vendredi 3 juin 2016

Algérie : Bouteflika veut faire condamner le journal français "Le Monde" (Idriss Elram)

Le procès Bouteflika-Le Monde commence le 3 juin prochain au tribunal correctionnel de Paris. Le premier du genre qui oppose la présidence de la République algérienne à un quotidien étranger, français, Le Monde.
Une photo du président algérien avait été imprimée en une du quotidien dans son édition du 5 avril 2016 après la révélation du scandale des Panama Papers relative à l'argent caché des chefs d'État et autres personnalités du monde entier. Les responsables à la présidence de la République algérienne ont reproché aux concepteurs du journal le fait d'avoir utilisé la photo du président Bouteflika alors que dans l'article inhérent aux révélations des Panama Papers, réservé aux responsables algériens, le nom de Bouteflika n'est pas cité. Dès le lendemain de la publication de la photo du dirigeant algérien, le journal Le Monde évoquait en guise d'excuse une utilisation malencontreuse de la photo du président Abdelaziz Bouteflika pour illustrer le scandale des Panama Papers. Le journal avait précisé le lendemain que le nom du chef de l'État algérien n'apparaissait pas dans les révélations sur cette affaire de fraude fiscale à dimension internationale. "Ce sont des proches du chef de l'État qui sont soupçonnés d'avoir détourné une partie des ressources du pays", précisait-il.
Trop tard. Les autorités algériennes ne décolèrent pas et portent plainte. Première réaction : lors de la visite du Premier ministre Manuel Valls en Algérie, le 11 avril, des journalistes du quotidien s'étaient vu refuser un visa pour se rendre dans le pays. Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, avait indiqué que cette décision avait été prise parce qu'"un journal respecté et respectable a porté atteinte à l'honneur et au prestige" du président algérien Abdelaziz Bouteflika "de manière gratuite". Deuxième réaction : les avocats du président ont réclamé, au titre de l'action publique, la publication du jugement en une du journal plus une indemnisation de 10 000 euros pour le préjudice moral porté à l'image du chef de l'État. Les deux avocats du président Bouteflika auraient également réclamé « une condamnation du directeur du Monde à un euro symbolique pour diffamation en plus de la publication de la décision de justice en première page du journal ».
En revanche, le scandale des Panama Papers révèle pour l'Algérie plusieurs noms de responsables proches de Bouteflika mis en cause, à l'instar de Chakib Khalil et de l'influent ministre de l'Industrie algérien Abdesselam Bouchouareb. Selon les révélations du quotidien français Le Monde, Abdeslam Bouchouareb, en poste depuis mai 2014, a détenu une société établie au Panama, Royal Arrival Corp, créée en avril 2015 à travers les services d'une société de domiciliation d'entreprises offshore. Elle avait pour mission "la gestion d'un portefeuille de valeurs immobilières d'un montant de 700 000 euros, détenu actuellement à titre personnel" par le ministre. La société a été créée "à l'initiative" de la Compagnie d'études et de conseil (CEC) "pour gérer son patrimoine privé, mais n'a jamais été active" et "ne possède aucun compte bancaire", a affirmé le CEC cité par l'agence APS.

(03-06-2016 - Idriss Elram)

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