Moscou a annoncé l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu de 48 heures
dans la ville syrienne d'Alep (nord), quelques heures après la mise en
garde de Washington envers le dictateur syrien Bashar al-Assad et son
allié russe sur le respect de la cessation des hostilités.
"A l'initiative de la Russie, un +régime de silence+ est entré en
vigueur à Alep pour 48 heures le 16 juin à 00H01 (21H00 GMT mercredi)
afin de réduire le niveau de violence armée et stabiliser la situation",
a déclaré mercredi soir le ministère russe de la Défense dans un
communiqué.
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie américaine John Kerry
avait haussé le ton contre Damas et son allié russe, au moment où les
combats redoublent de violence dans le nord de la Syrie.
"Il est manifeste que la cessation des hostilités est fragile et
menacée, et qu'il est crucial d'instaurer une vraie trêve", avait-il
déclaré à Oslo, en référence à une trêve instaurée à l'initiative de
Moscou et Washington le 27 février -- dont les groupes jihadistes sont
exclus -- mais qui est régulièrement violée depuis avril.
"La Russie doit comprendre que notre patience n'est pas infinie. En
fait, elle est même très limitée quant au fait de savoir si Assad va ou
non être mis devant ses responsabilités" et faire taire les armes sous
la pression de la Russie, a ajouté le secrétaire d'Etat.
Les États-Unis sont "aussi prêts à demander des comptes aux (groupes
armés) membres de l'opposition" soupçonnés d'exactions ou qui
"continuent les combats en violation du cessez-le-feu", a poursuivi John
Kerry.
La Russie et les Etats-Unis sont les parrains d'un processus
diplomatique et politique pour la Syrie mais qui est au point mort,
après plus de cinq années de guerre qui a fait 280.000 morts et des
millions de réfugiés.
A Washington, le porte-parole du département d'Etat John Kirby a
souligné que le ministre John Kerry avait exprimé de la "frustration" et
il a une nouvelle fois averti que les Etats-Unis "examinaient
activement les options à (leur) disposition". Sans dévoiler le moindre
détail concret.
Sur le terrain, les combats continuent.
Au moins 70 combattants ont été tués en 24 heures dans des affrontements
entre forces du régime et rebelles alliés à des jihadistes au sud
d'Alep (nord), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
Les forces prorégime, appuyées par des raids de l'armée de l'air
syrienne et de l'aviation russe, sont parvenues à reprendre Zeitan et
Khalassa, deux villages qu'elles avaient perdus quelques heures plus tôt
au sud-ouest d'Alep, selon l'Observatoire.
Au nord d'Alep, le régime a pilonné le principal axe de ravitaillement
des rebelles et la région d'Al-Maleh, selon l'OSDH. "La course de
vitesse pour encercler Alep est en cours", a souligné le directeur de
l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en référence à cette grande ville divisée
entre secteurs gouvernementaux et rebelles.
Un hôpital soutenu par Médecins du Monde a été détruit mardi par un
bombardement dans les quartiers rebelles, dans l'est d'Alep, sans faire
de victimes, a affirmé cette ONG.
Sur le plan humanitaire, une cinquantaine d'organisations syriennes
d'opposition ont affirmé que l'action de l'ONU en Syrie "viole les
principes humanitaires et risque d'attiser le conflit".
Dans un rapport très critique, elles accusent l'ONU d'avoir "perdu de
vue les valeurs humanitaires vitales d'impartialité, d'indépendance et
de neutralité". Selon ce rapport, en avril, 88% des livraisons de
nourriture l'ont été à des régions contrôlées par le régime et 12% dans
des secteurs hors de son contrôle.
Des centaines de milliers de civils se trouvent dans des localités
assiégées, dans la plupart des cas par les forces gouvernementales, sans
accès à des vivres ni à une aide médicale.
"Nous n'aidons pas les Syriens selon le lieu où ils se trouvent mais
selon leurs besoins", a répliqué le coordinateur humanitaire de l'ONU en
Syrie, Yaacoub al-Helou. "Ce serait une mission suicide pour les
travailleurs humanitaires de charger un convoi d'aide sans
autorisation", a-t-il insisté.
En cinq ans de guerre, la Syrie est devenue un territoire morcelé où
combattent forces du régime, groupes rebelles, jihadistes et Kurdes.
Sans compter l'implication de forces étrangères comme des pays
occidentaux membres de la coalition internationale anti-jihadistes.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a "condamné fermement la
présence de forces spéciales françaises et allemandes dans les régions
d'Ain Arab (Kobane en kurde) et Minbej", dans le nord du pays.
Paris a récemment reconnu que des forces spéciales avaient été déployées
en Syrie pour conseiller des combattants arabo-kurdes des Forces
démocratiques syriennes (FDS) engagés contre le groupe Daesh autoproclamé Etat islamique
(EI).
En revanche, le ministère allemand de la Défense a démenti: "Nous n'avons pas de forces spéciales impliquées en Syrie".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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