Port El Kantaoui (centre-est), près de Sousse,
et ouvrait le feu sur les estivants étrangers avant d'être abattu par
la police.
L'attentat, revendiqué par l'organisation extrémiste Daesh, celle qui ose se déclarer Etat islamique
(EI) alors qu'ils n'ont rien d'islamique, survenait trois mois après celui du musée du Bardo à Tunis (21
touristes et un policier tués).
Un choc pour la Tunisie et un coup très dur pour le tourisme, déjà affecté par l'instabilité ayant suivi la révolution de 2011.
Un an plus tard, les chiffres sont calamiteux: au premier trimestre
2016, les recettes ont chuté de 51,7% par rapport à la même période de
2015. L'an dernier le nombre de touristes européens avait déjà plongé de
65,8% par rapport à 2010, année de référence pour le secteur.
Après les attentats, les autorités ont annoncé le renforcement de la sécurité dans les aéroports et les zones touristiques.
Cette année, 1.500 agents supplémentaires de la police touristique ont
été déployés selon le ministère de l'Intérieur, contre un millier l'an
dernier, et 70 postes de police "mobiles" installés sur des plages.
"La sécurité est notre priorité", a déclaré fin mai à l'AFP la ministre
du Tourisme Selma Elloumi. "Il ne peut pas y avoir de reprise sans
sécurité", a-t-elle ajouté, assurant que celle-ci, jugée défaillante
lors des attaques de 2015, s'était améliorée.
Après l'attentat de Sousse, le chef du gouvernement Habib Essid avait reconnu que la police avait été trop lente à intervenir.
Aujourd'hui, alors que débute la haute saison et que le pays est
toujours sous état d'urgence, des policiers en uniforme ou en civil
sillonnent les plages de l'île de Djerba (sud) et de Yasmine-Hammamet en
quad, à cheval ou à pied.
"Toute personne qui nous semble suspecte, même s'il s'agit d'un
vacancier, nous lui demandons ses papiers", affirme à l'AFP un policier,
en rappelant que l'assaillant de Sousse avait caché son arme dans un
parasol.
Après cette attaque, les autorités ont obligé les hôtels à prévoir leurs
propres installations de sécurité, insistant sur la nécessité de
partager la surveillance.
Anis Chemli, le directeur de l'hôtel Iberostar à Djerba, s'est plié aux
nouvelles directives même si "c'est un fardeau financier
supplémentaire".
"Avant l'attaque de Sousse, nous travaillions avec huit gardiens et 16
caméras de surveillance. Aujourd'hui, nous avons 16 gardiens équipés de
talkies-walkies et 64 caméras dont chacune a coûté 2.000 dinars (plus de
800 euros), ainsi que quatre chiens et un portique de sécurité acheté
9.000 dinars (environ 3.700 euros). Nous attendons aussi la livraison
d'un scanner pour les bagages", payé 26.600 euros, précise-t-il.
Selon M. Chemli, les hôtels de la zone touristique de Djerba-Zarzis se
sont cotisés pour acheter huit quads aux forces de l'ordre afin qu'elles
puissent patrouiller sur les plages.
Anis Souissi, de l'hôtel Le Royal à Hammamet, affirme qu'un tiers des
nouveaux investissements en 2015 a été consacré à la sécurité, "devenue
un argument de vente".
C'est vrai aussi pour les campagnes de promotion à l'étranger, explique
Abdellatif Hamam, directeur général de l'Office national du tourisme
tunisien (ONTT).
"Nous invitons des journalistes, des tour-opérateurs et agences de
voyage afin qu'ils voient par eux-mêmes (...) les mesures" adoptées,
signale-t-il à l'AFP.
Mais la sécurité ne devrait constituer qu'"une partie du message", juge
le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH),
Radhouane Ben Salah. Axer les campagnes sur cet aspect au détriment de
ce que peut offrir le pays en matière de tourisme (nature, culture...)
pourrait être "contre-productif", plaide-t-il.
Même si certains pays d'Europe comme la Grande-Bretagne --dont 30
ressortissants sont morts à Sousse-- continuent de déconseiller la
destination, M. Hamam se montre optimiste: "nos efforts commencent à
porter leurs fruits. (...) 60 hôtels sur les 100 qui avaient fermé
(après l'attentat de Sousse) ont rouvert".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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